BENSERA

DE.

Et pour les faux crayons, que le tems les efface:
Mais quand vous aurez fçû l'intrigue dénouer,
Les chofes reprenant une nouvelle face,
Les Mufes reprendront le foin de vous louer.

AU MESME.

Sur le Traité de Paix, fait entre la France'
& l'Espagne.

LA Difcorde aux abois n'en peut pas relever,
Er le Ciel favorable eft tout prêt d'achever
Le préfent qu'on attend de fa main libérale.
Je vois les ennemis de haine dépouillez ;
Mais ce ne fçauroit être une paix générale,,
Tandis que la Fortune & moi ferons broüillez.

Il n'eft donc plus de guerre entre les premiers Rois.
Les peuples font contens pour une bonne fois.
Nous allons en repos danfer fur la fougere,
Voir fleurir les beaux Arts, rétablir le trafic.
C'est une portion cependant fort légere
Que d'avoir fimplement fa part au bien public:

JULES, dont la grandeur eft fans comparaifon,
Tout le corps de l'Etat vous doit fa guérison,
Et vous avez caufé l'allegreffe commune :
Mais étant poffeffeur du fruit de vos travaux,
Puis-je être fatisfait de ma bonne fortune,
Quand elle fe partage entre tant de rivaux 2

Il n'eft rien d'éclatant comme votre retour.
La Paix vous accompagne en ce glorieux jour,
Et je la reconnois à fa lente démarche.
Le déluge a ceffé ; le tems eft clair & fec.
Enfin vous revenez, de même que dans l'Arche
La Colombe revint, l'olive dans le bec.

Vous avez à la fin conduit l'heureux traité :
Et le fang qui couloit, vous l'avez arrêté
Avecque vos difcours, comme avecque des char

mes:

Le brafier eft éteint jufqu'aux derniers tifons;

Et quelque fort que

foit le fier Démon des armes, Il n'a pû foutenir le poids de vos raisons..

I

Vos labeurs vont finir, & devant qu'il foit peu à
Vous aurez achevé ce difficile noeud,

Où la paifible Europe aura tant d'avantage.
Par vous de nos deftins la gloire s'accomplit;
Et le grand jour approche, où la Seine & le Tage
Pour ne faire qu'un fleuve auront un même lit.

Mémorial pour la paix qui refte à faire à fon
Eminence.

UN doux espoir dans mon ame s'éleve,
Dont je me flate, & dont je me repais;

Devant qu'il pour avant qu'il.

BENSERA

DE.

Ne m'allez pas faire une fimple tréve;
Faites-moi, JULE, une folide paix.

Après avoir fur la Terre & fur l'Onde
Mis le repos, & fecouru fi bien

Le grand Etat du plus grand Roi du Monde,
Dépêchez-vous de fecourir le mien.

11 eft preffé d'un monftre domeftique,
Qui n'étant pas tout-à-fait fi fameux
Qu'étoit la Bêre effroyable & publique,
Ne laiffe pas d'être auffi venimeux..

Lorfque fur lui vous aurez la victoire,
Libre de foins, je ne veux plus veiller
Que pour l'honneur de cette même gloire,
Où vous venez de fi bien travailler.

Ce n'eft pas tout qu'une riche matiere,
Telle que même on la pourroit choisir,
Ni qu'un génie éclatant de lumiere;
Il faut encore un honnête loifir.

Pour célébrer un nom tel que le vôtre, Et lui donner ce qu'il a mérité,

J'ai quelque bruit, & je puis comme un autre

Dire le mot à la Pofterité.

Je puis chanter la grandeur & le nombre De vos hauts faits; mais pour y mieux rêver,

1 Il faut des bois, du repos & de l'ombre;
Et jufqu'ici je n'en ai pû trouver.

Priere pour le Roi.

Conferve-nous, Seigneur, le plus grand des mor

tels :

Notre interêt le veut, ta gloire t'en convie.
Prolonge, & s'il fe peut, éternife une vie,
L'ame de cet Empire, & l'appui des autels.

1 Carmina feceffum fcribentis

otia

quærunt. Ovid.

BENSERA
DE.

MENAGE.

gna

MENAG E.

ILLES MENAGE, un des fept Poëtes de la Pléiade Latine du dernier fiécle, & de l'Académie de la Crusca, témoidès l'enfance une forte paffion pour les Lettres. Son pere, homme de mérite › n'épargna rien pour cultiver en lui de fi belles difpofitions. Le jeune MENAGE par fon attachement à l'étude, joint à une mémoire des plus heureufes, fe rendit bien-tot familieres les Langues Grecque, Latine, Italienne & Espagnole. Il a compofé dans ces différentes Langues, ainfi dans la nôtre, plufieurs piéces de vers eftimées. On reconnoît le bon Critique & le bon Grammairien dans fes Obfervations fur les Poëfies de Malherbe, & fur la Langue Françoife. Son AntiBaillet eft plein de recherches curieuses & fçavantes: mais il feroit à fouhaiter qu'il

que

füt