Par fa douce chaleur ramene le printems, Et ranime des fleurs la brillante peinture: Ainfi, quand les Elûs, après mille travaux, Semblent être accablez fous le faix de leurs maux, JESUS vient par la mort les affranchir de peine. Ce Soleil de juftice illuminant leurs Fait paffer leurs efprits, d'une course soudaine, Des douleurs de la terre à la gloire des cieux.
Du beau feu de l'amour brûler avec les Anges; Avoir le front orné d'immortelle fplendeur; Du Monarque infini contempler la grandeur, Et par les plus beaux chants célébrer les louanges: Sonder la profondeur de fes divins fecrets ; De fa haute fageffe adorer les décrets ;
Pour mets délicieux fe nourrir de lui-même ; Par fon Verbe divin être nommez des Dieux Ét vivre en l'unité de fon bonheur fuprême; C'est un foible crayon de la gloire des Cieux..
De la véritable Amitié.
EN trouvant un Ami vertueux & fidelle, Croi de la main de Dieu recevoir un trésor; Croi du fiécle de fer paffer au fiécle d'or; Croi voir du feu célefte une vive étincelle Il fera-ton foutien dans tes plus grands travaux; Il fera ton flambeau dans la nuit de tes maux,
Ton port dans la tempête, & ton bonheur fu prême.
C'eft ton Ange vifible & ton cher défenseur; C'eft l'efprit qui te meut, c'eft un autre toi-même ; C'est l'ame de ton ame, & le cœur de ton cœur.
VEUX-TU Voir une scene en merveilles féconde? Confidere la Cour. C'est-là qu'à tous momens Agiffent les refforts de ces grands mouvemens, Qui font changer de face au théâtre du monde : C'est là que tout excelle en l'art des fictions : C'eft-là que l'interêt régle les paffions; Ceft-là que du malheur l'infolence fe joue; C'est-là qu'à la Fortune on dresse des autels, Et que l'Ambition pour monter fur la rouë, Fait les plus grands flatteurs des plus grands des mortels.
COMME l'émail pompeux de cette fleur fuperbe, Que l'Aurore au matin arrose de ses pleurs, Et que l'Aftre du jour peint de mille couleurs, Au foir perd fon éclat, & meurt au sein de l'herbe: Comme d'un cours rapide un torrent furieux S'enfle, roule, s'enfuit, & ne laiffe à nos yeux Que les triftes effets de l'orgueil de son onde : Comme un moment voit naître & mourir un éclair
Ainfi la vanité de la gloire du monde
Eclate, fe fait craindre, & difparoît en l'air.
EXEMPTE de l'inquiétude, Et des vains travaux de la Cour, Chante, mon ame, ton amour Pour ton heureuse folitude:
Chante l'aveuglement qui porte les mortels A faire tant de vœux, & bâtir tant d'autels Au fantôme adoré fous le nom de Fortune; Chante l'Aftre éternel dont la flamme reluit Dans ce foleil & cette lune,
Qui réguent à leur tour fur le jour & la nuit.
En ce féjour où les délices N'ont que des plaifirs innocens, Je n'ai point à garder mes fens Des charmes périlleux des vices.
Le murmure fi doux du cristal des ruiffeaux, Le chant harmonieux du concert des oiseaux, Et de l'émail des fleurs là vivante peinture, Sont des voix & des traits brillans de tous côtez, Qui de l'Auteur de la Nature
Célébrent les grandeurs & font voir les beautez.
La terre de moiffons dorées Couvrant fes fertiles fillons, La riche fraîcheur des vallons,
Les plantes de leur fruit parées;
L'inégal mouvement des machines des cieux, Dont l'infenfible cours fe dérobe à nos yeux; L'azur du firmament, & le feu des étoiles, Par un nombre infini de miracles divers, Me font découvrir fous leurs voiles L'adorable pouvoir du Dieu de l'Univers.
Ainfi le Ciel, la Terre & l'Onde, Sont autant de vivans portraits, Qui me figurent les attraits
Et les beautez d'un autre Monde.
Jy vois ce Souverain qui régne fur le Sort, Qui trent entre ses mains & ma vie & ma mort, Prêt à me couronner, fi je lui fuis fidelle; Et fuyant pour jamais le fiécle & le péché, La foi, l'efpérance & le zéle,
Sont les feuls fentimens dont mon cœur eft touché.
Dans ce port exempt de l'orage,
Je confidere ces Nochers,
Qui voguant vers tant de rochers Sont fi prêts à faire naufrage. Leur efprit aveuglé se paît d'illufions; Et leur ame, fujette à tant de paffions,
Par les vents de l'erreur eft fans ceffe emportée :
Leur cœur toujours en trouble, en vain cherche la D'ANDIL
Et dans cette mer agitée,
Le calme eft un bonheur qu'ils ne virent jamais.
L'Avare, toujours dans les gênes,
De fon or fe forge des fers; Efclave du Roi des enfers,
Il gémit fous de belles chaînes.
Le lâche efféminé, qui dans les voluptez Met le comble brutal de fes félicitez, Perd le goût des plaifirs dans l'excès des délices. L'Ambitieux foupire après un faux honneur, Et vit au milieu des fupplices, Dans.ce feu qui l'embrâfe & dévore.fon cœur.
Son aveuglement déplorable Lui met la gloire à fi haut prix,- Qu'il l'achette par le mépris, Et croit ce mépris honorable.
De la Fortune feule il reconnoît les lois; Autant de Favoris lui font autant de Rois, Lui font autant de Dieux dont il eft idolâtre La Cour fert de dédale à ses égaremens, Et fur cet inconftant théâtre
Helpere ou s'afflige à tous les changemens..
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