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montre l'origine et les développemens suc

cessifs des idées.

Maintenant, on le voit, les quatre questions qu'on nous donne à résoudre se réduisent à une question unique, envisagée sous quatre points de vue: traiter de la méthode philosophique, c'est remonter à l'origine de nos connaissances; c'est découvrir la source commune de toutes nos erreurs ; c'est approfondir les principes des

sciences.

Telle est la langue du raisonnement. En passant d'une proposition à d'autres propositions, elle nous fait toujours sentir l'ordre qui les enchaîne, la liaison qui les rapproche, l'identité qui les confond, et, pour tout dire, l'unité d'objet sur lequel elles reposent.

En nous donnant ainsi l'exemple et le précepte, on ne nous dit pas seulement ce que nous avons à faire, on nous le montre.

Il fallait en effet pouvoir ramener l'objet entier du cours à une idée fondamentale; sans quoi, nous aurions cru voir l'obligation de vous enseigner plusieurs sciences

quand nous devions ne vous en enseigner qu'une. Il fallait que cette idée fondamentale fût l'idée même de la méthode, puisque le cours est principalement destiné à une école normale, c'est-à-dire, à une école de méthode.

Ce n'est que

du moment où l'art vient aider la nature, que l'esprit acquiert le sentiment de sa force.

Privé de toute méthode, il reste immobile et plongé dans les ténèbres.

Livré à une mauvaise méthode, chacun de ses pas est une chute, et il est plus à plaindre de son savoir qu'il ne l'était de son ignorance.

Mais si la bonne méthode lui prête son appui, tout change. L'esprit se dégage des ténèbres qui l'enveloppaient attiré par l'impression toujours croissante du jour qu'il a entrevu, il s'élève insensiblement ; il monte de vérité en vérité; et, conduit par l'analogie jusqu'à la source de la lumière, il goûte enfin le plaisir inexprimable de se reposer au sein de l'évidence.

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OBJET DE CET OUVRAGE.

POURQUOI voyons-nous le soleil changer tous les jours le moment et le lieu de son lever? D'où viennent les couleurs de cet arc brillant qui se peint au milieu des airs? Comment se fait-il qu'agité sans cesse, l'Océan se soulève, et retombe alternativement sur lui-même ? Quelle est la cause du mouvement? Où se cache l'origine des êtres? Sur quel fondement reposent les sociétés? Quels sont les principes qui servent d'appui à la morale? Qui nous dira la raison de l'existence du mal sur la terre? Pourquoi y a-t-il une terre? Pourquoi (1) y a-t-il quelque chose?

(1) On trouvera dans cet ouvrage, écrit pour des élèves, un emploi fréquent du caractère italique et un assez grand nom

TOME I.

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Telles sont quelques-unes des innombrables questions que notre curiosité adresse incessamment à toute la nature; curiosité mille et mille fois trompée dans son attente, mais quelquefois aussi récompensée par des révélations sublimes.

Il ne suffit donc pas à l'homme de connaître ce qui est; il se sent tourmenté du besoin de connaître la raison de ce qui est.

Et comme il ne peut ainsi connaître sans posséder une intelligence qui l'associe, en quelque sorte, aux desseins de la création, il aspire surtout à découvrir la raison de cette intelligence.

Condamné à ignorer comment elle se forme, il ne consentirait jamais à lui donner une confiance entière; et alors même qu'elle pourrait lui dire le secret de l'univers, mais en se taisant sur le secret de sa propre nature, il ne craindrait pas de l'accuser, plus jaloux d'être

bre de renvois. Les lecteurs instruits aiment peu ces sortes d'avertissemens dont ils n'ont pas besoin; ils les pardonneront en faveur de ceux qui commencent l'étude de la philosophie.

admis à cet unique mystère, qu'ambitieux de pénétrer tous les autres.

Aussi les philosophes n'ont-ils rien négligé pour nous apprendre une chose si ardemment désirée. Théories, systèmes, hypothèses, moyens pris dans l'expérience, moyens cherchés hors de l'expérience, tout a été épuisé.

Mais ceux qui ont fait de l'évidence la règle de leurs jugemens, ceux qu'une sage réserve tient en garde contre l'autorité des noms contre les séductions du talent, contre les prestiges de l'imagination; ceux-là se sont toujours refusés à des interprétations qui n'étaient qu'ingénieuses.

Les difficultés naissaient des difficultés, parce qu'on manquait des données nécessaires. A peine avait-on remarqué les causes de nos idées, et, une seule exceptée (1), leurs origines étaient totalement inconnues.

Nous essaierons de porter la lumière sur ces

(1) La sensation.

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