Page images
PDF
EPUB

LAIN.

fept mille livres qu'il touchoit tous les CHAPE- ans de M. le Duc de Longueville, fon Mécène. On trouva chez lui après la mort (du moins fi l'on en croit l'Auteur du Segrafiana 1) plus de cent mille écus d'argent comptant: époque glorieufe pour les Muses, dont les favoris n'ont guére coûtume d'enrichir leurs héritiers.

Epitaphe de M. Bardin, de l'Académie Françoise.

BARDIN

ARDIN 2 repose en paix au creux de ce tom

beau :

Un trépas avancé le ravit à la Terre.

guerre,

Le liquide élément lui déclara la
Et de fes plus beaux jours éteignit le flambeau :
Mais fon efprit, exempt des outrages de l'onde,
S'envola glorieux, loin des peines du monde,

1 Parmi un affez bon nombre d'anecdotes curieufes qui s'y trouvent, il y en a plufieurs qui méritent confirmation. 2 Pierre Bardin né en 1590. & mort en 1632. C'étoit un homme confommé dans les Sciences, & de la plus haute vertu. Voyant M. d'Humieres, auquel il étoit attaché dès fa jeuneffe, en danger de fe noyer, il accourut pour le fecourir; mais n'ayant pû réfifter à l'impétuofité de l'eau, il perdit la force & l'haleine, & fut englouti aux yeux de fon Bienfaiteur, qui regretta toute fa vie la perte d'un ami A

fidéle.

Au palais immortel de la Félicité.

[ocr errors]

eut pour

but l'honneur, le fçavoir pour. par- CHAPÉtage;

Et quand au fond des eaux il fut précipité,
Les Vertus avec lui firent toutes naufrage.

ODE

Au Cardinal de Richelieu.

GRAND RICHELIEU, de qui la gloire,
Par tant de rayons éclatans,
De la nuit de ces derniers teins
Eclaircit l'ombre la plus noire ;
Puiflant Efprit, dont les travaux

Ont borné le cours de nos maux,

[ocr errors]

Accompli nos fouhaits, paffé notre espérance ;
Tes célestes vertus, tes faits prodigieux,

Font revoir en nos jours, pour le bien de la France,
La force des Héros, & la bonté des Dieux..

Mais bien que fous ton grand Génie,
Le courage & le jugement,

De notre heureux gouvernement
Compofent la douce harmonie ;

Bien que tes fuperbes lauriers

S'égalent à ceux des Guerriers,

Dont les fiécles paflez racontent les miracles;
N'attends pas toutefois que je chante aujourd'hui

LAIN.

La prudente valeur, qui malgré tant d'obftacles, CHAPE Ta rendu des Humains le réfuge & l'appui.

LAIN.

Je trouve en moi trop de foiblefle
Pour célébrer des actions,

A qui cédent les fictions

De l'Italie & de la Grece.
Parmi les brillantes clartez

Qu'elles jettent de tous côtez,

Si je l'entreprenois, je ferois téméraire :
Il faut tant de vigueur pour s'en bien acquitter,
Que fans le feu divin de Virgile ou d'Homere,
Il n'eft point de mortel qui le doive tenter.

Aufli quelque chaleur ardente
Qui pour toi m'embrâfe le fein,
Lorfque je pense à ce deffein,
La majefté m'en épouvante:
Je ne difpute point ce prix
Avec tant de rares efprits,

Qui t'ont choisi pour but de leurs fçavantes veil

les;

Et de tes actions contemplant la hauteur,

De peur d'en profaner les auguftes merveilles,

Je veux dans le filence en être adorateur.

Le long des rives du Permeffe,

La troupe de fes Nourriffons

Médite

pour toi des chanfons

Dignes de l'ardeur qui les preffe.
Ils fentent ranimer leurs voix,

Au bruit de tes fameux exploits,

Et font de ta louange un concert magnifique;
La gravité s'y mêle avecque les douceurs ;
Apollon y préfide, & d'un ton héroïque
Fait foutenir leur chant par celui des neuf Sœurs.

Ils chantent quel fut ton mérite,
Quand au gré de nos Matelots
Tu vainquis les vents & les flots,
Et domptas l'orgueil d'Amphitrite,
Quand notre commerce affoibli,
Par toi puiffamment rétabli,

Dans nos havres déferts ramena l'abondance;
Et que fur cent vaiffeaux maîtrifans les dangers,
Ton nom feul aux François redonna l'assurance,
Et fit naître la crainte au cœur des Etrangers.

Ils chantent les riches trophées
Des dépouilles de nos mutins,
Quand de nos troubles inteftins
Les flammes furent étouffées;
Quand la Révolte dans fon fort,

Par une affreuse & longue mort,
Paya fi cherement l'ufure de fes crimes;
Et que les boulevards enfin afsujettis,

CHAPE

LAIN.

Contre les appareils des armes légitimes CHAPE- Implorerent en vain le fecours de Thétis..

LAIN.

[blocks in formation]

Comme autant d'épais tourbillons,
Ebranlerent ce roc jufques dans fes racines;
Que même le vaincu t'eut pour libérateur,
Et que tu lui bâtis fur fes propres ruïnes
Un rempart éternel contre l'ufurpateur.

Ils chantent nos courfes guerrieres,
Qui plus rapides que le vent,
Nous ont acquis en te fuivant,
La Meufe & le Rhin pour frontieres.
Ils difent qu'au bruit de tes faits
Le Danube crut déformais

N'être pas en fon antre à couvert de nos armes;
Qu'il redouta le joug, frémit dans fes roseaux,
Pleura de nos fuccès, & groffi de fes larmes,
Plus vîte vers l'Euxin précipita ses eaux.

Ils chantent tes confeils utiles,
Par qui, malgré l'art des méchans,
La paix refleurit dans nos champs,
Et la juftice dans nos villes:

« PreviousContinue »