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quent, point de science, point de philosophie.

Les principes ne suffisent pas aux besoins de l'esprit. On peut savoir que le mouvement réel de la terre est le principe des mouvemens apparens des corps célestes, et être très-ignorant en astronomie. On peut répéter, d'après quelques écrivains, que l'intérêt personnel est le principe de la morale, ou croire, avec le plus grand nombre, que la morale a son principe dans un sentiment opposé à l'intérêt personnel, et n'avoir qu'une connaissance très-imparfaite des devoirs envers Dieu, envers les hommes, envers soi-même.

Ces deux questions, l'origine et la génération des idées, l'origine et la génération des facultés de l'âme, devront nous occuper beaucoup pendant la durée du cours ; et nous serons peutêtre assez heureux, pour les éclairer de quelque lumière nouvelle.

On verra, dans la seconde partie, que cette proposition si célèbre, rien n'est dans l'enten dement qui n'ait été auparavant dans les sens, ne peut être admise qu'avec de très-grandes restrictions, ou plutôt qu'elle ne saurait être admise; et, dans la première que nous conmençons, il sera démontré que les facultés de l'âme

n'ont pas leur origine dans la sensation. Je le dis ainsi d'avance, afin qu'on sache dans quel esprit seront faites ces leçons.

Je ne parlerai pas, d'abord, ma langue : je me servirai de celle qui est généralement convenue, de celle qui est adoptée par les plus grands philosophes, Descartes, Locke, Leibnitz, etc. L'esprit n'a quelque liberté dans ses mouvemens, qu'autant qu'il va ou qu'il est conduit de ce qui lui est familier à ce qui lui est nouveau, qu'il admet à ce qu'on veut lui faire admettre. Je dois donc, en commençant, parler la langue reçue. Je me réserve de la modifier, ou même de la refaire, à mesure que le besoin s'en fera sentir (T. 1. leç. 4. et t. 2. leç. 2).

de ce

Voyons la manière dont s'expriment les philosophes sur les facultés de l'âme.

J'ouvre leurs livres : ils traitent de l'entendement, de la volonté, du désir, de la liberté, de la pensée, des sensations, des idées, des perceptions, de la mémoire, de la comparaison, du jugement, du raisonnement, de l'imagination, de l'abstraction, de la réflexion, de la synthèse, de l'analyse, de la raison, des rapports, etc., etc.

Voilà ce qu'ils appellent les facultés de l'âme, de l'entendement, de l'esprit.

de vouloir,

L'esprit a la faculté de penser, de sentir, de percevoir, de se ressouvenir, de comparer, de juger, de raisonner, d'abstraire, d'analyser, etc., etc.

C'est de toutes ces facultés, telles que nous les trouvons désignées dans les ouvrages des philosophes, que nous cherchons le principe.

Si nous nous proposions d'en découvrir le système, nous devrions, conformément à ce que nous avons dit dans la première séance, remplir trois conditions; nous faire une idée très-exacte de chacune de ces facultés; les comparer de toutes les manières et sous tous les rapports, afin d'apercevoir le rapport de généra tion qui les fait sortir les unes des autres; et, par ce moyen, nous assurer de la faculté qui n'en présuppose aucune, que les autres présupposent, et de laquelle elles dérivent toutes. Ces trois conditions remplies, le système se

rait connu.

Mais ce n'est pas le système des facultés de l'âme, que nous voulons trouver en ce moment. Nous nous bornons à la recherche du principe de ces facultés, en partant des idées reçues et en parlant comme on parle; en appelant du nom de facultés, tout ce que les

philosophes appellent facultés, et dont nous venons de faire l'énumération.

Varions donc l'emploi de la méthode, et apprenons-en un nouvel artifice.

Je ne connais ni les facultés, ni leurs rapports, ni l'ordre dans lequel on doit en faire l'étude; ou du moins je n'ai de toutes ces choses qu'une idée extrêmement imparfaite. Dans mon ignorance, j'écris les noms des faculordre alphabétique.

tés

par

Abstraction, analyse, attention,
Comparaison,

Désir,

Entendement,

Idée, imagination,

Jugement,

Liberté,

Mémoire,

Pensée, perception,

Raison, raisonnement, rapport, réflexion
Sensation, synthèse,

Volonté.

La première faculté qui se présente, c'est l'abstraction: mais on abstrait quelque chose sans doute; on abstrait des idées : l'abstraction n'est donc pas la première faculté; elle suppose celle d'avoir des idées.

Analyse: c'est une méthode. L'analyse ne peut pas être la première faculté.

Attention: on donne son attention à des sensations, à des idées. L'attention n'est pas non plus la première faculté.

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que

Comparaison: elle suppose évidemment quelfaculté antérieure.

Désir: avant de désirer, il faut connaître, il faut avoir senti.

Entendement : on dit les facultés de l'entendement. Cette faculté est donc composée; elle est une réunion de facultés.

Idée : celle-ci paraît plus simple; je la note. Imagination: on imagine des comparaisons, des raisonnemens. Cette faculté en présuppose d'autres.

:

Jugement le jugement ne peut se montrer qu'après la comparaison.

Liberté : c'est un choix, une préférence. Cette faculté n'est certainement pas la première.

Mémoire : il est trop évident que l'âme ne commence pas par se ressouvenir.

Pensée, se dit de toutes les facultés.

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Perception: quoiqu'on dise qu'on a la perception d'un rapport, et que sous ce point de vae, la perception ne puisse pas être la pre

TOME I.

6

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