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S'il ne poffede pàs ces maisons magnifiques, RACAN. Ces tours, ces chapitaux, ces fuperbes portiques, Où la richeffe & l'art étalent leurs attraits;

Il joüit des beautez qu'ont les faifons nouvelles,
Il voit de la verdure & des fleurs naturelles,
Qu'en ces riches lambris il ne voit qu'en por
traits.

Crois-moi, mon cher TIRCIS, fuyons la mul titude;

Et vivons déformais loin de la fervitude

De ces Palais dorez où tout le monde accourt:
Sous un chêne élevé les arbriffeaux s'ennuyent,
Et devant le Soleil tous les aftres s'enfuyent,
De peur d'être obligez de lui faire la cour.

Après qu'on a fuivi fans aucune affurance,
Cette vaine faveur qui nous paît d'efpérance,
Fatal à nos deffeins, un moment les détruit :
Ce n'eft qu'une fumée, il n'eft rien de fi frêle;
Sa plus belle moiffon eft fujette à la grêle,
Et fouvent elle n'a que des fleurs pour du fruit.

Agréables déferts, féjour de l'innocence,
Où loin des vanitez, de la magnificence,
Commence mon repos, & finit mon tourment ;
Vallons, fleuves, rochers, aimable folitude,
Si vous fûtes témoins de mon inquiétude,
Soyez-le déformais de mon contentement.

POUR LA REINE MERE DU ROI.

PAISSEZ, cheres brebis, joüiffez de la joye
Que le Ciel vous envoye':

A la fin fa clémence a pitié de nos pleurs.
Allez dans la campagne, allez dans la prairie,
N'épargnez point les fleurs ;

Il en renaît affez fous les

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Nous ne reverrons plus nos campagnes désettes,
Au lieu d'épics couvertes

De tant de bataillons l'un à l'autre oppofez:
L'innocence & la paix regneront fur la Terre,
Et les Dieux appaifez,

Oublieront pour jamais l'ufage du tonnerre,

O DE S.

AU ROI LOUIS XIII,

VICTORIEUSES des années,
Nymphes, dont les inventions
Tirent des mains des Deftinées
Les mémorables actions;
Si jadis aux rives de Loire
Vous avez récité l'hiftoire
De mes incurables douleurs,
Quittez cette inutile peine;
Auffi-bien ma belle inhumaine
Ne fait que rire de mes pleurs.

RACAN

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Dès fon printems chacun s'étonne
De la fageffe de fes mœurs,
Et juge qu'avant fon automne
Il produira des fruits tout meurs.
Fit-il pas voir à ces armées,
D'injufte colere animées,
Que rien ne pouvoit l'empêcher
De leur faire mordre la poudre;
Et qu'il a fçû lancer la foudre
Aufli-tôt qu'il a fçû marcher ?

Déja la Difcorde enragée
Sortoit des gouffres de l'enfer;
Déja la France ravagée

Revoyoit le fiécle de fer;

On écrit & l'on prononce aujourd'hui mûrş.

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Cette belle Nymphe du Tage,
Pour qui nous fîmes tant de vœux,
Tient ce miracle de notre âge

Dans les chaînes de fes cheveux :
Les graces dont elle eft fuivie

La font admirer de l'envie;
Tous les mortels font éblouis

D'y voir tant de charmes paroître :
Auffi les Dieux l'avoient fait naître
Pour Jupiter ou pour Louis,

RACAN

RACAN,

Roi, dont le pouvoir indomptable
Eft des lois le ferme foûtien,
Aux méchans auffi redoutable,
Que favorable aux gens de bien;
Quelle hymne en la bouche des Ange
Pourra célébrer vos louanges,
Si l'Univers dans fa rondeur
N'a rien digne de vos mérites;
Et fi le ciel dans fes limites
N'en peut limiter la grandeur ?

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1 Venger la colere des cieux, pour dire venger les cieux irrite, n'eft pas françois. M. de RACAN avoit une force & une élévation de génie où peu de nos Poëtes ont atteint : c'est dommage que fon ftile ne foit pas toujours également pur & châtie.

AU

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