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Ils difent que les Immortels,

De leur culte & de leurs autels

Ne doivent qu'à tes foins la pompe renaissante;
Et que ta prévoyance & ton autorité,

Sont les deux forts appuis dont l'Europe tremblante
Soutient & raffermit fa foible liberté..

Je fens que la Muse m'inspire,
Pour rendre hommage à tes vertus
Et que mes efprits abattus
S'éveillent au fon de fa lyre :
Par elle ton fein m'eft ouvert;

Je vois ton ame à découvert ;

Je vois que tu languis d'une divine flamme;
Que ton cœur eft armé de conftance & de foi;
Que ta fage conduite eft au deffus du blâme,
Et que ta renommée eft bien moindre que toi.

Je pourrois parler de ta race;

Et de ce long ordre d'ayeux,

De qui les grands noms dans les cieux
Tiennent une fi belle place;

Dire les rares qualitez,

Par qui ces Guerriers indomptez

Ajoutent tant de luftre à nos vieilles Hiftoires;
Et montrer aux mortels de leur gloire éronnez,
Quel nombre de combats, d'affauts & de victoires,
Les rend dignes des Rois qui nous les ont donnez,

CHAPE

LAIN.

CHAPE-
LAIN.

Mais j'aime mieux les grands exemples
D'amour & de fidélité,

Qui de notre âge ont mérité
Des facrifices & des temples;
J'aime mieux les penfers ardens,
Qui détournent les accidens

Dont l'aveugle Destin menace nos Provinces ;
J'aime mieux l'équité des fublimes projets,
Conçus pour réprimer les Peuples & les Princes,
Les injuftes voisins, & les mauvais fujets.

De quelque infupportable injure
Que ton renom foit attaqué,
Il ne fçauroit être offusqué,

La lumiere en est toujours pure:
Dans un paifible mouvement
Tu t'éleves au firmament,

Et laiffes contre toi murmurer fur la Terre :
Ainfi le haut olympe à fon pied fabloneux
Laiffe fumer la foudre, & gronder le tonnerre,
Et garde fon fommet tranquille & lumineux.

Tu vois à tes pieds l'injustice,
Tâcher en vain de t'offenser ;
D'un regard tu peux renverfer
Et l'infolence & l'artifice :
Ton courage aux monftres fatal,
Eft toujours plus fort que le mal;

Sur le folide honneur fa bafe eft établie ;
Le droit & la raifon l'accompagnent toujours,
Et fans que fa vigueur foit jamais affoiblie,
Qu'on céde, ou qu'on réfifte, il va d'un même

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De mifere & de fervitude:

C'est par toi feul que pour jamais,

Du mont aux deux facrez fommets, L'ignorance s'éloigne & l'erreur eft bannie; Ta main qui rend la vie à nos Etats mourans, Par qui nos Alliez fortent de tyrannie, Affranchit l'Hélicon du joug de ses tyrans.

Mais ô coupable négligence!
O Mufe, pourquoi paffes-tu
Sa plus mémorable vertu
Sous un injurieux filence?
Touche ta lyre encore un peu,

Et lui fais chanter le beau feu,

Que le bien du Public en fes veines allume;
De fon embrâlement tu connois la grandeur,
Tu fçais que dans ce feu fa force fe confume,
Et qu'il n'eft plus vivant que par fa feule ar-

deur.

СНАРЕ.
LAIN,

CHAPE-
LAIN.

Par elle fon ame est nourrie;
C'eft d'elle qu'il tient sa vigueur ;
Il vit, mais il vit en langueur,
Lorfqu'il voit languir fa Patrie..
Oii, France, il fent tes déplaifirs,
Il joint fes pleurs à tes foupirs;

Par fes gémiffemens il répond à tes plaintes ;
S'il vit, c'eft feulement afin de te guérir;
Il voudroit fouffrir feul tes mortelles atteintes,
Et pourvû qu'il te fauve, il confent de périr..

Ebloui de clartez fi grandes,
Incomparable RICHELIEU,
Ainfi qu'à notre demi - Dieu,
Je te viens faire mes offrandes.
L'équitable fiécle à venir

Adorera ton fouvenir,

Et du fiécle préfent te nommera l'Alcide :
Tu ferviras un jour d'objet à l'Univers,
Aux Miniftres d'exemple, aux Monarques de guide,
De matiere à l'Hiftoire, & de fujet aux Vers.

EXTRAITS DE LA PUCELLE,

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PRINCE chéri du Ciel, généreuxLONGUEVILLE,'

Henri d'Orléans, Comte de Dunois, Prince Souverain

de Neuf-Chastel, &c.

Des

Des Muses, des Vertus, l'efpérance & l'azile ;
Qui fais couler mes jours dans l'honnête loisir,
Qu'envioit la fortune à mon noble désir;
Des véritables chants de mon facré Parnasse,
Apprens les hauts deffeins d'un Guerrier de ta race,
Et vois dans leur fuccès jufqu'où le cœur humain
Peut porter les efforts d'une mortelle main..
Un jour, lorfqu'en fuivant ce grand foudre de
guerre,

J'aurai pris ma volée affez loin de la Terre,

Je dirai le fameux & terrible paffage,
Qui fit céder le Rhin au feu de ton courage,
Et qui brifant les fers des belliqueux Germains,
Affura la franchife au refte des humains.
Je dirai quel tonnerre employa ta Bellonne,
Pour abbattre à tes pieds l'orgueilleufe Tortonne,
Et de quelle vîteffe, effrayé par ton bruit,
Le ferpent Milanois dans fa grote s'enfuit.
Etat déplorable de la France fous Charles VII.
CHARLES, fon jeune Maître, & fa foible cfpé-

rance ›

Des fiers Ufurpateurs éprouvoit l'infolence;

1 Bruit pour renommée. Malherbe a dit en ce feas dans fon Ode au Duc de Bellegarde :

Que tarde ma pareffe ingrate,
Que déja ton bruit fans pareil, c.
Tome II.

Ο

CHAPE-
LAIN.

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