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GOMBER-
VILLE.

Regum timendorum in proprios greges,
Reges in ipfos imperium eft Dei..

Cuneta fupercilio moventis. L. 3. Ode 1.
Curiofité de l'avenir aussi vaine que criminelle.
SCRUTATEURS des chofes futures,

Ennemis des fecrets divins,

Ne confultez plus les Devins,
Pour apprendre vos avantures.
L'art eft faux & pernicieux,

Qui dans les grands chiffres des cieux
Croit découvrir nos deftinées :

Dieu feul, comme Roi des humains,'
Tient le compte de nos années,

Et le deftin du monde eft l'œuvre de fes mains.

Prudens futuri temporis exitum

Caliginofa nocte premit Deus ;

Ridetque, fi mortalis ultra

Fas trepidat. Lib. 3. Ode 29.

Tout eft foumis à la Mort.

CE fameux Orateur, dont le puiffant discours
Ufurpa fans effort l'empire de la Grece,
Manqua d'éloquence & d'adreffe,

Quand la Mort vint couper la trame de fes jours:
Cent Rois pleins de cœur & de gloire,

Ont perdu la clarté des cieux;

Et notre grand HENRI qui fut fi cher aux Dieux,
Ne vit plus qu'en notre mémoire.

Cum femel occideris, & de te fplendida Minos

Fecerit arbitria,

Non, Torquate, genus, non te facundiæ, non te
Reftituet pietas. Lib. 4. Ode 7.

Vanité des Tombeaux.

TOMBEAUX de jafpe & de porphire',
Titres d'or, vafes précieux,

Ce que vous offrez à nos yeux,
Nous eft un grand fujer de rire.
Ces Céfars & ces Alexandres,
Qui font vos plus riches tréfors,
Que font-ils qu'un refte de cendres,
Que la flamme a fait de leurs corps ?

Nos ubi decidimus,

Quò pius Æneas, quò Tullus dives, & Ancus »,

GOMBER

VLLLE.

Pulvis

umbra fumus. Lib. 4. Ode 7.

Il n'eft point de retour à la vie.

Le tems qui produit les faisons,

Les tient l'une à l'autre enchaînées;
Et le Soleil marchant par les douze maisons,
Renouvelle les jours, les mois &: les années.
Il n'en eft pas ainfi du destin de nos jours:
Quand la Parque en borne le cours,
Nous entrons dans des nuits qui ne font point bor-

nées.

GOMBER

VILLE.

Immortalia ne fperes, monet annus &' almum
Qua rapit hora diem. Lib. 4. Ode 7.

Borner fes defirs, vraie félicité.

DANS l'heureuse cabane où le chaume me couvre,
Je goute des plaifirs qui font bannis du Louvre,
Et préfére mon fort au fort même des Rois.
Ne defirant que peu j'ai ce que je defire;
Et trouve que j'ai fait un choix

Plus grand & plus beau que l'Empire,

Pour qui mille Tirans ont détruit mille lois.

Dumex parvo nobis tantumdem haurire relinquas, Car tua plus laudes cumeris granaria noftris ? Lib. 2. Sat. 2.

Caufes funeftes de la défolation des Etats.

ARTISANS infenfez des difcordes civiles,
N'accufez point le Ciel de vos calamitez:
Vos haines, vos complots, vos partialitez,
Sont les premiers tyrans qui défolent vos villes.
Quid non profit rerum concordia?

Pouvoir de la Vertu.

CE n'eft ni la faveur des Rois,
Ni les fuffrages populaires,
Qui peuvent foumettre à nos lois
Nos plus terribles adversaires :

La vertu feule a ce pouvoir.

Elle fait qu'un efclave eft libre dans fes chaînes,

Qu'un Jufte malheureux rit au milieu des gênes,
Et que même la mort ne le peut émouvoir.

Quifnam igitur liber? fapiens, fibi qui imperiofus, Quem neque pauperies, neque mors, neque vincula terrent. Lib 2. Sat. 7.

Sonnet irrégulier.

UN peintre indigne du pinceau,
Peignoit, d'une horrible maniere,
Le fuperbe & fçavant oiseau
Qui nous annonce la lumiere.

Un vrai coq entrant d'avanture,
Où ce brouillon peignoit le fien,
Lui montra qu'il n'entendoit rien
Dans le bel art de la peinture.

Ce Peintre ignare en rougiffant,
Affouvit fur cet innocent
Ce qu'il a de rage & d'envie :

O cruelle brutalité !

Le pauvre coq perdit la vie

Pour avoir dit la vérité.

I

GOMBER

VILLE.

1 Ce Sonnet eft traduit d'une Epigramme Espagnole de Villamediana.

GOMBER

VILLE.

Epitaphe d'un homme de Lettres.
LES Grands chargent leur fépulture
De cent éloges fuperflus :

Faffant, en peu de mots voici mon avanture;
Ma naissance fut très-obscure,
Et ma mort l'eft encore plus:

Le Sage eft préparé à la mort.

LE Sage qui fçait que la vie
N'eft que le chemin de la mort,
Ne craint point d'entrer dans le port
Où fa naiffance le convie.

Souffrir ici-bas, caractere des Elûs.

AMANS de la vertu, dignes enfans des Dieux, A qui tous les méchans ont déclaré la guerre, Vous ne combattez fur la terre

Que pour triompher dans les Cieux.

A une Dame, qui pleuroit la mort de M.**

La mort d'un fi parfait Chrétien,
Illuftre & pieuse AMALTHE'E,
Ne peut être affez regretée
D'un cœur auffi pur que le tien.
Les pleurs que tu daignes répandre
Auprès du tombeau de Théandre,
Marquent ta haute piété;

Mais ce grand Homme s'en offenfe ::

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