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de la grotte, par la substitution du nom du hameau de Montlaur à celui du village de Lherm, nous paraît regrettable.

Il nous semble aussi qu'à l'égard des ossements humains trouvés à l'entrée de la caverne et de la prétendue contemporanéité de l'homme avec les grands ours qui l'ont habitée, M. Marty, au lieu de s'appuyer sur des autorités lointaines et peut-être contestables, aurait été mieux inspiré en invoquant celles mieux établies de MM. Pouech et Noulet, ce dernier ayant précisément élucidé cette question dans les Mémoires de notre Académie.

Ces critiques faites, on ne peut que reconnaître les efforts persévérants de M. Marty pour compléter l'œuvre de ses devanciers à Lherm, ses découvertes importantes, enfin le mérite du plan et des coupes, qui donneront désormais une base plus solide aux discussions relatives au remplissage de cet ossuaire, comme aussi un guide commode aux futurs explorateurs.

Mais ce n'est plus seulement de la caverne du Lherm que s'occupe aujourd'hui M. Marty, il en fouille d'autres dans les Pyrénées. Dans celles du Périgord, il a recueilli de nombreux objets travaillés par l'homme à l'âge du Renne, objets dont certains ont particulièrement éveillé l'intérêt de la Commission. Le renne, le cheval et divers autres animaux sont représentés sur des os par des gravures relativement fines, qui indiquent un sens artistitique d'autant plus étonnant, que les chasseurs de renne vivaient alors sur notre sol à l'état le plus sauvage et n'avaient pour traduire cet instinct élevé que de simples éclats de silex!

La collection préhistorique que M. Marty forme avec grand soin depuis quelques années, et dont il recueille les éléments. depuis le Périgord jusqu'aux Pyrénées, a d'ailleurs acquis dès maintenant une grande importance; c'est par centaines qu'on y voit figurer les haches polies ou simplement taillées, et par milliers que s'y comptent les couteaux et grattoirs en silex de l'âge du Renne.

L'époque des dolmens est aussi représentée par des objets d'un haut intérêt exhumés d'une grotte-abri, située au haut du Pic de Montregnier, près de Mirepoix. Outre les os humains

et le mobilier ordinaire des sépultures de cette époque, ce gisement renfermait, associées à des flèches de silex finement. retouchées, une belle série de dents humaines percées de trous, qui semblent, par une exception presque unique aux mœurs de ces peuplades préhistorique, former ici une parure ou un trophée humain, comme il en existe tant du même genre chez les sauvages actuels de l'Océanie.

Mais ce n'est plus même à la période quaternaire que se limitent maintenant les recherches de M. Marty: il en a agrandi le champ. Les gisements d'Issel, de Castelnaudary lui ont fourni de nombreux mammifères éocènes; celui du MasSaintes-Puelles, des mollusques du même àge; les dalles d'Armissan, leurs magnifiques empreintes végétales; enfin, les terrains miocènes qui nous entourent, des dents de proboscidiens. Les fossiles invertébrés de la période secondaire commencent même à faire leur apparition sous ses vitrines, et l'on peut déjà prévoir le jour où, gràce à ces explorations suivies autant que coûteuses, la collection paléontologique de M. Marty embrassera les principales périodes géologiques et constituera un véritable musée régional, dont une phrase de la brochure, que nous avons analysée plus haut, nous fait espérer la réunion finale au beau Muséum, déjà si riche, de notre ville.

L'Académie a voulu récompenser ces persévérantes recherches et le zèle passionné dont elles témoignent par une médaille d'or qu'elle décerne à M. Marty.

Votre Académie, et c'est un de ses meilleurs privilèges, n'a pas seulement à apprécier des travaux de science pure il est des œuvres d'une portée tout aussi élevée et d'une application philanthropique plus immé liate qui relèvent aussi de son jugement.

Tel est le manuscrit que M. le Dr Peyreigne soumet à votre appréciation, avec ce titre bien expressif: les Déshérités.

Cette notice historique et médicale sur l'institution des jeunes aveugles est divisée en cinq chapitres, précédés d'une introduction.

