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JUGEMENT

DE PLUTON

SUR LES DEUX PARTIES

DES NOUVEAUX

DIALOGUES DES MORTS.

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ÉPITRE

A MONSIEUR

L. M. D. S. A.

MONSIEUR,

TENEZ-M'EN Compte si vous voulez; sans vous, je n'eusse point fait le jugement de Pluton. Je vous ai dit bien des fois qu'il n'y avoit rien de plus inutile, ni en même

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temps de plus aisé, que de faire des critiques. Critiquez tant qu'il vous plaira, faites-vous revenir quelqu'un de son premier jugement? personne du monde. Et puis, pourquoi feroit-on revenir les gens? Leur premier jugement a souvent été fort bon. Pour la facilité, vous demeurerez d'accord qu'on en a assez à découvrir les défauts d'autrui. Tout paresseux que je sois, je voudrois être gagé pour critiquer tous les livres qui se font. Quoique l'emploi paroisse assez étendu, je suis assuré qu'il me resteroit encore du temps pour ne rien faire. Aussi n'admire -t-on pas beaucoup la pénétration avec laquelle un critique démêle ce que l'on peut condamner dans un ouvrage : ou bien on avoit pas encore apperçu les défauts, et alors on ne convient pas avec lui qu'ils y soient; ou bien on les avoit apperçus, et on lui ôte la gloire de sa remarque. En

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n'en

un mot, ou il a été prévenu par son lecteur, ou il n'en est pas suivi. A ce compte, pourquoi ai-je fait une critique? Est-ce pour m'opposer au succès des Dialogues des Morts? Je n'ai pas tant d'autorité auprès du public. Est-ce pour montrer qu'il se trouve des défauts par-tout? Ce ne seroit rien de surprenant. Est-ce enfin pour donn à entendre que je ferois quelque chose de meilleur que ce que je critique? Moins encore cela que tout le reste. Quoi donc ? je ne sais si on voudra bien croire que cette mauvaise critique des Dialogues des Morts, que nous lûmes en manuscrit, vous et moi; cette critique qui ne critiquoit rien, mais qui en récompense disoit des injures, nous donna l'idée d'en faire une plus sévère à l'égard de l'ouvrage, et plus honnête à l'égard de l'auteur. Nos premières pensées nous réjouirent, et vous voulûtes que je travaillasse.

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