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DE Scu. que par l'efprit ; & elle n'avoit pas moins de

SCU

DERY.

vertu que de fçavoir.

Quatrain.

EN voyant ces œillets qu'un illuftre Guerrier

Arrofa d'une main qui gagna des batailles,
Souviens-toi qu'Apollon bâtiffoit des murailles;
Et ne t'étonne point que Mars foit Jardinier. L
MADRIGA U X.

Sur la mort de la Reine Mers.

ANNE, dont les vertus, l'éclat & la grandeur
Ont rempli l'Univers de leur vive fplendeur,
Dans la nuit du tombeau conferve encor fa gloire,
Et la France à jamais aimera fa mémoire.
Elle fçut méprifer les caprices du fort,
Regarder fans horreur les horreurs de la mort,
Affermir un grand trône & le quitter fans peine;
Et pour tout dire enfin, vivre & mourir en Reine.

1 Mademoiselle DE SCUDERY étant allé à Vincennes, peu de jours après que le Prince de Condé en fut forti, on lui montra des pots d'œillets que ce grand Prince avoit pris plaifir à cultiver lui-même; & elle écrivit auffi-tôt fur une ardoife ces quatre vers. Un fi joli impromptu vaut une piece mélitée; & peut-être qu'en rêvant beaucoup, omne pourroit rien trouver de plus heureux ni de plus juste. Penfées ingénieufes du Pere Boubours..

Aux Poëtes.

Vous à qui les neuf Sœurs au milieu du repos
Ont appris à chanter les hauts faits des Héros,
A notre Conquérant venez tous rendre hommage.
Par des Vers immortels célébrez fon courage;
Et n'appréhendez pas que la pofterité
Puiffe vous accufer de l'avoir trop vanté.
Quoi que vous puiffiez dire en célébrant la gloire,
Vous le ferez moins grand que ne fera l'Hiftoire.

Sur les victoires du Roi pendant l'hiver.
LES Héros de l'Antiquité
N'étoient que des Héros d'été,

Qui fuivoient le beau tems comme les hirondelles :
La victoire en hiver pour eux n'avoit point d'aîles;
Mais malgré les frimats, la neige & les glaçons,
LOUIS eft un Héros de toutes les faifons.

Sur la rapidité de fes conquêtes.

LOUIS plus digne du trône
Qu'aucun Roi que l'on ait vu,
Enfeigne l'art à Bellone
De faire des impromptu.
C'est une chofe facile
Aux difciples d'Apollon,
Mais ce Conquérant habile

A plutôt pris une ville

Qu'ils n'ont fait une chanfon.

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DE SCU

DERY,

Au même.

DE's que tu fais un pas l'Europe eft en allarmes,
Et contre l'effort de tes armes

Rien ne la pourroit foutenir,

Mais dans un calme heureux tu gouvernes la Terre:
Quand on peut lancer le tonnerre,

Qu'il eft beau de le retenir !

A la Reine.

ETRE Reine, être belle, être jeune, être fage,
Partager pour toujours le deftin d'un Héros,
Etre mere d'un fils qui dès fon premier âge
Apprend à méprifer les douceurs du repos :
THERESE, ce bonheur eft fi digne d'envie,
Qu'on ne peut fouhaiter un fort plus fortuné,
Ni demander au Ciel pour votre illuftre vie,
Que de vous conferver ce qu'il vous a donné.
A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN,
Le jour qu'il reçut le nom du Roi.

SÇAVEZ-VOUS bien le prix du grand nom qu'on
vous donne ?

Prince, par mille exploits il faut le mériter.
Tout l'Univers le craint, la gloire l'environne:
Il n'en fut jamais un fi pefant à porter.

Sur la naiffance de M. le Duc de Bourgogne.
VENEZ, heureux Enfant, venez à la lumiere.
Vous allez commencer une illuftre carriere,,

Et le Soleil qui naît aux bords de l'Orient,

N'a à fa naiffance un éclat fi riant.

pas Tout brille autour de vous; les jeux, les ris, la

gloire

Parent votre berceau comme un char de victoire:
Mais, ô divin Enfant ! quand on fort de Héros,
On ne vit pas long tems dans les bras du repos.
Hârez-vous; que le corps, l'efprit & le courage
Forcent les lois du tems, & les régles de l'âge:
Paffez rapidement les frivoles plaifirs,
Et concevez bien-tôt d'héroïques defirs.
Vous pourrez furpaffer tous les Princes du monde,
De vos premiers exploits couvrir la Terre & l'On-

de

Digne de votre nom, être chéri de tous,
Et voir toujours Louis bien au-dessus de vous
Eclairer tous vos pas, vous fervir de modelle,
Etre du Roi des Rois une image fidelle,
Le bonheur des François, l'ame de fes Etats,
Et l'exemple éternel de tous les Potentats.

La Nymphe de la Seine au même Prince.

NOUVEAU Prince, dont l'origine
Toute grande, toute divine,
Vous montre une fuite de Rois,
Digne du fceptre des François,
Plufieurs LOUIS, un CHARLEMAGNE,,
Un HENRI, terreur de l'Espagne,

DE SCU

DERY.

DE SCU

DERY

Vainqueur de fes propres fujets,
Qui m'enrichit de fes bienfaits,
Vous fçaurez bien-tôt leur hiftoire:
Mais pour aller droit à la gloire,
Croyez-moi, tous ces Rois fi grands,
Juftes, pieux, ou Conquérans,
Leur bonté, comme leur puissance,
Leur valeur, comme leur prudence,
Enfin tous leurs faits inouis,
Vous les trouvérez en Louis.

A MADAME LA DAUPHINE,

Après la prise de Philisbourg.

Il revient ce Vainqueur, belle & fage Princesses
Ses lauriers font à vous, & toute sa tendresse.`
Le Ciel en cet heureux retour

Accorde toutes vos demandes.

Dites-nous feulement quelles font les plus grandes,
Les douceurs de la gloire, ou celles de l'amour.

Sur ce que M. le Duc de Bourgogne se plaignoit
qu'on l'eût comparé à l'amour.

PRINCE, confolez-vous d'être un petit Amour: Imitez bien LOUIS, vous ferez Mars un jour.

Sur le Portrait du Duc de Montaufier.

C'EST-LA de MONTAUSIER l'héroïque vifage: C'est-là fon air fi grand, & fi noble, & fi fage;

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