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à fon Créateur de fon administra tion.

LIV.

Tu te ris des enfans qui s'empreffent à faire Leurs petits vains châteaux, leurs nôces, leurs banquets :

Mais la mort rit de toi, qui tout vieux que

tu es,

Fais la même folie en plus gros caractére.

Mais la mort rit de toi; comme fi la mort qui n'eft qu'un non-être, qui n'eft qu'une privation, étoit capable de rire. Mais notre Auteur parle ici dans l'efprit du Sage, qui dit que Dieu rira de l'impie au moment de fa mort; c'eft-à-dire, qu'il le confondra. Parce que je vous ai appellé, dit Dieu, & que vous ne m'avez point voulu écouter, je rirai de vous à votre mort, je me moquerai de vous, lorfque le malheur viendra tout d'un coup, & que la mort viendra fur vous comme une tempête. (Prov. 1. 24. & seq.) Non pas que Dieu, qui eft un pur Efprit, non plus que la mort, qui n'est rien, foient capables de rire. Mais comme l'Ecriture parle à des humains

&

elle effaye d'aller à leur efprit par des expreffions purement humaines.

LV.

Le goût d'un fonge faux eft de plus grande durée

Que du monde pipeur les vains plaisirs ne font,

Ils n'arrivent fitôt qu'auffitôt il s'en vont, Ou d'un fonge plaifant l'éveil encore agrée.

Ils n'arrivent fitôt qu'auffitôt ils s'en vont. On pourroit même dire que leur fin prévient leur commencement, puifque comme nous avons déja dit, un bien ne commence d'être qu'au moment qu'il s'eft fait fentir comme un bien, ce qui n'arrive jamais. Il eft vrai que ces fortes de biens nous accompagnent quelquefois depuis la naiffance jufqu'au tombeau ; mais outre que plus un bien terreftre eft habituel, & moins il eft fenfible: c'eft que la plus longue vie comparée avec l'éternité n'eft qu'un fonge, fur-tout lorfqu'on l'a paffée fans penfer à fa fin, & fans s'inquiéter de fa deftination future,

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LV I.

Cette vie eft un jeu de premiere pour dire,

Les joueurs font le temps, le fort, l'homla mort :

me,

Le temps dit toujours, paffe: je l'envoi, dit le fort;

L'homme la tient; la mort fait du refte, & le tire.

Cette vie est un jeu appellé de premiere du temps de notre Auteur, & de breland dans notre temps. Mais cette comparaifon n'a d'autre fin dans toutes fes parties, que de nous apprendre que la mort nous enleve tout, parce qu'elle nous enleve à toutes choses.

LVII.

Trois fiers tyrans divers, fatan, la chair,
le monde,

Sont ensembleligués pour l'homme s'exclaver;
Dieu fon feul & vrai Roy veut; s'il veut fe

fauver;

Mais las! il fuit fon bien, & fon mal il fe

conde.

Dieu feul vent fauver l'homme, s'il

vent fe fauver lui-même. Non-feulement Dieu veut fauver l'homme, mais il veut même le falut de tous les hommes. Je vous conjure, dit l'Apôtre à fon Disciple Timothée, je vous conjure d'ordonner des priéres & des vœux pour tous les hommes, pour les Rois & pour tous ceux qui font élevés en Dignité...... Car cela fera agréable à notre Sauveur, qui veut que tous les hommes foient fauvés, & qu'ils viennent à la connoiffance de la vérité. (1. Timoth. 2. 1. & feq.) Il eft vrai que ce paffage fouffre de grandes diffi cultés. S'il eft conftant, dit-on, que tous les hommes ne foient pas fauvés, comment Dieu veut-il qu'ils le foient tous? La volonté de Dieu n'eft-elle pas toujours accomplie, dit un Prophete? (Ifaye, 46. 10.) C'eft ce que les Peres de l'Eglife & les Théologiens expliquent en plufieurs maniéres. 1°.Dieu veut que tous les hommes. foient fauvés ; c'est-à-dire, qu'il n'exclut perfonne du falut, de quelque nation, de quelque condition, de quelqu'âge ou fexe que ce foit. 2°. Dieu veut que tous les hommes foient fauvés; c'està-dire, qu'en infpirant à fes ferviteurs

le defir & la volonté de fauver tous les hommes, il veut & leur ordonne det travailler à leur falut. Il femble même que ce foit ici le fens de l'Apôtre, en ordonnant de prier pour tous les hommes, parce que Dieu nous ordonne de defirer le falut de tous & d'y travailler, ne pouvant diftinguer ceux à qui la parole de l'Evangile fera utile de ceux aufquels elle ne le fera pas. 3. On donne encore à ces paroles une autre explication qui eft fort commune: Dieu veut que tous les hommes foient fauvés par une volonté que les Théologiens appellent Antécédente. Car ayant créé tous les hommes pour les rendre heureux, & non pas pour les perdre; il les veut fauver tous part une volonté qui précéde la connoiffance de leurs mérites. Mais il veut les punir de leurs crimes par une volonté conféquente, comme parlent les Théologiens; c'est-à-dire, par une volonté qui fuit de la connoiffance de leurs péchés. Par fa bonté, il veut que tous les hommes foient fauvés : par fa jufti ce, il veut que les criminels périffent. De même qu'un Juge a une volonté fincére de laiffer vivre tous les hom

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