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étoient pourtant des Epitres morales, où il n'étoit rien enseigné que de vertueux. Qu'ainfi étant liées avec l'autre, bien loin de lui nuire, elles pourroient même faire une diverfité agréable; & que d'ailleurs beaucoup d'honnêtes gens fouhaitant de les avoir toutes trois enfemble, je ne pouvois pas avec bienféance me difpenfer de leur donner une fi légere fatisfaction. Je me fuis rendu à ce fentiment, & on les trouvera raffemblées ici dans un même cahier. Cependant comme il y a des gens de piété, qui peut-être ne fe foucieront gueres de lire les entretiens, que je puis avoir avec mon Jardinier & avec mes Vers, il eft bon de les avertir qu'il y a ordre de leur diftribuer à part la derniere, fçavoir, celle qui traite de l'Amour de Dieu; & que non feulement je ne trouverai pas étrange qu'ils ne lifent que celle-là; mais que je me fens quelquefois moi-même en des difpofitions d'efprit, où je voudrois de bon cœur n'avoir de ma vie compofé que ce feul Ouvrage, qui vraifemblablement fera la derniere pièce de Poëfie qu'on aura de moi: mon génie pour les Vers commençant à s'épuifer, & mes emplois hiftoriques ne me laiffant gueres le temps de m'appliquer à chercher, & à ramaffer des ri

mes.

Voilà ce que j'avois à dire aux Lecteurs. Avant néanmoins que de finir cette Préface, il ne fera

REMARQUES.

Il ajoute dans une autre Epigramme, & c'est ce que
notre Auteur paroit avoir eu principalement en vue.

Nemo poteft verfus (nec tanta potentia Regum)
Vel fervare malos, vel jugulare bonos.

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pas hors de propos, ce me femble, de raffûrer des Perfonnes timides, qui n'ayant pas une fort grande idée de ma capacité en matiere de Théologie, douteront peut-être que tout ce que j'avance en mon Epître foit fort infaillible, & appréhenderont qu'en voulant les conduire je ne les égare. Afin donc qu'elles marchent fûrement, je leur dirai, vanité à part, que j'ai lû plufieurs fois cette Epitre à un fort grand nombre de Docteurs de Sorbonne, de Peres de l'Oratoire & de (2) Jéfuites très-célèbres, qui tous y ont applaudi, & en ont trouvé la doctrine très-faine & très-pure. Que beaucoup de Prélats illuftres, à qui je l'ai récitée, en ont jugé comme eux. Que Monseigneur l'E

REMARQUES.

(2) Jefuites très-célèbres.] Le P.. de La Chaize, fe P. Gaillard, & quelques autres.

François d'Aix de la Chaize, né dans le Château d'Aix en Forêts, le 25. d'Août 1624. petit Neveu du fameux P. Cotton, Confeffeur de Henri IV., fut choifi par le feu Roi pour Confeffeur en 1675. Au renouvellement de l'Académie des Infcriptions & Belles-Lettres en 1701. le Roi l'en nomma Honoraire. Il mourut le 20. de Janvier 1709. âgé de 85. ans. Ce Jéfuite né homme de condition avoit beaucoup d'efprit, & étoit fçavant en Philofophie, en Théologie, en Hiftoire & Antiquités. Il avoit, à l'égard de ce dernier Article, particuliérement étudié les Médailles.

Honoré Gaillard, né à Aix en Provence, & fils d'un Avocat au Parlement de cette Province, s'étoit fait une très-grande réputation par fes Sermons. Il ne fut pas moins célèbre pour la Direction; & la Reine d'Angleterre Marie-Béatrix-Eléonor d'Eft, fe mit fous fa conduite les dernieres années de fa vie, & y mourut. Il fut enfuite Recteur du Collége de Paris, puis Supérieur de la Maison Profeffe, pofte que fon grand âge lui fit quitter. Il mourut à Paris le 11. de Juin 1727. dans la quatre-vingt-fixieme année de fon âge, après 69. ans de Profeffion religieufe. DE ST. MARC.

vêque de Meaux (3) c'est-à-dire, une des plus grandes Lumieres qui ayent éclairé l'Eglife dans les derniers Siècles, a eu long-temps mon Ouvrage entre les mains, & qu'après l'avoir lû & relû plufieurs fois, il m'a non feulement donné fon approbation, mais a trouvé bon que je publiaffe à tout le monde, qu'il me la donnoit. Enfin que pour mettre le comble à ma gloire, ce faint Archevêque (4) dans le Diocèfe duquel j'ai le bonheur de me trouver, ce grand Prélat, dis-je, aussi éminent en doctrine & en vertus qu'en dignité & on naiffance, que le plus grand Roi de l'Univers,

REMARQUES.

