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» trône s'exécute sans obstacle, sauf la responsabilité; et c'es » pour cela qu'on exige le contre-seing d'un ministre, ou >> autre agent supérieur du pouvoir exécutif, afin d'exercer >> contre lui l'action de responsabilité parce qu'il est de prin»cipe que la personne du Roi est INVIOLABLE ET SACRÉE, et ne » peut pas même ÉPROUVER D'INCULPATION QUELCONQUE. »>

Vergniaud, osant juger son roi, lui disait contre tout droit et contre tout principe: «Vous n'êtes plus rien pour cette >> Constitution que vous avez si indignement violée, pour ce >> peuple que vous avez si lâchement trahi!... >> L'histoire dira de quel côté furent la mauvaise foi, la violence et la véritable trahison; et surtout la trahison des devoirs et des intérêts du peuple, ainsi que celle de son bonheur.

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21 JANVIER.

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Anniversaire de la mort du dernier tyran !..... (Louis XVI tyran!) Qui pourrait le penser sérieusement, et comment ose-t-on l'écrire ? Cet odieux anniversaire a fourni le sujet d'une pièce infâme, en vers médiocres, sans goût et sans esprit. L'auteur n'y a pas mis son nom; la honte l'a retenu ; la même honte aurait dû briser sa plume. Il a fait à-la-fois un mauvais ouvrage et une mauvaise action.

Les Anglais, plus sages que nous, en cette rencontre, après nous avoir donné l'exemple horrible d'un crime si grand, n'ont jamais du moins changé ce jour de deuil en fête de réjouissance. Au contraire, depuis cette époque, ils l'expient tous les ans avec des regrets, des prières et des larmes.

En 1792, un journal prédisait que, dans cent ans, quelque poète commencerait un poème épique par ces quatre vers :

Muse, raconte-moi qu'elle haine obstinée
Arma contre Louis la France mutinée,
Et comment nos aïeux à leur perte courans,
Au plus juste des rois préféraient des tyrans.

A cette même époque, M. d'Avesnes, peintre, écrivait sous le portrait de ce bon prince :

Sur un trône ébranlé par les plus grands malheurs,
Il ne sentit jamais son courage s'abattre ;

TOM. II.

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Emule de Titus et rival d'Henri quatre,

C'est par les seuls bienfaits qu'il règne sur nos cœurs.

Les monstres qui osèrent le juger l'année suivante, repoussaient la vérité de ces justes éloges.

Pour le portrait de la reine, par le même :

Héroïne par son courege,

Adorable par ses vertus,

Aux dons brillans qu'elle obtint en partage,

Le Ciel voulut joindre un Titus.

Cette princesse, si digne d'être adorée, a été pourtant méconnue par les monstres qui dirigeaient les passions populaires. Leur haine alla si loin, que des jacobins eurent l'infâmie, au mois de mars 1792, d'aller tirer des fusées et de chanter la mort de Marlboroug, sous les croisées de la reine, le jour qu'elle reçut la nouvelle de la mort de l'empereur Léopold, son auguste frère !!!..

Quelques mois auparavant, Mme Lebrun, née Vigée, ayant fait un tableau qui représentait cette auguste reine, M. Poinsinet de Sivry lui adressa les vers suivans, sur ce chef-d'œuvre de peinture :

De tous les portraits précieux

Que ton art sait soustraire aux traits de la satire,
C'est le seul dont on puisse dire:

L'ORIGINAL VAUT ENCOR MIEUX.

En 1779, Laharpe avait accompagné de cette inscription, un autre portrait de la princesse, fait aussi par Mme Lebrun, qui consacra plusieurs fois ses pinceaux et ses couleurs à retracer les traits de cette reine, si digne d'être chérie :

Le Ciel mit dans ses traits cet éclat qu'on admire;
France, il la couronna pour ta félicité:

Un sceptre est inutile avec tant de beauté;
Mais à tant de vertus il fallait un empire.

Un autre poète avait gravé sous son céleste buste, cet impromptu :

En dépit des destins jaloux,

Les cœurs à son aspect n'éprouvent qu'un partage;
C'est celui du plus tendre hommage,

A répartir entre Elle et son illustre Epoux.

à

Imbert, le charmant auteur du poème sur le Jugement de Paris, disait de cette reine infortunée, dans une épître, la même époque :

Jamais sur les bords de la Seine,

On n'a vu (je le parierais)

Tant de vertus et tant d'attraits

Embellir une souveraine.

Eloge doublement mérité.

M. Blin de Sainmore, auteur

de la tragédie d'Arphanès, plaça ce quatrain sous son buste:

Dans ce buste fidèle Antoinette respire.

Je ne suis point surpris qu'avec autant d'attraits,
Elle ait soumis à son empire

Et le Monarque et les Sujets.

Les sujets!... hélas !... Comment parvint-on à les changer et à les pervertir?...

On prétend que le conventionnel Mazade, qui appuie à présent toutes les mesures de douceur et de justice que l'on propose au Corps-Législatif, écrivait à un de ses com

patriotes, pendant le règne de la Terreur, des lettres qui étaient alors à la hauteur des circonstances. Comme il est très prononcé contre les terroristes, le Journal des terroristes de Toulouse lui en veut, et il tâche de lui faire un crime des mauvaises phrases que la peur lui dicta, en publiant ce fragment de lettre : « Ma mère m'a écrit de la disposition >> des esprits de notre commune (Castel-Sarrazin), et des » progrès qu'ils font vers l'aristocratie (1); c'est faire des » progrès vers la MORT. Je garantis que cette execrable secte » n'est pas en honneur.... Je vous quitte pour assister à la » fète des martyrs de notre sainte liberté, MARAT et LEPEL» LETIER. >>> Il faut convenir que cette missive paraît venir d'un méchant ou d'un poltron; mais, que M. Mazade soit poltron ou méchant, était-ce à M. Dardenne à lui reprocher l'un ou l'autre tort? Après avoir publié de sa prose, voici

comment il l'arrange en vers:

Qu'est-ce enfin que monsieur Mazade?

Un petit être à mine fade,

Sot et vain comme une pintade,

Vrai représentant de parade,

Ci-devant pour Marat jouant la mascarade,
Aujourd'hui pour Clichi jouant la clichiade.

Cet homme vil, aussi faux que maussade,
De reculade en reculade,

Pour notre argent nous lâche une ruade;
Mais du sort dans deux mois gare la pétarrade.
Oh! comme il en a peur, ce bon monsieur Mazade.
Regardez dans l'anti-T. son humble agenouillade;
Il a manqué son coup, le pauvre camarade.

(1) « Sans aristocratie, disait Montesquieu (qui se connaissait en législature), » point de véritable monarchie; on n'a qu'un despote ou » des tyrans populaires. »

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