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partie produites? Les propriétaires d'esclaves justifiaient l'esclavage en alléguant que les nègres avaient le nez épaté et la peau noire (4), et qu'ils croupissaient dans l'abrutissement. De ces deux raisons, la première était encore la meilleure; on peut soutenir à la rigueur, avec une ombre de raison, que des différences de nature physique sont le signe de différences de nature morale, mais cette excuse telle quelle manque aux landlords. Le Celte est d'ailleurs parfaitement traitable; il travaille, il s'enrichit, il prospère en un mot dans les pays où il émigre et où il trouve un régime moins dur que celui de sa patrie (2) : sa paresse prétendue, son imprévoyance lui viennent de ce. qu'on l'a réduit à un tel état qu'il n'a plus eu à exercer les qualités contraires et à les développer. Vous enlevez à un homme toute sécurité, et vous voudriez qu'il amassât pour le lendemain ! Vous lui ôtez tout stimulant pour le travail, et vous vous plaignez de sa fainéantise!

J'en ai dit assez pour montrer que les idées de Goldsmith en économie politique n'étaient pas aussi dénuées de valeur qu'on se plaît à le dire. Qu'il n'eût pas beaucoup étudié les principes de cette science alors naissante, c'est probable; il avait cela de commun avec la plupart des auteurs, la plupart même des hommes d'État ses contemporains; mais il avait à son service une belle intelligence et surtout un cœur excellent ; je ne crois pas que, mème en économie politique, cette dernière qualité soit nécessairement une cause d'infériorité. Les préceptes de la morale et de la charité ne sont pas assurément le seul élément qui constitue les sciences sociales; ils en sont tout au moins un élément essentiel.

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Not colour'd like his own, and having power

To inforce the wrong, for such a worthy cause
Dooms and devotes him as his lawful prey.

(W. Cooper, The Task, II, 12-14.)

(2) Il n'y a plus guère d'ailleurs de Celtes pur sang en Irlande; il n'y a plus que des Anglo-Celtes.

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RONDELLE DE CHÊNE

offrant sur la coupe l'apparence d'une croix de Malte.

Lath Delor-Chabou, TELER

SINGULIÈRE APPARENCE

OFFERTE DANS UNE PARTIE DE SA LONGUEUR

PAR LE BOIS D'UNE TIGE DE CHÊNE

(AVEC UNE PLANCHE)

PAR M. D. CLOS (1)

On a eu l'occasion de rencontrer à l'intérieur du tronc de diverses essences d'arbres des cavités pleines de fruits ou de graines, emmagasinés là par des animaux, des os. des fragments de pierres et de fer; de relever à la surface de couches ligneuses. des inscriptions de lettres, de noms ou de dates recouvertes par d'autres formations de bois et par l'écorce. Mais tout autre est le phénomène, objet de la présente note, que j'ai cru devoir mettre, avec le dessin qui le reproduit, sous les yeux de l'Académie.

Il est offert par des rondelles d'une tige de chène de 009 de diamètre, portant sur la tranche quatre impressions d'un brun noir en forme de coins qui s'unissent, à peu de distance du centre, en une croix de Malte; les trois couches ligneuses les plus intérieures sont normales, mais d'une couleur plus foncée que d'habitude; la quatrième est aussi à peu près complète et de même teinte; mais les sept suivantes, bien que continues par la position et la nature des éléments, sont divisées en huit lobes,

(4) Communiqué à l'Académie dans sa séance du 8 mai 1884.

dont quatre plus grands noirâtres, surtout vers l'extérieur, les quatre interposés à eux ayant conservé la teinte blanc jaunâtre propre à ce bois. Les rayons médullaires de ceux-ci se continuent jusqu'à l'écorce, tandis que ceux des coins plus foncés s'arrêtent brusquement à la limite externe de ces impressions, limite des plus nettes et comme circonscrite sur la coupe par une sorte de fente transversale, du milieu de laquelle part, à angle droit, une autre fente se dirigeant vers l'écorce, et traversant les quatre couches ligneuses extérieures ou les plus jeunes. Ces rondelles, dont je dois la communication à M. Alphonse Couget (1), président en retraite à Saint-Gaudens, proviennent d'une bûche sans indication d'origine, et qui portait en dedans, dans une longueur de 0-60 et à partir de 050 au-dessus de sa base, ces quatre bandes noirâtres, dont on ne pouvait guère soupçonner l'existence dans le tronc. Toutefois, l'examen de l'écorce dans la portion de la bûche où celles-ci sont le plus accusées car ces impressions disparaissent graduellement vers le haut et vers le bas-y fait reconnaître quatre cannelures longitudinales qui correspondent aux fentes rayonnant vers l'extérieur et permettent, ce semble, de donner une explication plausible de cette singulière structure. Ne serait-elle pas due à quatre entailles verticales de l'écorce ayant pénétré jusqu'au bois, alors que l'arbre n'avait que onze ans ou onze couches ligneuses? ces fentes auraient peu à peu rejoint leurs bords et se seraient fermées; mais les parties dénudées de bois sous-jacentes se seraient altérées localement, à l'exclusion des portions interposées; les unes et les autres recouvertes par les nouvelles zones ligneuses formées en l'espace de quatre années. Seulement chacune de ces quatre couches, au lieu de constituer un cercle continu, montre sa ligne de vaisseaux (surtout dans les deux plus intérieures), s'incurvant au voisinage des quatre fentes rayonnantes et étant là interrompues. Les quatre entailles auraient-elles été accompagnées d'une injection saline ou colorée, qui aurait contribué à déterminer la coloration noirâtre? C'est ce qu'il est difficile de décider.

(1) M. Couget les tenait lui-même de M. Serp, maître charpentier à Saint-Gaudens.

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