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La licence & l'orgueil en tous lieux réprimés,
Du débris des Traitans Ton épargne groffie,
Des fubfides affreux la rigueur adoucie,

Le Soldat dans la paix fage & laborieux: 140 Nos Artifans groffiers rendus induftrieux:

REMARQUES.

blie dans Paris par un Réglement fur le port des armes, & contre les Gens fans aveu, par le redoublement du Guet & de la Garde, par l'établiffement des Lanternes, &c.

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VERS 136. La licence & Torgueil en tous lieux réprimés.] Plufieurs Edits donnés pour réformer le luxe. DESP.

C'est ce que ce mot orgueil, défigne. Par celui de licence, le Poëte veut défigner l'établitlement des GrandsJours, fait à Clermont en Auvergne, par une Déclaration du Roi en 1665. Elle commence par ces mots: La licence des Guerres étrangeres & civiles, &c.

VERS 137. Du débris des Traitans, &c.] La Chambre de Justice. DESP.

Elle fut créée au mois de Décembre 1661.

VERS 138. Des fubfides affreux la rigueur adoucie.] Les Tailles furent diminuées de quatre millions. DESP.

M. Broffette dit fix millions. Le Roi fit auffi dreffer en 1664. & 1667. des Tarifs pour les Marchandifes. Par ces Tarifs il diminua fes droits, & fupprima la plupart de ceux qu'on exigeoit fur les Rivieres du Royaume.

VERS 139. Le Soldat dans la paix fage & laborieux.] Les Soldats employés aux Travaux publics. DESP.

Le Roi faifoit aufli des revues fréquentes de fes Troupes, pour obliger les Officiers de tenir les Soldats dans l'ordre & dans la difcipline. Les Soldats furent aufli employés aux Travaux publics.

VERS 140. Nos Artifans groffiers rendus industrieux.] Etabliffement en France des Manufactures. Desp.

Celle des Tapifferies aux Gobelins, & des Points de France, en 1665.; des Glaces de miroir en 1666. Le prix des Points de Gènes & de Venife étoit fi exces

Et nos Voifins fruftrés de ces tributs ferviles
Que payoit à leur art le luxe de nos villes.
Tantôt je tracerai Tes pompeux Bâtimens,
Du loifir d'un Héros nobles amusemens.
145 J'entens déja frémir les deux mers étonnées,
De voir leurs flots unis au pié des Pirénées.

REMARQUE S.

fif, qu'on en a vû vendre une garniture fept mille Francs. C'eft à quoi les deux Vers fuivans font allufion.

VERS 141. Et nos Voifies fruftrés de ces tributs ferviles, &c.] On verra (Tome III.) dans une Lettre de l'Auteur à M. de Maucroix, que La Fontaine faifoit un cas fingulier de ce Vers & du fuivant, dans lesquels l'Auteur loue le Roi d'avoir établi la Manufacture des Points de France, à la place des Points de Venife. M. de Maucroix prétendoit avoir porté ce jugement avant La Fontaine, comme on le verra dans fa Réponse à M. Despréaux.

CHANG. Vers 142. Que payoit à leur art, &c.] Après ce Vers, il y avoit ces quatre autres, que l'Auteur a retranchés dans les dernieres Editions.

O que j'aime à les voir, de Ta gloire troublés,
Se priver follement du fecours de nos blés!

Tandis que nos vaisseaux par-tout mattres des ondes,
Vont enlever pour nous les trésors des deux Mondes.

VERS 143.

Tes pompeux Bâtimens.] Le Roi faifoit alors bâtir le Louvre, avec cette Façade, que l'on admire, comme un des plus beaux morceaux d'Architecture. Mais il abandonna cette entreprife, pour faire bâtir à Verfailles, & en plufieurs autres endroits.

VERS 145. les deux mers étonnées, &c.] Le Canal de Languedoc. DESP.

Il fait la communication de la Mer Méditerranée avec l'Océan. Le deffein en fut propofé en 1664. par le Sieur Paul Riquet de Beziers, & l'on commença d'y travailler en 1665.

Déja de tous côtés la Chicane aux abois S'enfuit au feul afpect de Tes nouvelles loix. O que ta main par-là va fauver de Pupilles! 150 Que de fçavans Plaideurs deformais inutiles!

