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165 Quelquefois de Fâcheux arrivent trois volées,
Qui du parc à l'inftant affiégent les allées.
Alors, fauve qui peut, & quatre fois heureux!
Qui fçait pour s'échapper quelque antre ignoré d'eux.

REMARQUES.

CHANG. Ibid. Chercher quels font les biens véritables ou faux.] Avant l'Edition pofthume de 1713. on lifoit: quels font les biens véritables & faux. Ce qui ne préfentoit pas affez nettement la pensée de l'Auteur. DE ST. MARC.

SUR

L'EPITRE VII.

LA feptieme Epitre traite de l'utilité, que l'on

peut retirer de la jaloufie de fes Ennemis, auffi bien que des bonnes & des mauvaifes Critiques. Elle fut compofée, avant la fixieme, au commencement de l'année 1677. à l'occafion de la Tragédie de Phèdre, que M. Racine avoit fait représenter, pour la premiere fois, le premier jour de cette même année par les Comédiens de l'Hôtel de Bourgogne. (1) Madame la Duchefe de Bouillon, (2) M. le Duc de

REMARQUES.

Ne

* J'ai rendu compte, dans les Remarques de l'Avertissement fur l'Epitre IV., des raifons, qui m'obligeoient d'en faire un auffi fur l'Epitre VII. Je l'ai prefque tout compofé de la Remarque préliminaire de M. Broffette & de celle qu'il a faite fur le dernier Vers de cette Pièce. Je me fuis contenté de les fondre enfemble, & d'y faire entrer ce que j'y devois ajouter.

S. C'eft M. De St. Marc qui parle dans cette Note. Il a compofé cet Avertisement & les Remarques qui l'accompagnent.

(1) Madame la Duchefe de Bouillon.] MARIE- ANNE MANCINI, fille de Michel-Laurent Mancini & de Jéronime Mazarini, Soeur du Cardinal Mazarin. Elle fut mariée le 20. d'Avril 1662. à Godefroi Maurice de la Tour Duc de Bouillon d'aujourd'hui, & mourut le 20. de Juin mille fept cens quatorze.

(2) M. le Duc de Nevers.] PHILIPPE-JULIEN MazariniMancini, Duc de Nevers & de Donzi. Il fut fait Chevalier des Ordres du Roi à la promotion de 1661. quoi

qu'il

Ne ers, fon frere, & quelques perfonnes de diftincon, unies de goût & de fentimens, avoient pouffé (3) Pradon à travailler fur le même fujet. Ces

REMARQUES.

qu'il n'eût encore que 25. ans. L'honneur, qu'il avoi eu de porter la queue du Manteau du Roi le jour de fon Sacre, donne le privilége d'être reçu Chevalier, quelque jeune que l'on foit. Ce Duc aimoit les Let tres & fe mêloit de Poëties. Il en a fait quelques morceaux en François, qui font d'un goût plus que f gulier.

(3) Pradon.] Ce Poëte, que les Satires de notre Auteur ont beaucoup plus immortalifé que fes propres Ouvrages, étoit de Rouen. Il mourut d'apoplexie à Paris, au mois de Janvier 1693. On a recueilli dans un feul volume in-12. fes Tragédies, qui font Pirame & Thisbé; Tamerlan, ou La mort de Bajazet; La Troade; Phèdre & Hippolite; Statira, fille de Darius & veuve Alexandre; & Regulus, qui malgré les défauts, doit être compté parmi les bonnes Tragedies. Cette Pièce, que Pradon avoit donnée en 1688. étoit entiérement o:Liée, lorfque Baron la fit remettre au Théâtre en 1722. ou 1723. Elle eut alors un fuccès très-éclatant. Pradon n'eft point Auteur de la Tragédie du Grand Scipion, quoiqu'elle lui foit attribuée dans cette Epigramme, que feu M. Rouffeau fit à l'occafion d'une Satire remplie d'invectives contre M. DESPRÉAUX.

Au nom de Dieu, Pradon, pourquoi ce grand courro.....
Qui contre Despréaux exhale tant d'injures ?
Il m'a berné, me direz-vous.

Je veux le diffamer chez les Races futures.
Hé! croyez-moi, reftez en paix.

Enyain tenteriez-vous de ternir fa mémoire;
Vous n'avancerez rien pour votre propre gloire;
Lt le Grand Scipion fera toujours mauvais.

