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enfans et leur précepteur. Tout lui fait en-
vie, il veut profiter des bons marchés, et
demande hardiment au premier venu une
chose qu'il ne vient que d'acheter. Se
trouve-t-il dans une maison étrangère, il
emprunte jusques à l'orge et à la paille,
encore faut-il
que celui qui les lui prête,
fasse les frais de les faire porter jusques
chez lui. Cet effronté, en un mot, entre
sans payer dans un bain public, et là, en
présence du baigneur, qui crie inutilement
contre lui, prenant le premier vase qu'il
rencontre, il le plonge dans une cuve d'ai-
rain qui est remplie d'eau (*), se la répand
sur tout le corps: me voilà lavé, ajoute-t-il,
autant que j'en ai besoin ; et sans avoir obli-
gation à personne, remet sa robe, et dis-
paroît.

(*) Les plus pauvres se lavoient ainsi pour payer moins

qui

ef

pour

-uper

CHAPITRE X.

De l'épargne sordide (1).

CETTE ETTE espèce d'avarice est dans les hommes une passion de vouloir ménager les plus petites choses sans aucune fin honnête (2). C'est dans cet esprit que quelques-uns recevant (3) tous les mois le loyer

(1) Le vrai titre de ce Chapitre seroit, je crois, de la lesine, περὶ μικρολογίας.

(2) La définition de Théophraste est infiniment plus courte. La lésine est une épargne excessive de toute dépense.

(3) Le savant Casaubon confesse ingénument qu'il n'a jamais pu se satisfaire sur le sens de ce passage. Il en donne deux ou trois explications différentes; et celle qu'il a insérée dans sa traduction, paroît la moins conforme aux paroles de l'original. Pour celle que nous donne ici la Bruyère, vous la trouverez dans le commentaire de Casaubon, qui dit expressément qu'un des caractères du pincemaille décrit dans ce Chapitre, c'est qu'il va lui-même chez son débiteur pour se faire payer la moitié d'une obole, due d'un reste de paiement qui lui doit être fait chaque mois ; ce qui, ajoute-t-il, peut être entendu, ou de l'intérêt d'un certain capital, ou de l'intérêt du louage de maison, de mercede conducta domús. C'est ce dernier sens qu'a suivi la Bruyère. Selon Duport, il s'agit ici

de

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de leur maison, ne négligent pas d'aller eux-mêmes demander la moitié d'une obole qui manquoit au dernier paiement qu'on leur a fait que d'autres, faisant l'effort de donner à manger chez eux, ne sont occu pés pendant le repas qu'à compter le nombre de fois que chacun des conviés demande à boire. Ce sont eux encore dont la portion

d'un intérêt payable tous les mois, pour une somme qui souvent ne devoit être rendue que dans un an et quoique cet intérêt ne revînt qu'à la moitié d'une obole par mois (a); l'avare de Théophraste alloit l'exiger lui-même le propre jour de l'échéance. Enfin, le dernier traducteur (b) anglois des caractères de Théophraste, enchérissant sur Casaubon et Duport, fait dire à Théophraste, que cet avarè ne manque jamais d'aller chez ses débiteurs, pour exiger l'in térêt de ce qu'il leur a prêté, quelque petit qu'il soit, même avant que cet intérêt soit entiérement dû. Il fonde cette expli cation sur le sens de ces mots, ev tậ μnvì, qui, selon lui, ne signifient pas chaque mois, mais dans le mois, avant la fin du mois, c'est-à-dire, avant l'échéance du paiement : et je crois, pour moi, qu'on peut fort bien les prendre dans ce sens-là.

(a) Hanc ille tantulàm pro usurâ summulam non dubitabat mentitans ipse domum debitoris sui poscere, et ad diem exigere; quæ notá est summa μixpoλoyías, et infimarum sordium. Jaċ. Duporti, in Theophr. Char. Prælectionės, pag. 349.

(b) M. Gally, dont la traduction a paru pour la première fois en 1725,

D

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l'on en

des prémices (1) des viandes que voie sur l'autel de Diane, est toujours la plus petite. Ils apprécient les choses audessous de ce qu'elles valent (2), et de quelque bon marché qu'un autre, en leur rendant compte, veuille se prévaloir, ils lui soutiennent toujours qu'il a acheté trop cher. Implacables à l'égard d'un valet qui aura laissé tomber un pot de terre, ou cassé par malheur quelque vase d'årgile, ils lui déduisent cette perte sur sa nourriture: mais si leurs femmes ont perdu seulement un denier, il faut alors renverser toute une maison, déranger les lits, transporter des coffres, et chercher dans les recoins les plus cachés. Lorsqu'ils vendent, ils n'ont que cette unique chose en vue, qu'il n'y ait qu'à perdre pour celui qui achète. Il n'est permis à personne de cueillir une figue dans leur jardin, de passer au travers de

(1) Les Grecs commençoient par ces offrandes leurs repas publics.

(2) Ces mots ne sont point dans le texte, qui dit simplement, quelque bon marché que l'on ait acheté, ils disent soujours que c'est trop cher.

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leur champ, de ramasser une petite branche de palmier, ou quelques olives qui seront tombées de l'arbre. Ils vont tous les jours se promener sur leurs terres, en remarquent les bornes, voient si l'on n'y a rien changé, et si elles sont toujours les mêmes. Ils tirent intérêt de l'intérêt, et ce n'est qu'à cette condition qu'ils donnent du tems à leurs créanciers. S'ils ont invité à dîner quelquesuns de leurs amis, et qui ne sont que des personnes du peuple (1), ils ne feignent point de leur faire servir un simple hachis; et on les a vus souvent aller eux-mêmes au marché pour ces repas, y trouver tout trop cher, et en revenir sans rien acheter. Ne prenez pas l'habitude, disent-ils à leurs femmes, de prêter votre sel, votre orge, votre farine, ni même du (2) cumin, de

(1) La Bruyère, par ces mots, qui ne sont que des per sonnes du peuple, semble avoir voulu rendre res Supórus. Mais c'est un contresens. Anuotas signifie ici ceux du même dême, de la même bourgade. L'Attique étoit parta gée en différens démes ou différentes peuplades.

(2) Une sorte d'herbe.

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