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Ainfi dans le fond d'un Boccage

Je parlois feul, & Bacchus m'entendit;
El crut qu'enfin je lui rendois hommage,
Et de ce tardif avantage

Le Dieu des Buveurs s'applaudit.

Mais l'Amour qui favoit combien Iris m'occupe,
Et dans quel tems fon retour eft reglé,
De mes difcours avoit lui feul la clé,
Et prenoit l'autre Dieu pour dupe.

A

REVER I E.

Vous

que j'aime, & n'en aime pas moins Pour vous aimer dans le filence:

A vous à qui je rends des foins

Inconnus, & fans récompense :

A vous, qui pourrez bien ne le jamais favoir,
En ces lieux écartez j'adreffe cet hommage,
Et je puis feulement me rendre témoignage
Que j'aime à faire mon devoir.

Je doute même que tout autre
En pareil cas s'en acquittât ainsi;
Mais vous, fi vous faifiez le vôtre,
Vous devineriez tout ceci..

ETREN

E

ETRENNES

Pour l'Année 1701.

N commençant, Iris, l'an qui fuit mil fept cens, Je voulois fous vos loix mettre ma destinée, Je voulois de mes vœux vous promettre l'encens, Seulement pour ladite année,

Cela n'a jamais d'autre fens.

Mais avec cette année un fiecle auffi commence;
Attendons, ai-je dit, nous pouvons à bon droit
De l'un & l'autre Rail pefer la difference.
Mais les appas d'Iris fouffrent-ils qu'on balance?
Et bien donc, pour le fiecle, foit.

AUTRES ETRENNE S.

EN ce jour folennel, où de vœux redoublez

'Plus qu'en tout autre tems les Dieux font ac-
cablez,

J'ai fait des vœux hardis, & peut-être impoffibles;;
J'ai demandé des jours occupez & paifibles,
Des plaifirs vifs, fans le fecours puiffant
Du trouble & de l'inquietude,

Des biens dont la longue habitude

Eût

Eût le charme d'un goût naissant,

De la gloire, non pas cette vaine fumée

Qui va fe répandant au loin,

Mais cette gloire qu'avec foin

Dans fon cœur on tient renfermée.

Tel étoit mon Placet. Jupiter mit au bas
En caracteres longs, qu'on ne lifoit qu'à peine,
Renvoyé vers l'aimable Ifmene,
Ceci ne me regarde pas.

SUR

DES E TRENNES

Avancées d'une année fur l'autre.

E Dieu de l'Helicon & celui de Cythere, Souverains des Plaifirs, font convenus entr'eux De payer tous les ans à Celle qui m'est chere Un tribut de vers amoureux;

Elle qui n'eft pas ménagere

Veut en mil fept cens un manger mil fept cens deux, Er les Divinitez faciles à fes vœux

N'y favent rien que de la laiffer faire.

Qu'en arrivera-t-il? le fond manquera? Non. L'Amour fournit toujours, le fource eft abondante. Oui l'Amour, direz-vous, mais pour votre Apol

lon ..

Oh, quand l'Amour le prend d'un certain ton.
Il faut, ma foi, qu'Apollon chante.

L'HO

L'HOROSCOPE.

E n'avois garde, Iris, de ne vous aimer pas,

JE

Le Ciel dès ma naiffance même

Promit mon cœur à vos appas.

Un Aftrologue expert dans les chofes futures
Voulut en ce moment prévoir mes avantures;
Des Planetes alors les Afpects étoient doux,
Et les Conjonctions heureuses,

Mon Berceau fut le rendé-vous
Des influences amoureuses;

Venus & Jupiter y verfoient tour à tour
Tant de quinteffence d'amour,

Que même un œil mortel eût pû la voir defcendre.
De leur trop de vertu qui pouvoit me défendre?
Helas! je ne faifois que de venir au jour,

Qu'ils prennent bien leur tems pour nous faire un
cœur tendre!

Quand de mon avenir fatal

L'Aftrologue d'abord fit le plan géneral,
Il le trouva des moins confiderables;
Je ne devois ni forcer Bastions,
Ni décider Procès, ni gagner Millions,
Mais aimer des Objets aimables,
Offrir des vœux, quelquefois bien reçûs,
Eprouver les amours coquets ou véritables,

Donner

1

Donner mon cœur, le reprendre, & rien plus.
Alors l'Aftrologue s'écrie,

Le joli garçon que voilà!
La charmante petite vie

Que le Ciel lui deftine là!

Mais quand dans le détail il entra davantage,
Il vit qu'encor Enfant je favois de ma foi

A deux beaux yeux faire un fi prompt hommage.
Que mon premier Amour & moi
Nous étions prefque de même âge.

D'autres Amours après s'emparoient de mon cœur
La force, la durée en étoit inégale,
Et l'on ne diftinguoit par aucun intervalle
Un Amour & fon fuccefleur.

Ce n'étoient jufque-là que des Préliminaires,
Le Ciel avoit paru d'abord

-Par un effai de paffions legeres

Jouer feulement fur mon fort.

T

Mais quel Amour, & Dieux ! quel Amour prend la place

De ceux qui l'avoient précedé!

Fuiez, foibles Amours dont j'étois poffedé,

Fuiez, & dans mon cœur ne laiffez point de trace.
Celui qui fe rendoit maître de mon Destin
Du refte de ma vie occupoit l'étendue,
L'Aftrologue avoit beau porter au loin fa vue,
Il n'en découvroit point la fin..

Quoi! difoit-il, prefqu'en verfant des larmes,
Ce pauvre Enfant que je croiois heureux,
Des volages Amours va-t-il perdre les charmes?
Quoi! pour toujours va-t-il être amoureux,

Non,

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