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Mais à fa valeur extrême
Le Rhin femble s'oppofer;
Le Rhin, ou Céfar lui-même
N'ofa jamais s'exposer.
Le Roi parle. A fa parole,
Plus vite qu'un trait ne vole,
On voit nager nos Guerriers;
Et leur ardeur eft fi vive,
Que déja fur l'autre rive
Ils ont cueilli des lauriers.

Schein, ce fort fi redoutable,
Que la Nature au besoin
Eût rendu feule imprenable,
Si l'art n'en eût pris le foin :
Ce fort, d'un pays fertile

Le boulevard inutile,

N'a pû tenir qu'un 'matin;
Et fa garde défarmée,
De la triomphante armée
Eft le glorieux butin.

Que devient donc votre audace,, Peuples, nagueres fi vains?

A la premiere menace

Le fer tombe de vos mains.

Cette fiere République,

Qui crut par la politique

DE LA VI
GNE.

DE LA VÍ

GNE.

S'égaler aux plus grands Rois,
Malgré les troupes nombreuses,
Malgré les places fameules,
Se voit détruite en un mois.

Tel dans l'Elide étonnée,
Lançant des feux dans les airs,
Le fuperbe Salmonée

Crut imiter les éclairs.

Jupiter d'un coup de foudre
Fit mordre bien-tôt la poudre
A ce Grec audacieux;

Et cet enfant de la Terre,
Sentit combien.fon tonnerre

Cédoit à celui des Cieux.

Reviens, Prince magnanime;

Tant de fuccès éclatans

Ont affez puni le crime
De ces orgueilleux Titans.
Bien-tôt leurs plus belles villes,
En proye aux fureurs civiles,
Entre elles fe détruiront.:

Et les eaux qu'ils tenoient prêtes,
Pour arrêter tes conquêtes,

Bien-tôt les avanceront.

La Mufe à ces mots me quitte;

Et de honte fe cachant ?

Grand

Grand Roi, dit que ton mérite
Eft au-deffus de fon chant.
Ne fuis-je pas bien à plaindre !
Sa voix ne fçauroit atteindre
Où ta gloire a fçû monter.
Pardonne fi j'en foupire;
Mais ces faits qu'on ne peut dire,
Qui pourra les imiter?

SONNE T.

La paffion vaincuë.

LA Bergere Liris fur le bord de la Seine
Se plaignoit l'autre jour d'un volage Berger.
Après tant de fermens peux-tu rompre ta chaîne,
Perfide, difoit-elle, ofes-tu bien changer?

Puifqu'au mépris des Dieux tu peux te dégager,
Que ta flamme eft éteinte & ma honte certaine ;
Sur moi-même de toi je fçaurai me venger,
Et ces flots finiront mon amour & ma peine.

A ces mots réfoluë à fe précipiter,
Elle hâta fes pas, & fans plus confulter,
Elle alloit fatisfaire une fatale envie :

Mais bien-tôt s'étonnant des horreurs de la mort,
Je fuis folle, dit-elle, en s'éloignant du bord:
Il eft tant de Bergers, & je n'ai qu'une vie.

Tome II,

Mm

DE LA VI

GNE.

DE LA VI-
GNE.

La paffion combattuë.

VAINE Beauté, que voulez-vous de moi? Quels font vos droits, Iris, pour engager ma foi? Ah! fur mon cœur ceffez de rien prétendre:

Ceffez de le faire fouffrir:

Le Ciel ne l'a pas fait fi fenfible & fi tendre
Pour aimer ce qui doit périr.

LIVRE X.

PELISSO N.

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I

AUL PELISSON FONTANIER >

Hiftoriographe de France, Maître des Requêtes.... nâquit à Beziers en 1624. d'une famille ancienne dans la Robe. Il fit fes Humanitez à Caftres, fa Philofophie à Montauban, & fon Droit à Toulouse. Peu de tems après il vint à Paris, où le célébre Conrart fe fit un honneur de le montrer à ces premiers Académiciens, dont fa maifon étoit le rendez-vous, Tout portoit dès-lors M. PELISSON à Oublier fa Province. Il retourna cependant

Voyez dans les nouveaux Moréris les ancêtres de M. PELISSON, à commencer par Raymond, qui fut Ambaffadeur de France en Portugal, Maître des Requêtes, Fremier Préfident du Senat de Chambéry, & Commandau en Savoye pour FRANÇOIS I

PELISSON.

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