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III. —Elles s'acquièrent à la lumière de la raison pratique. L'homme est un agent libre, destiné à une fin; c'est un être moral. Sa raison n'est donc pas seulement spéculative mais encore pratique. (Psyc. exp. § 20) Dès lors, elle est capable de voir ce qui, dans les actions humaines, est convenable, et ce qui ne l'est pas, ce qui doit être, et ce qui doit n'être pas. Donc c'est à la lumière de la raison pratique que les actions se présentent comme chose convenable ou non convenable, juste on non juste, etc. Donc les idées morales, etc.

S47. Remarquons en finissant que nous ne faisons pas dériver les idées morales de l'expérience. Nous disons seule. ment qu'elles s'acquièrent dans l'expérience. Ce qui est tout autre chose. L'expérience n'offre pas la moralité et les sens ne sauraient la saisir. Mais ce qui est hors de l'action des sens n'est pas hors de la portée de l'entendement.

S 48. Nous venons de voir dans cette leçon et dans celle qui précède quelle est l'origine et la formation des idées. Sommes-nous au terme de nos recherches? Non. Le problème posé en tête de ce chapitre n'aurait pas de solution véritable, si l'on ne tenait pas compte des conditions extérieures qui concourent à la production des idées. Ces conditions, quelles sont-elles? Nous le verrons dans ce qui va suivre.

LEÇON V.

des CONDITIONS EXTÉRIEURES DU DÉVELOPPEMENT INTELLEC

Etat de la question.

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TUEL.

Influence externe dans l'exercice de l'entendeNature de cette influence. - Conditions de son efficacité.

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S49. Non; le travail de l'entendement dans la production des idées, dans l'acquisition des connaissances n'est pas le résultat de la spontanéité absolue du principe pensant. Ce travail, pour être le déploiement d'une énergie intérieure, immatérielle, sui generis, est loin de s'accomplir sans aucune influence externe. Mais cette influence indispensable à l'exercice de l'activité intellectuelle, quelle est-elle? Examinée dans sa valeur propre, elle se réduit soit à l'expérience, soit à l'action sociale. La première présente les différents objets par les phénomènes qu'ils produisent. La seconde les présente par l'intermédiaire des signes, tels que les gestes, la parole, l'instruction; elle est appelée action sociale, parce que, par le moyen des signes, les hommes se communiquent, s'échangent leurs impressions diverses. Les signes sont donc les éléments de la vie sociale; sans eux tout esprit serait étranger pour un autre esprit. Ainsi l'expérience et l'action sociale, telle est la double influence que subit le développement intellectuel. Il faut établir l'une et l'autre. Commençons par la thèse suivante.

PROPOSITION PREMIÈRE.

L'intelligence ne se développe que sous l'influence de conditions extérieures.

Cette thèse, comme on le voit, est générale; elle sert de fondement à tout ce qui va suivre. Voici comment nous la prouvons :

I. Les idées ne sont point innées, mais acquises. D'autre part, dans l'ordre d'acquisition, la connaissance sensible précède la connaissance de l'intelligible, et les premières idées s'acquièrent dans l'expérience; donc supprimez celle-ci et l'entendement demeure sans exercice faute d'objet qui tombe sous son pouvoir d'aperception. Aussi Bossuet, après avoir signalé la supériorité de l'entendement sur les sens, a soin d'ajouter : « Il faut pourtant reconnaître qu'on n'entend point sans imaginer, ni sans avoir senti; car il est vrai que par un certain accord entre toutes les parties qui composent l'homme, l'âme n'agit pas, c'est-àdire ne pense et ne connaît pas, sans le corps, ni la partie intellectuelle, sans la partie sensitive. » (III, 14.) Donc, dirons-nous avec V. Cousin: «Otez l'expérience, rien dans les sens, rien dans la conscience, par conséquent rien dans l'entendement. Cette condition même est-elle la loi absolue de l'entendement? Ne pourrait-il pas juger encore et se développer sans le secours de l'expérience, sans une impulsion organique, sans une sensation? Je ne l'affirme point et je ne le nie point : hypotheses non fingo, comme disait Newton, je ne fais pas des hypothèses, je constate ce qui est, sans savoir ce qui pourrait être, ce qui sera, ce qui fut. Je dis que, dans les limites de l'état présent, c'est

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$ 49. Non; le travail de l' tion des idées, dans l'acquis pas le résultat de la spontane sant. Ce travail, pour être intérieure, immatérielle, s plir sans aucune influence indispensable à l'exercice est-elle? - Examinée de duit soit à l'expérience. présente les différents produisent. La second des signes, tels que le est appelée action s. signes, les hommess pressions diverses vie sociale; sans e autre esprit. A la double infl. tuel. Il faut c

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ume, être mixte, est donc soumis à des leures dans l'exercice de ses facultés. Ceci - de quelle nature est l'action que ces condiir la puissance intellective.

PROPOSITION deuxième.

it l'influence extérieure exercée sur l'entenn action n'est jamais celle d'une cause effiis celle d'une cause matérielle et instrumentale trice.

action de cette influence n'est pas, etc. Supla donnée expérimentale, quelle que soit sa naluit l'idée, l'engendre, c'est réduire l'intelligence ze capacité de recevoir des idées. Or, une semblaosition est inadmissible, donc, etc. En effet, elle à l'intelligence une propriété inhérente à tout être celle d'être cause de ses actes. (Psyc. exp. chap. II. 1.) Et partant elle défigure le sujet pensant, la plus de toutes les causes de ce monde. C'est rentrer dans éorie de Mallebranche que nous avons combattue plus (28); et en outre faire de l'intelligence une espèce casier qui s'emplit d'idées, une tablette qui se laisse ire, et par conséquent lui prêter un caractère de passité démentie par l'expérience. D'ailleurs toute action exerne suppose une force interne qui lui soit égal

II.

Son action est celle d'une cause

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