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DESMA-
RETS.

Et l'accord mutuel d'un paifible commerce,
De biens & de plaifirs comblera l'Univers.

Des oreilles charme puissant,

Du luth & de la voix mêlange ravissant,
Agréable Mufique; & toi, rare Peinture,
étonnement des yeux,.

Bel art,

Dont le docte labeur imite la Nature,
Revenez pour jamais vous fixer en ces lieux.

Paffetems des humains, & la terreur des bêtes,
Le tumulte des bois, la guerre de la paix,
Qui dans les forts les plus épais

Lances les cerfs aux nobles têtes :

Toi, plaifir des cœurs modérez,

Amour des fleurs, des fruits, des ruiffeaux & des;

prez,

Doux ménage des champs, heureuse Agriculture;.
Et toi qui d'un royal féjour

Plantes les fondemens, fuperbe Architecture,
Dans ces lieux fortunez regnez à votre tour.

Amour, use tout feul & de traits & de flammes ::
Toi feul impunément exerce les larcins.
Vous feuls, aimables affaffins,

Beaux yeux, tyrannisez les ames.

Ballers, mafques, déguisemens,

Tournois & carroufels, intrigues des Amans,

Je pourrai de vous feuls fouffrir les tromperies;
Et vous, facrez Chantres des Rois,

Vos verves, vos tranfports, font les feules furies
Que pourront endurer mes équitables lois..
Politique de Céfar.

L'OR dont il eft prodigue, établit fon pouvoir;
Et fa main donne tout, afin de tout avoir.

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Un fört d'un autre fort attend la différence.
La nuit attend du jour l'admirable beauté ;
Le jour attend des nuits le repos fouhaité.
L'hiver attend le tems où la rofe boutonne.
Le printems vent l'été, qui brûle pour l'automne;
Et l'automne gémit, foulant fes vins pressez,
Pour jouir dans l'hiver de fes fruits amaffez.
Toujours fur le bonheur l'efpérance fondéé,
Nous peint du tems futur une agréable idée.
Le préfent feul déplaît & cherche l'avenir..

Papillon.

Humble ver autrefois & rampant fur les herbes, Maintenant je fends l'air de mes aîles fuperbes.

DESMA

RETS.

DESMA

RETS.

Defcription d'un Jardin fruitier.

Ici font les vergers des fruits délicieux,
La volupté du goût auffi-bien que des yeux;
Et qui tirant le fuc de la maffe fertile,
Prodiguent à nos fens l'agréable & l'utile.
Que d'enfans de la terre & vermeils & dorez !
Là font les blonds pavis de pourpre colorez ;
Là rampent les melons aux côtes féparées:
Là le raifin fi doux aux gorges alterées,
Qui réunit ensemble & le goût & l'odeur,
Sent d'un mur échauffé la pénétrante ardeur.
Arbres abattus.

J'entends un bruit confus & de coups & de voix.
Hélas! fous la coignée un arbre eft aux abbois :
Déja fon pied languit, & fa tête chancelle,
Se panchant vers la terre où fon deftin l'appelle.
D'un autre arbre plus loin un bucheron puiffant
Fend la fouche abattue, & frappe en gémiffant.

Ruiffeaux libres.

L'eau fortant des canaux s'éguaye en ces prez

verds,

Comme marche un captif déchargé de ses fers.
Elle aime mieux baifer & ces fleurs & ces herbes,
Qu'un baluftre de bronze & de marbres fuperbes.
Suivez donc, ô mes pas, ces aimables détours:
J'aimé ces lieux fleuris où me conduit fon cours.

Dans ces riches vallons je descends avec elle,
Où de mille autres eaux le murmure m'appelle..
Ici pour rafraîchir les poulmons altérez
Mainte fource jaillit fur les fables dorez.
Que l'herbe eft forte & vive en ces prez folitaires!
Que je vois naître ici de plantes falutaires !
Qué les arbres touffus y font naître de fruits!

Chênes, image de la patience.

Des fiécles vous fouffrez les immenfes longueurs,
Et des rudes faifons les diverfes rigueurs.
Tantôt le chaud vous brûle,ou l'orage vous moüille:
De feuilles tous les ans l'automne vous dépoüille;
Et tombent à vos pieds fous un vent moiffonneur,*
De vos chefs verdoyans la richeffe & l'honneur.
Vous tendez vos bras nuds pendant que la froidure,
Redemandant au ciel votre aimable verdure:
Vous foutenez fans bruit l'affaut de tous les tems,
La grêle, les frimats, les foudres éclatans,
Et des fiers Aquilons les forces orgueilleuses:
O de la patience images merveilleufes !

Trifteffe de l'Automne.

Tous ces lieux pour fix mois feront mélanco
liques,

De n'avoir du Soleil que des regards obliques.
Adieu, beaux promenoirs; je ne puis plus fortir.

DESMA

RETS.

RETS.

Dans l'enclos du palais il faut fe divertir. DESMA Auffi-bien de fes fleurs la terre est dépouillée ; Quel plaifir de fouler l'herbe toujours moüillée ? Je ne vois qu'à regret les arbres moins feuillus : Les vents leur font la guerre, & ne les flatent plus. Je ne vois qu'à regret ces couleurs différentes, Dont l'Automne fans art peint les feuilles mou

rantes.

Leur beau vert fi riant tout à coup s'eft changé
En jaune, en amarante, en rouge, en orangé.
Déja de leurs rameaux la plûpart defcenduës,
Souffrent un trifte fort fur la terre étenduës,
Où viles, fans repos, elles fervent d'ébats
Aux cruels aquilons qui les mirent à bas.

LES AMOURS DU COMPAS ET DE LA REGLE

ET CEUX DU SOLEIL ET DE L'OMBRE,

A M. le Cardinal de Richelieu.

POEM E..

ANIME' du beau feu d'une nouvelle audace,
D'un pied libre je cours aux vallons du Parnaffe;
Et la Mufe en riant me conduit par la main
Où ne marcha jamais le Grec ni le Romain.
RICHELIEU, dont les foins embraffent tout le
monde,

Et de qui la conduite, en merveilles féconde,

Sera

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