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D'ANDIL

LY.

Toi de qui l'effence immuable
N'a pour tems que l'éternité,
Grand Dieu, qui fur ta vérité

Fondes ta grandeur adorable:

A ta gloire à jamais je confacre mes vœux,
Sans vouloir poffeder ces plaifirs malheureux,
Dont les charmes trompeurs font les écueils des

ames:

Ta Grace à mon efprit fait voir un autre jour,
Me fait concevoir d'autres flammes,

Et pour toi feulement mon cœur brûle d'amour.

Sar tes infaillibles promeffes

Tétablis ma félicité;

Pour régle j'ai ta volonté,

Et

pour tréfor j'ai tes richeffes.

Mon ame dédaignant tous les mortels plaifirs,
peut défalterer la foif de fes défirs

Ne

Que dans la volupté dont toi-même es la fource;
L'unique ambition qui me fait foupirer,

C'eft de finir ici ma course,

Pour voler dans le Ciel, te voir & t'adorer.

Dans ce beau Ciel, dont les étoiles
Sont les efprits des Bienheureux,
Et toi, le Soleil amoureux

Dont la clarté n'a point de voiles.
Par l'or de tes rayons couronné de fplendeur,
Au feu de tes regards allumant mon ardeur,

Par des chants immortels je publierai ta gloire;
Je mêlerai ma voix à ces divins concerts,

Qui chantent l'illuftre victoire

D'un Dieu, qui par fa mort triompha des enfers.

Contre les Romans.

ENCHANTEURS des efprits, qui par de fauffes
peines

Allumez un vrai feu dans le fond de nos veines ;
Plus vos difcours trompeurs paroiffent innocens,
Plus leur poifon pénétre, & leurs traits font perçans,
Et moins l'efprit réfifte à l'effort de leurs charmes :
Vous troublez la raifon par de mortels plaifirs;
Vous flattez notre erreur, & lui donnez des armes
Pour combattre en nos cœurs les plus chastes désirs.

D'ANDIL

LY.

POMPON

DE POMPONNE.

L'ECLA

SONNET.

Tombeau du Duc de Veymar. 2

'ECLAT de mes vertus, & celui de ma race

NE. Ont fait revivre en moi le luftre des Céfars;-
Et le Nort étonné m’a vû dans les hazards
Suivre de mes Ayeux la généreufe audace.

Ce Roi, ce grand Héros, cet autre Dieu de Thrace,
Dont le nom glorieux vole de toutes parts,
Par moi triompha mort; & dans le ciel de Mars,
Couvert de mes lauriers, alla prendre fa place.

Fai porté sur le Rhin la terreur & la mort;
Et Brisac affervi fut le dernier effort
Qui par tout l'Univers fit craindre mon tonnerre.

Quel conquérant jamais eut un fort auffi beau?
Mon bras fe fit un trône au milieu de la guerre;
Et ce trône naiffant me fervit de tombeau.

1 Il n'eft pas décidé que ce foit le même qui a été un des plus célébres Miniftres de fon tems; mais il est au moins fûr qu'il étoit de l'illuftre Famille des Arnaulds.

2 Le Duc Bernard de Saxe-Veymar, voyant le Roi de Suede tué à la funefte bataille de Lutzen, commanda les Suedois, battit les Impériaux, fe jetta fur l'Alface qui appartenoit alors à l'Empire, & s'empara de Brifac, où il voulut fe faire une Souveraineté indépendante; mais la mort le prévint dans fon projet.

DESBARREAUX.

J

ACQUES DE VALLE'ES, Sei-
gneur DESBARREAUX, Pari- DESBAR-
fien, né en 1602. d'une Fa-
mille très - noble, a été un

des plus beaux Esprits de fon fiècle. Il
fut pourvû d'affez bonne heure d'une
Charge de Confeiller au Parlement;
mais fon averfion naturelle pour le tra-
vail, jointe à l'amour exceffif qu'il avoit
pour la bonne chere & les plaifirs, n'é-
toit guére compatible avec les devoirs de
la Magiftrature: auffi dès que fon pere eut
les yeux fermez, il quitta la Robe & fe
livra fans réserve au libertinage le plus
fcandaleux. Ses liaisons avec Théophile
acheverent d'étouffer en lui tout fenti-
ment de religion. Mais il changea bien
de langage quelques années avant fa
mort; & l'admirable Sonnet qu'il nous
a laiffé, fera pour l'avenir une double

"

REAUX.

preuve de la beauté de fon génie & de la DESBAR- fincérité de sa conversion. Revenu à luiBEAUX. même, il fit divorce avec tous les plaifirs, paya fes dettes, & ayant abandonné à fes fœurs ce qui lui restoit de biens, moyennant une rente viagere de 4000 liv. il fe retira à Châlon fur Saone. Il y mena une conduite véritablement chrétienne; & l'Evêque qui le vifitoit fouvent, en a rendu, ainfi que les plus honnêtes gens de la Ville, un bon témoignage après fa mort qui arriva fur la fin de l'année 1674. DESBARREAUX avoit fait beaucoup de Vers Latins & François, mais il n'a jamais rien publié.

SONNE T.

GRAND DIEU, tes jugemens sont remplis d'é

quité:

Toujours tu prends plaifir à nous être propice ;
Mais j'ai tant fait de mal, que jamais ta bonté
Ne peut me pardonner fans choquer ta juftice.

Oui, mon Dieu, la grandeur de mon impiété
Ne laiffe à ton pouvoir que le choix du fupplice:

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