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DE FONTENELL E.

BERNARD LE BOVIER, écuyer, sieur de

FONTENELLE, secrétaire ordinaire de S. A. S. Monseigneur le duc d'Orléans, de l'Académie Françoise, de celle des Inscriptions et Belles - Lettres de celle de Rouen, membre de la Société Royale de Londres, et de l'Académie de Berlin, naquit à Rouen le 11 Février 1657, de François le Bovier, écuyer, sieur de Fontenelle, sous - doyen des Avocats au Parlement de Rouen, et de Marthe Corneille, propre sœur des célèbres Pierre et Thomas Corneille.

Les deux familles dont sortoit Fontenelle étoient anciennes; elles pouvoient se parer de belles alliances, et d'avoir long-temps rempli les plus considérables magistratures de la province; et il étoit en état de prouver, par des titres authentiques, plus de trois cent ans de noblesse : mais nous n'insisterons pas plus long-temps sur ce point. Fontenelle faisoit lui-même la principale gloire de sa famille, et pouvoit, sans aucun risque, négliger l'avantage de la naissance.

Il fit ses premières études au collége des Jésuites de Rouen. Jamais peut-être talens ne se développèrent de si bonne heure que les siens, et jamais

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espérances ne furent moins trompeuses. Si ce n'étoit un fait de notoriété publique, nous n'oserions presque avancer qu'à l'âge de treize ans il composa un poëme latin sur l'Immaculée Conception, et moins encore que cette pièce concourut avec applaudissement au prix des Palinods de Rouen. La circonstance de l'âge rend ce petit ouvrage un des plus surprenans qu'ait produits Fontenelle.

Après ce que nous venons de dire, il est presqu'inutile d'ajouter qu'il brilla beaucoup dans ses humanités. La vérité de l'histoire ne nous permet pas de dissimuler qu'il n'eut pas d'abord le même succès en philosophie. Ce n'étoit pas au reste absolument à lui qu'il falloit s'en prendre; celle qu'on enseignoit alors, n'en avoit presque que le nom. Mais il eut bientôt entrevu les charmes de la vraie philosophie au travers du jargon barbare et des questions inutiles dont on sembloit prendre plaisir à l'envelopper, et laissa bien loin derrière lui ceux qui couroient cette même carrière.

Fontenelle passa à Rouen les quatre premières années qui suivirent ses études. Ce fut pendant ce temps qu'il traduisit, en vers françois, quelques-unes des pièces du P. Commire. Ces traductions ont été imprimées dans le recueil des ouvrages de ce Père.

Il vint pour la première fois à Paris à l'âge de dix-neuf ans, conduit par son oncle, Thomas

Corneille, qui travailloit alors, avec de Visé, au Mercure Galant. Bientôt le jeune neveu fut associé à ce travail, et enrichit le Mercure de plusieurs petites nouvelles intéressantes qui furent très-bien reçues du Public. Son séjour ne fut cependant que de quelques mois. Dès l'année suivante, de Visé annonçant une pièce de vers de Fontenelle, en fait un très-grand éloge, dans lequel il se plaint de son séjour à Rouen. Cette petite pièce, qui avoit pour titre l'Amour noyé, ne se trouve dans aucune édition de ses ouvrages, non plus qu'un grand nombre de badinages ingénieux, mais relatifs à des aventures particulières, dont il ornoit les Mercures de ce temps-là. Avant ce voyage, il avoit déja concouru pour le prix de l'Académie Françoise, et avoit obtenu l'accessit.

Les vœux de ceux qui connoissoient les talens de Fontenelle, furent accomplis. Il vint s'établir à Paris en 1679, et ne tarda pas à justifier la bonne opinion qu'on avoit déja prise de lui. Nous ne pouvons cependant dissimuler que le premier pas qu'il fit fit une espèce de chûte. Il débuta par une Tragédie qui ne réussit point; mais ce mauvais succès n'intéresse que bien peu sa gloire. Il étoit naturel que le neveu des Corneille essayât le cothurne tragique. Il avoit eu grande part à l'Opéra de Psyché et à celui de Bellerophon, qui ont été donnés sous le nom de Thomas Corneille, et qui

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