L'auteur fait d'abord un rapide tableau de la condition

sociale des aveugles chez les peuples anciens, au moyen âge, alors que saint Louis fondait les Quinze-Vingts, et dans les temps modernes, jusqu'au jour où Valentin Haüy, le frère de l'illustre minéralogiste de ce nom, créait à Paris, en 1783, l'Institution des jeunes aveugles, qui devint le modèle d'établissements du même genre fondés chez toutes les nations civilisées. D'abord voués à la mendicité et n'attendant rien que de la pitié des passants, auxquels ils tendaient misérablement leur sébile, les aveugles sans fortune trouvèrent dans l'hospice des Quinze-Vingts une amélioration matérielle de leur sort, ainsi qu'une existence assurée. Mais ce n'est que lorsque Valentin Haüy conçut l'idée, pour les instruire, de remplacer la vue par le toucher, les signes visibles par des signes en relief, que l'on s'occupa de perfectionner leur éducation intellectuelle et de leur apprendre une profession.

M. Peyreigne expose ensuite la découverte d'Haüy, ses appli cations, les succès de sa méthode, les péripéties de la nouvelle institution fondée en pleine tourmente révolutionnaire à Paris, enfin la propagation de ces idées et la fondation à l'étranger d'établissements du même genre. Aujourd'hui, les principales villes de France en sont pourvues; Toulouse possède le sien, fondé, en 1866, par le R. P. Dossy.

Après des commencements difficiles, cet établissement est devenu florissant, et M. Peyreigne nous expose ses progrès, les méthodes perfectionnées par un aveugle même que l'on y suit pour apprendre avec les doigts, aux mieux doués, la lecture, l'écriture, le calcul, la musique, tandis que les autres s'exercent à des travaux manuels tels que la vannerie, la sparterie, la corderie, la fabrication de filets, et que les filles apprennent la couture, le tricot, la broderie. A la sortie de l'établissement, ces enfants peuvent ainsi subvenir, par le travail et non plus seulement par l'aumône, à leurs premiers besoins.

Le manuscrit finit par des considérations médicales, résultat des observations personnelles du Dr Peyreigne à l'hospice de Toulouse, dont il est le médecin, et qui abondent en renseignements précieux aussi bien qu'en données statistiques que ses confrères auront grand profit à lire.

L'Académie croit devoir récompenser cet intéressant travail en décernant à M. le Dr Peyreigne une médaille d'argent.

Sans nous émouvoir autant que ces jeunes déshérités de la lumière, que soigne avec tant de dévouement M. Peyreigne, les enfants que l'on met, dans nos écoles primaires, aux prises avec l'arithmétique, méritent bien aussi notre sollicitude, et nous devons encourager les maîtres qui cherchent à leur épargner des fatigues trop grandes.

M. Maison, qui n'est pas un inconnu pour l'Académie, lui a présenté, il y a quinze ans, une série de tableaux écrits, destinés à apprendre aux enfants à combiner les nombres et les opérations arithmétiques. L'an passé, il complétait ce travail par des exercices gradués.

Ancien instituteur, M. Maison s'est bien rendu compte des difficultés qu'on rencontre dans l'enseignement des premières notions de l'arithmétique, et il a cherché à les diminuer. A-t-il complètement atteint son but? Votre rapporteur spécial estime qu'il est bien difficile et probablement peu avantageux de remplacer ainsi les explications et les développements naturels qu'inspirent au maître les réponses insuffisantes d'un enfant. Faire un tableau des demandes et des réponses, c'est enlever aux explications du maître leur spontanéité et leur adaptation particulière à l'esprit de l'élève.

Le tableau décagonal que présente aujourd'hui M. Maison ne paraît pas être une innovation beaucoup plus heureuse.

Toutefois, l'Académie a pensé qu'il y avait lieu de tenir compte à M. Maison du zèle soutenu qu'il apporte dans la recherche des méthodes d'enseignement de l'arithmétique, et elle renouvelle, à cet égard, les éloges qu'elle lui avait décernés dans le concours de l'an passé.

PRIX DISTRIBUÉS DANS LA SÉANCE PUBLIQUE DU 8 JUIN 1884

CONCOURS DE L'ANNÉE 1884

ENCOURAGEMENTS

Classe des Inscriptions et Belles-Lettres.

MÉDAILLE D'OR DE 250 FRANCS.

M. Emile Connac, prote de l'imprimerie Douladoure-Privat, à Toulouse. — Histoire de la ville de Toulouse pendant la Révolution, c'est-à-dire depuis la suppression de la province de Languedoc jusqu'à l'établissement du premier Empire.

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Manuscrit intitulé : les Déshé

M. E. Peyreigne, docteur-médecin à Toulouse.
L'institution des Jeunes-Aveugles à Toulouse.

rités.
médicale.

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