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PLUTARQUE

II

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On faisait un jour, devant Caton l'ancien, l'éloge d'un homme qui se laissait emporter, dans les batailles, ă une témérité et à une audace inconsidérée. « Il est bien différent, dit Caton, d'estimer beaucoup la vertu, ou de faire peu de cas de la vie. » C'était un mot fort sensé. Il y avait, par exemple, dans l'armée d'Antigonus, un soldat que rien n'arrêtait; mais c'était un homme d'une complexion faible, et d'une santé délabrée. Le roi lui demanda un jour pourquoi il était si pâle; et le soldat avoua qu'il souffrait d'une maladie secrète. Le roi donna à ses médecins les ordres les plus pressants de mettre en œuvre tout leur art, et, s'il y avait des remèdes efficaces, de n'en négliger aucun. Or, quand notre brave fut guéri, il ne chercha plus le danger, et on ne le vit plus se précipiter dans la mêlée; ce qui fit qu'Antigonus l'appela, et lui exprima sa surprise d'un tel changement. L'homme alors lui répondit avec franchise: «O roi! c'est toi-même qui m'as rendu moins brave, en me délivrant des maux qui me faisaient mépriser la vie'. » C'est encore

1 Ceci rappelle l'anecdote du soldat de Lucullus, si bien contée par Horace.

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