Le Grand Scipion eft d'un M. de Prade, Auteur de des 2tres Tragédies encore moins connues, qui font Antibal & Silanus.

perfonnes n'aimoient point M. Racine, & dans le deffein de le chagriner, elles avoient voulu fe pourvoir d'une Pièce, qui leur fervit à faire tomber la fienne, quand elle paroîtroit. Pradon, fier de l'efpece de fuccès que fon premier Ouvrage avoit obtenu du jeu des Alteurs & de la Cabale, compofa fa Phedre par émulation, & la fit jouer fur le Théâtre de la Troupe du Roi le 3. de Fanvier 1677. deux jours après celle de M. Racine. La Cabale n'oublia rien de ce qui pouvoit contribuer à faire tomber ce dernier, & procurer un fuccès brillant à fon indigne Antagoniste.

(4) Madame Deshoulieres, amie particuliere de Pradon, qui la confultoit ordinairement fur fes Ouvrages, alla voir la premiere Repréfentation de la Tragédie de M. Racine. Elle revint enfuite Souper chez elle avec Pradon, & quelques perfonnes de fa Cabale. Pendant tout le repas on ne parla que de la Pièce nouvelle. Chacun en porta fon jugement avec l'équité, que donne la difpofition de n'ouvrir la bou

REMARQUES.

(4) Madame Deshoulieres.] ANTOINETTE du Liger de La Garde, Femme de Guillaume de La Fon de Boisguérin, Seigneur Deshoulieres, & Lieutenant de Roi des Ville & Citadelle de Dourlens, auquel elle ne furvécut que quelques mois. Cette Dame eft comptée à juste titre parmi les meilleurs Poëtes du fiècle paffé. Elle étoit très-belle, & fes talens ne pouvoient que rehauffer l'éclat de fa beauté. Elle fut reçue à l'Académie d'Arles en 1689. & mourut à Paris le 17. de Février 1694. dans fa cinquante-fixieme année, après avoir long-tems fouffert d'un Cancer au fein. Elle ne laiffa qu'une Fille, Antoinette-Thérèfe de La Fon de Boisguérin, Demoifelle Deshoulieres. Elle avoit hérité, mais dans un dégré très-inférieur, des talens de fon illuftre Mere. Elle mourut de la même maladie le 29. d'Août 1718. âgée d'environ 55 ans. En 1687. elle avoit remporté le Prix de Poëfie à l'Académie Françoife.

che qu'à la Critique & de la fermer aux louanges.
Ce fut pendant ce même foupé, que Madame Des-
houlieres fit ce fameux Sonnet, auffi dépourvu de
fel que rempli de malignité.

Dans un Fauteuil doré Phèdre tremblante & blême
(5) Dit des Vers où d'abord perfonne n'entend rien.
Sa Nourrice lui fait un Sermon fort chrétien
Contre l'affreux deffein d'attenter fur foi-même.
Hippolite la hait prefque autant qu'elle l'aime;
Rien ne change fon cœur ni fon chafte maintien.
La Nourrice l'accufe; elle s'en punit bien,
Théfée a pour fon Fils une rigueur extrême.

(6) Une groffe Aricie, au teint rouge, aux crins blonds,
N'est là que pour montrer deux énormes tetons
Que, malgré fa froideur, Hippolite idolâtre.

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Il meurt enfin, traîné par fes courfiers ingrats;

REMARQUES.

(5) Dit des Kers où d'abord perfonne n'entend rien.] Ce qu'il y a de plus remarquable, c'eft que cette Dame blâme, fans le fçavoir, une des plus belles Scè nes qui ayent jamais été compofées, & qui eft pref" que la feule chofe que M. Racine ait empruntée d'Eu» ripide dans cet Ouvrage: tant il est vrai, que

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Tel excelle à rimer, qui juge fottement ”.

C'est la réflexion, que les deux premiers Vers du Son net de Madame Deshoulieres fourniffent à l'Auteur de la Vie de M. Racine, que l'on trouve à la tête de l'Edition de fes Oeuvres, qui parut à Paris en 1736. chez Prault Fils.

(6) Une groffe Aricie, &c.] C'étoit la Demoiselle +Desaillets, Perfonne peu jolie à la vérité, mais Actrice excellente, & dont la réputation a duré long-tems au

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+ The fières Parfaict say that in the Devouillet was dead in 1670, & that the part of aricie In the d'innebaut.

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