(3) M. l'Evêque de Meaux.] JACQUES BENIGNE BosSUET, Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, Grand-Archidiacre & Doyen de Metz, enfuite Abbé de Saint Lucien de Beauvais, facré Evêque de Condom en 1670., nommé Précepteur de Louis Dauphin de France la même année; Premier-Aumônier de Madame la Dauphi ne en 1680., Evêque de Meaux en 1681., de l'Académie Françoife en 1671., Supérieur de la Maifon de Navarre en 1695., Confeiller d'Etat en 1697., & Premier-Aumônier de Madame la Ducheffe de Bourgogne en 1698., étoit né à Dijon le 27. de Septembre 1627. d'une ancienne Famille du Parlement de cette Ville. Il mourut à Paris le 13. d'Avril 1704. âgé de 76. ans 6. mois 16. jours, DE ST. MARC.

(4) ce faint Archevéque.] LOUIS-ANTOINE DE NOAILLES, Docteur en Théologie de la Faculté de Paris, nommé à l'Evêché de Cahors en 1679. transféré l'année fuivante à Châlons-fur-Marne; fait Archevêque de Paris en 1695., enfuite Cardinal, Commandeur des Ordres du Roi, Provifeur de la Maison & Société de Sorbonne, & Supérieur de celle de Navarre, étoit un Prélat infiniment eftimable par fes vertus & par fon amour pour la paix; & très-digne des louanges que notre Poëte lui donne ici. Il mourut à Paris le 4. de Mai 1729. Plenus dierum, omnibus flebilis, dit fon Epitaphe. Il étoit âgé de 78. ans. DE ST. MARC.

par un choix vifiblement infpiré du Ciel, a donné à la Ville capitale de fon Royaume, pour affûrer l'Innocence, & pour détruire l'Erreur, Monseigneur l'Archevêque de Paris, en un mot, a bien daigné auffi examiner foigneufement mon Epître & a eû même la bonté de me donner fur plus d'un endroit dés confeils que j'ai fuivis ; & m'a enfin accordé auffi fon approbation, avec des éloges, dont je fuis également ravi & confus.

(5) Au refte, comme il y a des Gens qui ont publié, que mon Epître n'étoit qu'une vaine déclamation, qui n'attaquoit rien de réel, ni qu'aucun Homme eût jamais avancé: Je veux bien, pour l'intérêt de la Vérité, mettre ici la Propofition que j'y combats, dans la Langue, & dans les termes qu'on la foutient en plus d'une Ecole. La voici: Attritio ex gehennæ metu fufficit, etiam fine ulla Dei dilectione, & fine ullo ad Deum effenfum refpectu; quia talis honefta & fupernaturalis eft. C'est cette Propofition que j'attaque, & que je foutiens fauffe, abominable, & plus con

REMARQUES.

(5) Au refte, &c.] L'Auteur fubftitua cet Article dans l'Edition de 1701. à cet autre qui terminoit fa Préface dans l'Edition faite en 1695.

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Je croyois n'avoir plus rien à dire au Lecteur. Mais dans le temps même que cette Préface étoit fous la preffe, on n'a apporté une miférable Epître en Vers que quelque Impertinent a fait imprimer, & qu'on veut faire paffer pour mon Ouvrage fur l'Amour de Dieu. Je fuis donc obligé d'ajoûter cet ,, article, afin d'avertir le Public, que je n'ai fait d'Epître fur l'Amour de Dieu, que celle qu'on trouvera ici: l'autre étant une pièce fauffe, & incomplette, ,, compofée de quelques Vers qu'on m'a dérobés, & dé ,, plufieurs qu'on m'a ridiculement prêtés, auffi-bien ,, que les notes téméraires qui y font ".

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traire à la vraye Religion, que le Luthérani fine ni le Calvinisme. Cependant je ne croi pas qu'on puiffe nier qu'on ne l'ait encore foutenue depuis peu, & qu'on ne l'ait même inférée (6) dans quelques Catéchifmes en des mots fort approchans des termes Latins, que je viens de rapporter.

REMARQUES.

(6) dans quelques Catéchifmes.] C'est ce qu'on peut voir dans le Catéchisme de M. Joli, & dans quelques

autres.

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