Ses Odes & fes Paftorales font foi qu'il RAÇAN. avoit fçû profiter des leçons d'un fi grand Maître. Auffi nos plus célèbres Ecrivains lui ont-ils rendu juftice; & c'eft ainsi que M. Defpréaux, ce Critique fi difficile, en parle, Satire IX. Tout chantre ne peut pas, fur le ton d'un Orphée, MALHERBE d'un Héros peut vanter les exploits, RACAN chanter Philis, les Bergers & les bois. Sa Paraphrafe ou fon imitation en Vers des 150. Pfeaumes, n'eft pas, à beaucoup près, égale partout; mais pour peu que l'on envifage la grandeur & la difficulté Excepté le feul M. de Claville, qui dans fon Traité dų rai mérite, dit de la meilleure foi du monde, que RACAN a en autrefois quelque réputation. Cet autrefois & ce quelque font également injurieux à un Poëte, dont la réputation, déja fort grande de fon vivant, n'a fait que croître & embellir jusqu'à nos jours depuis la mort, de l'entreprise, on sera moins furpris du peu de fuccès de l'exécution. M. de RACAN RACAN. n'avoit point étudié : un de ses amis lui lut un jour quelques Epigrammes de l'Anthologie, traduites en François. Le Marquis avoüa ingénuëment qu'il n'y trouvoit ni fel ni faveur; ah! s'écria fon ami, fi vous fçaviez le Grec. L'un & l'autre étant à dîner le lendemain chez Monfieur N** on fervit un potage affez fade. L'homme au Grec qui étoit auprès du Marquis de RACAN, lui dit tout bas: Voilà une foupe bien infipide: qu'en pensez-vous? Je n'ofe pas trop vous le dire, répondit-il : c'est peut-être une foupe à la Grecque. Réponse qui fir baiffer la tête au Sçavant, & qui le mit hors de replique., Le nom de RACAN fera toujours en vénération dans l'Illuftre Corps dont il étoit membre, & dans la République des Lettres, où il s'eft rendu fi célèbre par fes ouvrages. Il est mort comme il avoit vêcu, c'eft-à-dire, avec A L'Académie Françoife, A j tous les fentimens d'un homme de fa naifRACAN. fance & d'un vrai Chrétien,, au mois de Février 1670. âgé de quatre-vingt-un an. Son peu d'attention pour fes affaires domeftiques fut en partie caufe qu'il laissa un bien fort embarraffé, quoiqu'il eût hérité, quelques années avant fa mort, de plus de vingt mille livres de rente de Madame la Ducheffe de Bellegarde, fa coufine germaine, EPIGRAM MES, A la Polixene de Moliere. I Cet Auteur, qu'il ne faut pas confondre avec l'Auteur inimitable du Milantrope, avoit fait un Roman intitulé, Polixene, qui a été fort estimé dans fon tems. RACAN parle à cette Princeffe imaginaire, comme fi elle eût été effective paent vivante. A M. DE PORCHERES D'ARBAULT, I Sur fon Poëme de la Magdelaine. CETTE Sainte, de qui tes veilles Sur un Livre du Miniftre Pierre du Moulin. BIEN que Le meilleur est toujours de fuivre Toutes ces doctrines nouvelles Ne plaifent qu'aux folles cervelles : Pour moi, comme une humble brebis, Ce Poëme n'eft point venu jufqu'à nous. S'il eft permis d'en juger par les autres Poëfies du même Auteur, il n'y a pas lieu d'en regretter la perte. RACAN. RAGAN. Et n'ai jamais aimé le change I MADRIGAL. EN vain j'ai délivré la Terre SONNETS. Epitaphe de M. de Racan, Chevalier des Or- CELUI de qui la cendre eft deffous cette pierre, Quand les Rois ont détruit avecque leur tonnerre Le pouvoir des Titans qui s'égaloit au leur, 1 Change pour changement. |