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CHATELET, ( Gabrielle-Emilie de Breteuil, Marquife du) l'honneur de fon fexe & de notre fiecle, naquit en 1706. » Dès fa tendre jeuneffe, dit » un Auteur moderne, elle nourrit son esprit de la » lecture des bons Auteurs en plus d'une langue. » Le Taffe & Milton lui étoient auffi familiers que » Virgile: les charmes de la poéfie la pénétroient, » & jamais oreille ne fut plus fenfible à l'harmonie. » Elle favoit par cœur les meilleurs vers, & ne » pouvoit fouffrir les médiocres. Elle étoit née » avec une éloquence finguliere, & bien éloignée » de celle qui ne confifte qu'à montrer de l'ef» prit. Le mot propre, la précision, la jufteffe » étoient le caractere de la fienne; & elle eût plu» tôt écrit avec le poids & la folidité de Pascal » & de Nicole, qu'avec les agréments de madame de » Sévigné. La trempe vigoureufe de fon efprit lui » donna un attrait pour les fciences abftraites, & » elle fe livra toute entiere à l'étude des mathé» matiques. Du fruit de fon travail, on vit d'abord » éclorre une explication de la philofophie de Léib»nitz, fous le titre d'Inftitutions de Phyfique » in-8°, & adreffées à fon fils. Le Difcours pré» liminaire, qui y est en tête, est un chef-d'œuvre » de raison & d'éloquence. Dans le refte du livre » elle rend les imaginations de Léibnitz intelligibles, » ce qui n'est certainement pas peu de chofe; mais » après en avoir rendu compte, elle fait com» prendre qu'elle ne goûte point fon fyftême des » monades & de l'harmonie préétablie. Elle fe con» tente de le regarder comme ingénieux, & d'en » faire le même cas que des trois éléments de Def» cartes. Dans la fuite, elle donna un Traité de » la nature du feu, in-8°.

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» Ce qui étoit beaucoup & bien extraordinaire "pour une femme je veux dire de favoir la » géométrie ordinaire, ne fut pas affez pour elle. Elle entra dans la carriere que Newton avoit ouverte, & pofféda fi bien

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homme avoit enfeigné, qu'elle vint à bout de "" le traduire & de l'éclaircir par un Commentaire », ce qui forme deux volumes in-4°. Il faut remar», quer que le livre de Newton eft en latin, & que ,, rien n'eft plus difficile que de lire des chofes abftrai,,tes dans une langue étrangere. Auffi regarde-t-on ,, cet ouvrage comme le chef-d'œuvre de madame ,, du Châtelet, & la preuve de la force de fon ,, efprit. Il a pour titre, Principes mathématiques de la philofophie naturelle; & il eft connu fous le nom de la Phyfique de Newton. Mais il faut dire en même temps que cet ouvrage, en lui coû,, tant un travail infini & de longues veilles, ufa fon ,, tempérament, & la mait au tombeau...... Elle mourut en 1749, à l'âge de quarante-trois ans. « CHATTE. (madame de la) Voyez VILLEDIEU. CHATILLON, (Marie de) Reine de Naples & de Sicile. Voyez MARIE DE CHATILLON.

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CHATILLON, ( Jeanne de) Comteffe de Blois. Voyez JEANNE DE CHATILLON.

CHELIDONIS, maîtreffe de Verrès, ce Préteur ou Magiftrat Romain dont Cicéron rapporte au long les brigandages. Elle dut être femme de mérite, fi l'on en juge par le goût qu'avoit Verrès pour les belles chofes. Elle eut du moins beaucoup de pouvoir fur fon efprit; enforte que ceux qui vouloient obtenir quelque grace du Préteur étoient obligés de faire leur cour à fa maîtreffe. » Le beau, pere, l'oncle & l'un des tuteurs d'un pupille ,, le voyant menacé d'un grand procès, s'adreffe,, rent à Marcus Marcellus, autre tuteur du jeune ,, garçon. Marcellus alla prier Verrès de protéger l'innocence du pupille, & n'obtint aucune promeffe. Ce fut alors que, toute autre porte étant fermée, on recourut à Chelidonis. On la trouva toute environnée de plaideurs ; & il fallut, avant ,, que d'avoir audience, la laiffer expédier bien des ,, gens. Enfin on eut fon tour; on lui expofa l'af◄ ,, faire, on lui demanda fes bons offices, & on

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» lui promit de l'argent. Elle leur répondit en cour»tifane je vous fervirai de tout mon cœur ; je lui » en parlerai de la bonne forte. Mais, le lendemain » elle déclara qu'elle n'avoit pu le fléchir, & qu'il » attendoit de ce procès une groffe fomme...... » Les Avocats confultants n'avoient rien à faire, » on n'alloit plus chez eux; on n'alloit que chez » Chelidonis: c'étoit elle qui régloit les jugements, » le Préteur caffoit fes fentences, & en prononçoit » de toutes contraires les unes aux autres, felon » qu'elle le lui fuggéroit. Cicéron décrit cela extrê» mement bien. « Ce paffage, tiré de Bayle n'apprend rien fans doute de bien furprenant au lecteur; mais ce qui doit le paroître, & ce qui l'eft en effet, c'eft que Chelidonis inftitua, par fon teftament, Verrès fon héritier.

CHELONIDE, Lacédémonienne, femme d'ACrotate. Voyez LACÉDÉMONIENnes.

