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En priere ou en lecture.
Puis extraire de Platon,
De Plutarque & de Caton,

De Tulle & des deux Séneques-
Les fleurs latines & grecques,
Mêlant d'un foin curieux.
Le plaifant au férieux.
De-là leur efprit agile
S'égayoit dans le Virgile,
Dont la pure netteté

Ne fent que la chasteté.

· Joignons à cet amour infatigable pour l'étude. toutes les vertus perfonnelles, & tous les agréments de la fociété, nous aurons un précis de la vie de la Ducheffe de Retz. Elle étoit fille unique de Claude de Clermont, Baron de Dampierre, & de Jeanne de Vivonne, & petite-fille, par fa mere, d'André de Vivonne, Seigneur de la Châtaigneraie. Son éducation doit effrayer nos jeunes dames, dont la frai cheur du teint, & la délicateffe du tempérament, feroient altérées par une étude fi pénible. Cependant Catherine, après avoir paffé fur les livres les jours & les nuits, ne perdit rien de fa beauté ; donna le jour à dix enfants, & vécut jufqu'à foixante ans, dans une fanté parfaite. Ses connoiffances lui attirerent l'eftime des Savants, & fa douceur modefte la fit aimer des femmes les ignorants mêmes recherchoient fa compagnie ; ils fe trouvoient plus d'efprit avec elle qu'avec tout autre. Tant de qualités réunies lui procurerent un grand nombre d'adorateurs ; & parmi ceux-ci, Jean d'Annebaut, fils de l'Amiral de ce nom, fe diftinguoit par une probité reconnue, embellie par tous les avantages extérieurs. » C'étoit, »dit M. de Thou, le plus honnête homme de fon fie

cle. «Il fut choifi. Les nouveaux époux firent mutuellement leur bonheur; mais il ne fut pas de longue durée. D'Annebaut pêrit à la bataille de Dreux, victime des guerres civiles qui déchiroient la France

Sa mort ranima les espérances de ses anciens rivaux. Catherine n'avoit que vingt ans. Lorfqu'elle eut donné le temps convenable à la mémoire de fon époux, Albert, Comte de Retz, effuya fes larmes, & l'obtint en mariage. Albert étoit de l'illuftre maifon des Gondis de Florence, & poffédoit toute la faveur de Charles IX. Il avoit fuivi en France la fortune de Catherine de Médicis. Maître-d'hôtel du Roi fous Henri II, il-fut Gentilhomme de la chambre, & Maréchal de France fous Charles IX; Duc & Pair, & Général des galeres fous Henri III, il conferva fon crédit fous Henri IV. Ce n'eft pas qu'il eut des qualités affez brillantes pour fixer la fortune auprès de lui; mais il avoit toute la foupleffe d'un courtifan, fans en avoir la fierté ni la diffimulation.. D'ailleurs que ne devoit-il pas aux confeils de fa femme ? Pendant qu'il négocioit avec fuccès dans les cours d'Angleterre, d'Allemagne & de Pologne, la Ducheffe le remplaçoit auprès du Prince, & écartoit de fa perfonne tous les ennemis fecrets de la faveur de fon époux. L'on voyoit, malgré le préjugé populaire une femme favante quitter pour un inftant les Poëtes & les Philofophes de l'antiquité, & faire mouvoir les refforts de la plus fine politique. Le Roi avoit recours à elle pour les affaires étrangeres comme à la feule perfonne de la cour qui poffédât Fes langues; & lorfque l'Archevêque de Gnefne chef de l'ambaffade Polonoife vint demander le Duc d'Anjou pour Roi, madame de Retz lui fervit d'interprete, & lui caufa la plus grande admiration. Ce Prélat enchanté la prônoit par-tout, & publia dans fon pays, qu'il venoit de voir en France une merveille qui devoit exciter la curiofité de toute l'Europe. Une partie de ces éloges rejaillit fur le Maréehal de Retz; les Polonois ne pouvoient manquer de Feftimer, comme le poffeffeur d'un fi rare tréfor. Mais voici le plus beau trait de la vie de Catherine.

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Pendant l'abfence de fon époux, qui étoit en Italie, le Marquis de Belle-Ifle, fon fils, fe laissa

gagner par les Ligueurs, & réfolut de s'emparer du bien paternel. Catherine fit voir alors toute: la grandeur de fon ame. Elle affembla des foldats & fe mit à leur tête : ce mâle courage effraya les Ligueurs, diffipa les projets du rebelle, & maintint les vaffaux de la Ducheffe dans l'obéiffance qu'ils devoient à leur Roi. Henri le Grand, digne appréciateur de l'héroïfme, honora la Ducheffe de fes éloges, & la combla de fes bienfaits. Perfonne ne fut plus heureux que Catherine, & ne le mérita davantage. Elevée au-deffus des honneurs, elle voyoit autour d'elle une nombreuse famille, qui marchoit fur fes traces fa vanité étoit fatisfaite ; mais fon cœur ne l'étoit pas. Elle fongea dès-lors à mériter des biens plus durables. Après avoir fait bâtir un fuperbe château à Noify près de Mantes, elle fit bâtir au même endroit une églife, & y fonda un beau monaftere pour des Cordeliers. Elle ne furvécut que de quelques mois à fon mari, & mourut à Paris au mois de fevrier 1603, à l'âge de foixanteans. Son corps fut porté chez les Filles de l'Ave Maria, pour être inhumé auprès de celui de madame de Dampierre fa mere, Dame d'atour de la Reine Elizabeth d'Autriche, femme de Charles IX, & Dame d'honneur de Louife de Vaudemont, épouse de Henri III. Ee tombeau de Catherine fe voit encore dans cette chapelle..

