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Aux injures de l'air il n'est point expofé; Son tronc eft vénérable en la côte voisine : Et par les pures eaux dont il est arrofé, Produit des rejettons dignes de fa racine.

Ainfi l'homme qui fuit l'abord des médifans, Et marche dans la voye où le Seigneur l'adreffe, De l'honneur qu'il acquiert en l'avril de fes ans, A pour la récompenfe une heureuse vieillesse.

Il met fon espérance en la Divinité;

Il lui donne fon cœur pour offrande & pour temple;

Et sa vertu renaît en sa postérité,

Par fa faine doctrine, & par fon bon exemple.

Mais l'éclat des méchans, leur gloire & leurs

plaisirs,

S'envolent comme font les fables des rivages,
Qui fervent de jouet à ces jeunes Zéphirs,
Qui ne font point encore employez aux orages.

De ces cœurs endurcis les cris font fuperflus ; Dieu rendra leurs langueurs fans fin & fans pa

reilles :

Leurs pleurs & leurs foûpirs ne le toucheront plus ;
Sa justice eft
pour eux fans yeux & fans oreilles.

RACAN

RACAN.

DU PSEAUME XVIII.

Preuves inconteftables de la puiffance & de la gloire de Dieu.

Tor qui de l'Eternel contemples les miracles,
Les feux du firmament font-ils pas des oracles,
Dont le filence parle & s'entend par les yeux ?
Et le pouvoir qu'ils ont deffus * notre naiffance,
Peut-il venir d'ailleurs que de cette puiffance
Qui tient ferme la Terre, & fait mouvoir les Cieux ?

L'ordre continuel dont depuis tant d'années L'on voit naître & finir les nuits & les journées, Et mesurer leur cours d'un fi jufte compas ;

N'est-ce

-ce pas un chef-d'œuvre où chacun peut cont
noître

Que ce grand Artifan, de qui tout prend fon être,
Ne fait point au hazard les choses d'ici-bas?

Ces vifibles effets d'une caufe invisible,
Ces fuprêmes grandeurs, cette Effence impaffible,
Exigent de nos cœurs l'honneur qui leur est dû :
Ils prêchent aux Gentils, ils prêchent aux Sauvages,
Et dans tout l'Univers il n'est point de langages
Où leur difcours muet ne puiffe être entendu..

C'eft de-là qu'à fa force égalant fa juftice,
Un jour Dieu fortira pour détruire le vice:

Tel

Tel qu'un puiffant Géant au combat préparé,
Il atteindra partout, tout craindra fon tonnerre,
Ses yeux verront partout & par toute la Terre,
Rien n'eft fi ténébreux qui n'en foit é airé.

Il n'eft point d'ignorant que fes œuvres n'inf-
truifent;

Il n'eft point de méchant que fes lois ne réduisent;
Chacun diversement eft appellé de Dieu :

Mais les cœurs généreux qui peuvent fans con

trainte

Faire pour fon amour ce qu'on fait pour la crainte,
Comme les plus parfaits, auront le plus haut lieu.

Ainfi qu'aux réprouvez la peine eft afsurée,
Ainfi la récompenfe eft aux bons préparée,
Loin de tous les malheurs dont nous fommes trou-
blez;

L'or n'a point de beautez qui foient fi désirables,
Ni le miel le plus pur, de douceurs comparables
Au moindre des plaisirs dont ils feront comblez,

Heureux fera le cœur délivré de tout vice,
Qui donnant à fon Dieu fa vie & fon fervice,
Se rend digne des biens qui lui font destinez !
Et qui de fa raifon connoiffant l'impuissance,
Quand il a des penfers trop remplis de licence,
Les étouffe en fon cœur auffi tôt qu'ils font nez?,
Tome II,

E

RACAN.

Souverain Roi des Rois, Providence éternelle, RACAN. Qu'en la mer de ce monde à toute heure j'appelle, Mon Dieu, mon Rédempteur, ma vie & mon

fupport;

Puifqu'à tous mes befoins tes bontez toujours prêtes,
M'ont déja tant de fois retiré des tempêtes,
Acheve ton ouvrage, & me conduis au port.

DU PSEAUME LXII.

David uniquement épris de l'amour de Dieu, n'afpire qu'au bonheur de le glorifier

éternellement.

QUAND fera-ce, SEIGNEUR, que je me pourrai dire

Habitant de l'Empire

Où le flambeau du jour ne luit que fous tes pas

?

Quand fera-ce, SEIGNEUR, que la prifon mortelle
Qui m'arrête ici-bas,

Me laiffera jouir de ta gloire éternelle?

Quand je penfe en moi-même à la magnificence
De ta toute-puiflance,

Qu'on ne peut contempler que des yeux de la foi ;
Mon amc, dans ce corps efclave & vagabonde,
Eft fi fort hors de foi,

Qu'elle a peine à fouffrir les délices du monde.

Ces captifs innocens engraiffez dans nos cages,
Ces hôtes des boccages

Ces vieux, ces grands poiffons, ces animaux naif

fans,

Tous ces mets fomptueux dont ma table eft fervie,
Ne touchent plus mes fens,

Que pour les dégoûter des douceurs de la vie.

La nuit où tous les foins dans l'ombre & le filence

Calment leur violence,

Ne finit point les miens en finissant le jour :
Quand de fon voile humide elle en éteint la flam-

me,

Le feu de ton amour

Avecque plus d'ardeur fe rallume en mon ame.

Dans l'azile où je fuis à l'abri de tes aîles,
Tes graces éternelles

Joindront un jour la gloire à la tranquillité;
Et ceux qui par le fer ont ma perte jurée,
D'un glaive enfanglanté

Auront la même mort qu'ils m'avoient préparée..

Tu fermeras la bouche à l'Esprit de menfonge,
De qui l'erreur nous plonge

En un gouffre éloigné du jour & de tes yeux:
Tes faintes véritez lui déclarent la guerre,
Et font régner aux cieux

Le Prince qui maintient leur régne fur la terre.

RACAN.

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