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sidérable de parties bien connues et bien liées, remonte à leur principe, ou à leur origine.

L'analyse nous fait observer et connaître les idées, séparément, dans leur liaison, et dans leur principe.

L'analyse nous fait observer les idées, dans leur principe, dans la manière dont elles dérivent de ce principe, et toutes successivement les unes des autres.

L'analyse nous fait observer les idées dans leur origine et dans leur génération.

L'analyse nous fait observer l'origine, et la génération des idées.

Ici, nous sommes bien près de la définition` que nous cherchons.

Puisque l'analyse nous fait observer l'origine et la génération des idées; elle nous donne, ou elle suppose en nous, une double habitude, celle de remonter à l'origine des idées, et celle de redescendre de cette origine, aux idées qui en dérivent.

Or, l'habitude de remonter à l'origine des idées, aux principes, est une habitude métaphysique; et, celle qui nous porte à observer la dérivation, la filiation, la déduction des idées, est une habitude logique.

Qu'est-ce donc, enfin, que la métaphysique?

c'est l'analyse lorsqu'elle remonte à l'origine des idées.

Qu'est-ce que la logique? c'est l'analyse lorsqu'elle s'occupe de la dérivation des idées.

La métaphysique est la science des principes: la logique, la science des conséquences.

Voilà deux définitions, pour une qu'on m'avait demandée. Elles sont claires, fondées sur la nature de l'esprit, et sur la manière dont il opère. On ne leur fera pas le reproche d'être arbitraires, comme on a le droit de le faire à la plupart des définitions; et on les trouvera conformes à ce que nous enseignent les plus grands philosophes.

La métaphysique, telle que la conçoit Bacon, n'est pas cette subtilité pointilleuse, qui s'évanouit dans ses dissections à l'infini : c'est la science des principes.

La métaphysique, nous dit Descartes, contient les principes de la connaissance : toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique.

Mallebranche ne s'en formait pas une autre idée. «Parlamétaphysique,» dit-il, «jen'entends pas ces considérations abstraites de quelques propriétés imaginaires, dont le principal usage est de fournir à ceux qui veulent dis

puter, de quoi disputer sans fin. J'entends par cette science, les vérités qui peuvent servir de principes aux sciences particulières. »

Mais, direz-vous, peut-être, si la métaphysique n'est que la science des principes, des idées premières; on ne sait donc pas grand'chose, quand on ne sait que la métaphysique?

Je réponds qu'on ne peut avoir de vraies lumières que par une étude approfondie de la métaphysique. Toute la science humaine, envisagée d'une vue générale, se réduit à des principes et à leurs conséquences. Les conséquences qui ne seraient pas fondées sur des principes clairs et évidens, ne mériteraient pas le nom de connaissances; car toute leur évidence est une évidence d'emprunt : elles la doivent aux principes qui, seuls, brillent d'une lumière qui leur est propre. Celui qui ignore les principes n'est assuré de rien. La métaphysique, que toutes les sciences supposent, mérite donc une étude sérieuse; et c'est savoir quelque chose, c'est savoir beaucoup, que de s'en être occupé avec fruit.

Métaphysique; origine des idées; idées premières; principes des sciences; commencement des sciences; élémens des sciences : toutes expressions à peu près synonymes, qui nous aver

tissent de la nécessité de bien commencer, de bien faire nos premières idées, ces idées qui sont le germe de tout savoir.

Les élémens des sciences; voilà le premier besoin de l'esprit. Voilà ce qu'il faut demander aux hommes de génie qui ont excellé dans quelque partie. Voilà ce qu'ils nous ont donné trop rarement, et ce que prétendent nous donner, tous les jours, des hommes qui se font gloire d'ignorer, ou même de mépriser la métaphysique. S'ils connaissaient la valeur des mots, s'ils entendaient la langue qu'ils parlent, ils seraient plus réservés dans l'emploi du mot élémens; ils s'abstiendraient, par modestie, de le placer à la tête de leurs ouvrages. Mais quoi! c'est par modestie, qu'ils se disent auteurs élémentaires !

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DOUZIÈME LEÇON.

Sur les Définitions.

Pour répondre, d'une manière un peu satisfaisante, à la question qu'on m'avait adressée sur la nature de la métaphysique, je me suis vu obligé de parler des définitions; mais je n'en ai dit que ce qui était indispensable pour faire comprendre ma réponse. On désire que j'ajoute de nouvelles réflexions, et que j'entre dans quelques détails. On entrevoit qu'un bon traité sur les définitions préviendrait la plupart de ces vaines disputes, dont je vous ai rendus comme témoins à la dernière séance. On voit l'indétermination des mots, qui déjà suppose l'indétermination des idées, ne peut nous conduire qu'à des idées toujours plus mal déterminées, jusqu'à ce qu'enfin, ne sachant plus nì ce qu'ont pensé les autres, ni ce que nous pensons nous-mêmes, nous tombions, les uns dans le découragement, les autres dans le mépris de ce qui se refuse à nos recherches; également injustes, ou envers nous-mêmes, ou envers la philosophie.

que

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