Qui ne fent point l'effet de Tes foins généreux?
L'Univers fous Ton Régne a-t-il des Malheureux?
Eft-il quelque vertu dans les glaces de l'Ourse,

Ni dans ces lieux brûlés où le jour prend fa fource, 155 Dont la trifte Indigence ofe encore approcher,

Et qu'en foule Tes dons d'abord n'aillent chercher ?
C'est par Toi qu'on va voir les Mufes enrichies,
De leur longue difette à jamais affranchies.
GRAND ROI, poursui toujours, assure leur repos.

REMARQUES.

VERS 148. S'enfuit au seul aspect de Tes nouvelles loix.] L'Ordonnance de 1665. DESP.

Le Roi fit affembler les principaux Magistrats de fon Confeil & du Parlement, qui tinrent plufieurs conféren ces chez M. le Chancelier Seguier, au commencement de l'année 1667. pour examiner & arrêter les Articles de l'Ordonnance Civile, qui fut publiée au mois d'Avril de la même année. L'Ordonnance Criminelle fut dreffée & examinée de la même maniere, & enfuite publiée au mois d'Août 1670.

VERS 150. Que de fçavans Plaideurs deformais inutiles.] C'est après ce Vers qu'étoient placés les trente-deux qui finiffoient cette Epitre, qui furent fupprimés dans fa feconde Edition en 1672. & que nous avons rappor tés dans les Remarques fur l'Avertiffement qui précede cette Pièce.

VERS 156. Et qu'en foule Tes dons d'abord n'aillent chercher.] En 1663. le Roi donna des penfions aux Gens de Lettres, dans toute l'Europe.

160 Sans elles un Héros n'eft pas long-temps Héros.

Bientôt, quoi qu'il ait fait, la mort d'une ombre noire
Enveloppe avec lui fon nom & fon histoire.

En vain pour s'exemter de l'oubli du cercueil,
Achille mit vingt fois tout Ilion en deuil.

165 En vain, malgré les vents, aux bords de l'Hefpérie Enée enfin porta fes Dieux & fa Patrie.

Sans le fecours des vers, leurs noms tant publiés
Seroient depuis mille ans avec eux oubliés.

Non, à quelques hauts faits que Ton deftin T'appelle,
170 Sans le fecours foigneux d'une Mufe fidelle,
Pour T'immortalifer Tu fais de vains efforts.
Apollon te la doit: ouvre-lui Tes tréfors.
En Poëtes fameux rends nos climats fertiles.
Un Augufte aisément peut faire des Virgiles.
175 Que d'illuftres témoins de Ta vafte bonté
Vont pour Toi dépofer à la poftérité!

REMARQUES.

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IMIT. Vers 160. Sans elles un Héros n'eft pas longtemps Héros, &c.] M. Du Monteil avertit, que c'eft ici une Imitation d'Horace, qui dit, Liv. IV. Ode IX. Vers 25.

Vixere fortes ante Agamemnona
Muiti, fed omnes illacrymabiles

Urgentur, ignotique longd

Nocte, carent quia vate facro.

IMIT. Vers 174. Un Augußte aifément peut faire des Virgiles.] MARTIAL. Liv. VIII. Epigr. 56. donne à un Mecenas le même pouvoir que l'on attribue ici à un Augufte.

Sint Mecanates, non deerunt, Flacce, Marones.

Pour moi, qui fur Ton nom déja brûlant d'écrire, Sens au bout de ma plume expirer la Satire, Je n'ofe de mes vers vanter ici le prix. 180 Toutefois, fi quelqu'un de mes foibles écrits Des ans injurieux peut éviter l'outrage, Peut-être pour Ta gloire aura-t-il fon ufage. Et comme Tes exploits étonnant les Lecteurs, Seront à peine crus fur la foi des Auteurs ; 185 Si quelque Efprit malin les veut traiter de fables, On dira quelque jour, pour les rendre croyables; Boileau qui dans fes vers pleins de fincérité, Jadis à tout fon fiècle a dit la vérité;

Qui mit à tout blâmer fon étude & fa gloire, 190 A pourtant de ce Roi parlé comme l'Hiftoire,

REMARQUES.

VERS 177. Pour moi, qui fur Ton nom déja brillant d' crire, &c.] On a comparé cet endroit avec un autre de l'Epitre VIll. Il s'agit de décider, qui l'emporte des deux. L'Auteur en a jugé lui-même, &, ce me femble, avec beaucoup de jufteffe. Voyez la Remarque fur le Vers 65. de l'Epitre VIII. DE ST. MARC.

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