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CHELONIS, fille de Léonidas, Roi de Lacédémone, & femme de Cléombrote auffi Roi de Lacédémone, vers l'an 484 avant J. C. fe trouva, dit Bayle, dans un embarras fort délicat, dont elle se tira non pas en habile femme mais en héroïne de roman. Une faction fi redoutable s'éleva dans Lacédémone contre Léonidas en faveur de Cléombrote, que le premier fut contraint de fe refugier dans un afyle, & que le dernier fut élevé fur le trône. Chelonis, bien loin de prendre part à la fortune de fon mari, fe retira dans le même temple que fon pere. Quelque temps après, on permit à Léonidas de fe retirer à Tégée. Chelonis y fut avec lui la compagne inféparable de fa mauvaise fortune. A fon tour, Cléombrote eut befoin de la franchife d'un temple. Léonidas fut rappellé, & remonta fur le trône. Alors Chelonis quitta fon pere, & alla trouver fon mari. Ce fut un fpectacle très-digne d'admiration que de la voir intercéder pour fon mari auprès de fon pere, réfolue de partager avec celui-là l'état de la difgrace,

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quoiqu'elle n'eût point participé à fon bonheur, & de ne point partager avec fon pere l'état de profpérité, quoiqu'elle eût pris part à fon infortune. Léonidas vint trouver à main armée fon gendre, dans l'afyle où il fe tenoit, & lui reprocha avec toute l'aigreur imaginable les injures qu'il en avoit reçues, la perte du trône, l'exil & ce qui s'enfuit. Cléombrote n'avoit rien à répondre. Sa femme parla pour lui, & le fit d'une maniere fi forte & fi touchante, en proteftant même qu'elle mourroit avec fon mari, en cas que fes larmes & fes prieres fuffent inutiles, qu'elle lui fauva la vie, & lui obtint la liberté de fe retirer où il voudroit. Entr'autres chofes, elle repréfenta à fon pere qu'il faifoit l'apologie de fon gendre, & qu'elle avoit fait, par fa conduite, un manifefte contre fon mari. » Si mon » mari, difoit-elle, avoit eu quelques raifons fpé»cieuses de vous ôter la couronne, je les réfutois » je portois témoignage contre lui, en le quittant pour vous fuivre; mais fi vous le faites mourir » ne montrerez-vous pas qu'il a été excufable? N'apprendrez-vous pas au monde qu'un royaume » eft quelque chofe de fi grand & de fi digne de nos vœux, que l'on doit, pour se l'affurer, répandre le fang de fon gendre, & ne tenir aucun compte de la vie de fes propres enfants? « Après que Léonidas lui eut accordé la vie & la liberté de Cléombrote, il la pria tendrement de demeurer avec lui; mais elle s'en excufa ; & donnant à tenir

fon mari l'un de fes enfants, pendant qu'elle tenoit l'autre, elle alla faire fes prieres auprès de l'autel; après quoi elle partit avec fon mari pour le lieu de leur exil.

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CHEMERAUT, ( Madeleine de) native de Poi& parente de la favante Catherine des Roches, fe fit connoître, dans le feizieme fiecle par plufieurs petits ouvrages en vers & en profe. Ses Sonnets fur-tout furent eftimés.

CHERESTRATE, mere du Philofophe Epicure

CHERON, (Elizabeth-Sophie) naquit à Paris le 3 d'octobre 1648, de Henri Cheron, fon pere, 3 Peintre & Calvinifte, qui n'eut pas moins de foin de lui apprendre fes opinions que de l'inftruire dans fon art. Elle excella bientôt dans le deffein & dans toutes les autres parties qui forment les grands Peintres; mais fi fes progrès dans la peinture cauferent de la joie à ce zélé partifan de Calvin, il eut, d'un autre côté, la douleur de voir fa fille abandonner les idées de ce novateur, pour embraffer la religion Catholique. Elle fe maria,' depuis fa converfion, avec M. le Hay, Ingénieur du Roi. Elle ne réuffit pas feulement à peindre des portraits, mais elle entendoit fort bien la figure; & l'on a des tableaux de fa compofition, dont les gens de goût font beaucoup de cas. M. le Brun lui procura un honneur fingulier, en la faifant affocier à l'Académie royale de peinture & de fculpture. Elle favoit auffi fort bien la mufique, poffédoit les langues favantes, & avoit beaucoup de talent pour la poéfie. Les traductions qu'elle a données en 1693, de quelques Pfeaumes & Cantiques en vers fur le texte hébreu, font affez eftimées. Elle a laiffé beaucoup d'autres poéfies qui n'ont pas été imprimées. L'Académie des Ricovrati de Padoue l'avoit honorée du titre d'Académicienne en 1699. Elle mourut à Paris, le 3 de feptembre 1711, ágée de foixante-trois ans.

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CHÉTARDIE, (Françoife Trotti de la) Abbesse d'Effey, bourg de France en Normandie, fe renrecommandable par fon efprit, par fes talents & par fon éminente vertu. Elle eut l'avantage d'être bénie, en 1684, par le grand Boffuet, Evêque de Meaux, qui avoit pour elle une eftime particuliere. Le faint Abbé réformateur de la Trappe lui accorda auffi la fienne, & entretenoit avec elle un commerce de lettres. Madame la Ducheffe de Guife qui, lorfqu'elle n'étoit point à la cour, réfidoit à Alençon, la venoit voir fouvent, & ne ceffoit de

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