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la suivante, soixante-quinze dans la troisième ; en sorte que les espaces parcourus pendant les secondes qui se suivent, sont entr'eux comme les nombres 1, 3, 5, 7, etc.

Par la comparaison de cette vitesse, avec celle que prendrait le corps, s'il était placé à la distance de la lune, Newton trouve que la pesanteur diminue comme croît le carré de la distance au centre de la terre.

Par le raisonnement, il démontre que cette règle s'applique au système planétaire tout entier, et qu'elle est une loi de la nature.

Par l'attention, nous découvrons les faits; par la comparaison, nous saisissons leurs rapports; par le raisonnement, nous les réduisons en système.

Par l'attention, mais par une attention qui ne se lasse jamais, et qu'on a si bien appelée une longue patience, se montrent enfin ces idées heureuses qui annoncent la présence du génie par la comparaison, le génie prend de : l'étendue : par le raisonnement, il acquiert de

la profondeur.

Par l'attention qui concentre la sensibilité sur un seul point; par la comparaison qui la partage et qui n'est qu'une double attention; par le raisonnement qui la divise encore, et

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qui n'est qu'une double comparaison, l'esprit
devient donc une puissance; il agit, il fait :
et comme il agit de trois manières différentes
et que
de cette triple manière d'agir, résultent
les sciences dont s'honore le plus notre nature;
nous refusera-t-on de conclure que l'âme, con-
sidérée comme un être intelligent, est une
puissance qui se compose de trois puissances;
qu'elle a trois pouvoirs, et qu'elle n'en a que
trois; qu'elle a trois facultés, et qu'elle n'en a
que trois.

Mais j'entends les objections. Quoi ! la sensibilité qui commence notre existence, la mémoire qui la continue, le jugement qui nous donne la connaissance, la réflexion qui nous fait rentrer au dedans de nous-mêmes, et l'imagination, la plus brillante et la plus féconde de nos facultés, ne seront plus des facultés! quelles sont les prétentions de la philosophie? croit-elle, en divisant, en classant selon ses besoins, ou selon ses caprices, changer la nature des choses?

La philosophie répondra que, par la sensation, nous ne faisons pas, mais qu'il se fait en nous; que la sensibilité est une simple capacité, une propriété de notre âme, qu'elle n'est pas une faculté;

TOME I.

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Que la mémoire est un produit de l'attention, ou ce qui reste d'une sensation qui nous a vivement affectés;

Que dans le jugement, pris pour une perception de rapport, nous n'agissons pas : nous avons agi, à la vérité, puisqu'il a fallu comparer; mais la perception du rapport vient après l'action le travail de l'esprit est fini au moment où il aperçoit le rapport.

:

La philosophie ne niera pas, sans doute, que la réflexion et l'imagination ne soient des facultés, et même les facultés auxquelles nous devons le plus, tout ce qu'il y a de beautés et de richesses dans les arts, tout ce qu'il y a de profondeur dans les sciences; mais elle répondra, que l'imagination, quel que soit l'éclat qui l'environne, n'est que la réflexion lorsqu'elle combine des images; et que la réflexion, se composant elle-même de raisonnemens, de comparaisons, et d'actes d'attention, n'est pas une faculté distincte de ces facultés.

L'entendement (1) humain comprend done

(1) Entendement, intelligence: ces deux mots se prennent quelquefois dans le même sens; quelquefois dans un sens trèsdifférent.

Le mot entendement sert à désigner l'esprit, c'est-à-dire, l'âme

trois facultés, et n'en comprend que trois : l'attention, la comparaison, le raisonnement.

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pas

Mais l'homme n'est seulement fait pour connaître. Le but de son existence n'est pas de satisfaire une curiosité frivole. L'homme est né pour être heureux; il veut être heureux, il lui est impossible de ne pas le vouloir; et, dans tous les momens de son existence, il tend vers le bonheur, de toutes les puissances de son être.

Quand un besoin nous tourmente, quand la privation de l'objet que nous jugeons propre

à

considérée comme un être qui connaît ou qui est capable de connaître ; la faculté de former des idées, de les produire, de les faire; la capacité de recevoir des idées; la réunion de toutes nos idées.

Le mot intelligence désigne souvent l'esprit; quelquefois l'âme; quelquefois aussi la faculté de former les idées; mais le plus ordinairement, la réunion de toutes nos idées, de toutes nos con

naissances.

Dans cet ouvrage, l'entendement et l'intelligence désigneront la cause et l'effet; l'entendement, les facultés productrices des idées; l'intelligence, les idées elles-mêmes, la réunion de toutes les idées.

S'il nous arrive de prendre ces mots dans quelqu'une de leurs autres acceptions, elle sera toujours déterminée par le sens du discours.

d'a

nous délivrer du besoin se fait sentir avec force; alors, surtout, l'âme agit avec énergie bord, ce n'était qu'un léger malaise qui, sans porter le trouble au dedans de nous-mêmes, nous avertissait cependant de la nécessité d'un changement d'état bientôt c'est l'inquiétude qui commence à nous agiter, et qui va croissant d'un moment à l'autre : enfin, toutes les facultés entrent ensemble en action; toutes se dirigent à la fois vers cet objet dont la sion peut nous rendre le calme. L'attention se concentre toute entière sur son idée ; la com; paraison de sa privation avec le souvenir de sa jouissance, en rend la privation plus douloureuse encore; et le raisonnement cherche tous les moyens de nous l'assurer.

posses

Cette direction des facultés de l'entendement, vers l'objet dont nous sentons le besoin, c'est le désir.

Lorsque l'âme désire, elle juge qu'un seul objet peut satisfaire ses besoins; ou bien elle juge que plusieurs objets sont propres à les satisfaire. Dans ce dernier cas, il arrive souvent qu'elle prend une détermination; c'est-à-dire, que l'action des facultés qui se partageait entre deux ou plusieurs objets, cesse de se partager ainsi pour se porter toute entière vers un

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