Charles, fon fils, Marquis de Belle-Iffe, füt tue par un Breton en 1596. Antoinette d'Orléans, fa femme, fe fit Feuillantine, dans le chagrin où elle étoit de ne pouvoir venger la mort de fon maria, » Elle avoit fait, dit l'Etoile, l'admiration de toute » la cour, par fa beauté & fon efprit; dans fon cou» vent elle futun exemple de vertu & de pénitence. « Elle laiffa un fils. Le fecond fils de Catherine fur Henri de Gondi, Cardinal-Evêque de Paris; le troi feme, Jean-François de Gondi, premier Archevê. que de Paris; & Philippe, Comte de Joigny. De fix: filles qu'elle eut quatre furent mariées avantageufe

ment; les deux autres fe firent Religieufes à Poiffi, & retracerent dans leur couvent les vertus morales que Catherine avoit fait admirer dans le monde. CLEVES, (Anne de) Reine d'Angleterre. Voyez ANNE DE CLEVES.

CLISSON, (Jeanne de Belleville, femme d'Olivier III du nom, Sire de) fut célebre par fon courage fous le regne de Philippe de Valois. Auffi-tôt après la mort de fon époux, à qui le Roi de France fit trancher la tête à Paris le 2 d'août 1343, fur le foupçon affez léger d'une intelligence avec l'Angleterre, elle commença, dit M. de Saint-Foix, par éloigner fecrettement fon fils, qui n'avoit que douze ans : elle l'envoya à Londres ; & dès qu'elle n'eut plus à craindre pour lui, elle vendit fes pierreries, arma trois vaiffeaux, & courut la mer, vengeant la mort de fon mari fur tous les Français qu'elle rencontroit. Ce nouveau corfaire fit des descentes en Normandie, y força des châteaux ; & les habitants de cette province virent plus d'une fois, dans leurs villages embrafés, une des plus belles femmes de l'Europe, tenant l'épée d'une main & le flam→ beau de l'autre, preffer le carnage, & fixer avec plaifir fes regards fur toutes les horreurs de la guerre.

CLITE, femme de Cyzique, qui, pour ne point furvivre à fon mari, qu'elle aimoit tendrement, s'étrangla de fes propres mains.

CLODIA, courtifanne Romaine, qu'on croit être celle que le Poëte Catule célébra dans fes vers, four le nom de Lesbia. Elle étoit jeune & belle, mais plus débauchée que pas une de fa profeffion.

CLODOSVINDE, fille de Clotaire I, dit le -Vieux, Roi de France, fut femme d'Alboin, I Roi des Lombards en Italie.

: CLODOSVINDE, fille de Sigebert I, & dé Brunehaut, mariée d'abord à Autharis, Roi des Lombards, puis à Reccarede, Roi des Wifigoths en Ef pagne.

CLOTILDE, CHROTILDE ou ROTILDE, Reine

de France, femme de Clovis I, dit le Grand, étoit fille de Chilpéric, Roi des Bourguignons. Elle fut élevée dans la religion Catholique, à la cour de fon oncle Gondebaud, qui avoit vaincu & fait mourir Chilpéric, le pere de la Princeffe. Clovis, Roi de France, entendit parler des perfections de Clotilde; & fongeant à joindre le royaume de Bourgogne à fes Etats, il l'envoya demander en mariage à Gondebaud, après toutefois avoir eu le confentement de la Princeffe ; & l'ayant obtenue, il l'époufa, l'an 492, à Soiffons. Clotilde n'oublia rien pour convertir fon époux à la foi Chrétienne. Clovis ne fe rendoit pas. Etant en guerre contre les Sueves & les Bavarois, & voyant la victoire s'échapper de fes mains aux plaines de Tolbiac, il invoqua le Dieu de Clotilde, promettant de se faire baptifer s'il étoit victorieux. Il tailla les ennemis en pieces, & fe fit Chrétien. Clotilde, après la mort de Clovis, ne pouvant accorder les Princes fes fils, fe retira à Tours, où elle mourut. Son corps fur apporté à Paris, & inhumé auprès de fon époux, dans l'églife de S. Pierre & de S. Paul, aujourd'hui de fainte Genevieve. L'églife célebre sa fête le 2 de juin.

CLOTILDE, fille de Clovis & de la précé dente, fut femme d'Amauri, Roi des Wifigoths, Prince Arien, qui fit tous les efforts pour faire changer de religion à fa nouvelle épouse. Careffes, menaces, outrages, mauvais traitements, tout fut mis en ufage, & fans fuccès. Clotilde, à la fin, avertit fon frere Childebert, qui fit une irruption dans les Etats d'Amauri, le défit, & ramena fa four en France. Elle mourut dans le voyage en 531.

CLOTILDE ou CROTILDE ou DODE, Reine de France, femme de Thierri I. Voyez CROTILDE

CLUSIA, fille du Roi Thufcus, qu'un Général Romain, nommé Valerius Torquatus, fit demander à fon pere. N'ayant pu l'obtenir, il attaqua de force

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