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1688.- Mème date que le précédent volume. Le Jugement sanguinaire donné contre notre Seigneur Jésus-Christ, par la synagogue des Juifs et par Pilate, in-12, de 176 pages, chez Antoine Colomies. — La dédicace nous apprend : 1o que M. de Morant, 1er président au parlement de Toulouse, à qui ce livre est dédié, avait d'abord été juge en Provence, avant d'ètre placé, par le plus grand et le plus éclairé de tous les rois, chef du second parlement de France; 2o que l'auteur signe sa dédicace P. Doumenq, il n'avait pas mis son nom dans le titre de ce livre, dont peut-être aucun biographe n'a jamais fait mention. C'est dire que je le crois une rareté; du moins Ladvocat n'en parle point, ni de son auteur. - J'y remarque d'abord : « Que, dans Jérusalem, il y avait un grand sénat, composé de septante-deux personnes, qu'on nommait, par abrégé, les septante, et que, de cette grande assemblée, tirée des douze tribus, on formait un Consistoire composé (sans compter le Grand-Prêtre) de vingt-quatre, qu'on choisissait parmi tous; consistoire en langue rabinique, appelé synédrion ou synédrin.

La première partie de cet ouvrage se compose de 20 chapitres; chacun d'eux analysant le propos d'un des juges, et le 21e l'arrêt. Voici le résumé: «Une des formalités que les Juifs observaient dans leurs jugemens, était qu'une voix de plus sauvait la vie et déclarait les criminels innocens, et que,、、 pour les condamner, il en fallait trois et nécessairement deux; et de 20 voix, sans compter celle du peuple qui n'est pas délibérative, il y en a 11 qui le déclarent innocent et. 9 qui le déclarent coupable. » Et cependant la sentence de mort fut prononcée, parce que le peuple furieux, que la minorité avait ameuté, ne cessait de crier dans sa révolte: Qu'il soit cruci

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fié! qu'il soit crucifié!... Ponce-Pilate, souverain juge, eut peur de perdre son office et il adhéra à cette injuste sentence! Voici le nom des juges que l'histoire a conservés :

Pour absoudre l'innocent: Simon Lépreux ou le Lépreux, Achias, Subath, Riphar, Joseph (d'Arimathie), Joram, Nicodémus, Josaphat, Théleas, Mésa, Sameth.

Simon le Lépreux avait répondu à l'appel: Par quelle loi est-il tenu séditieux? → Joseph (d'Arimathie): Quoi de plus vilain et de plus honteux, que de voir que, dans toute la ville de1 Jérusalem, il n'y a personne qui défende un homme innocent! Joram alla plus loin, et il répondit courageusement : Pourquoi permettrons-nous que cet homme, qui est juste, soit condamné à la mort? Cet avis fut partagé par les autres que j'ai déjà nommés.

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Il me reste à signaler les infâmes, qui, par méchanceté ou par crainte, osèrent condamner le Messie: RABAN, RESMOPHIN, PATHIFARES, SÉRÉAS, RABINTH, THALMAY, CAYPHE, qui se laissèrent séduire et entraîner par ce vote coupable de CHIERIS: Qu'importe qu'il soit juste! Il faut pourtant qu'il meure, parce qu'il excite le peuple à sédition par ses fausses prédications.- Indignes paroles dans la bouche d'un juge, qui furent répétées à-peu-près de cette manière, par son collègue et son ami BARABIAS: Puis donc qu'il séduit le peuple, il est digne de mort.

Sans vouloir rapprocher des événemens, qui doivent rester à une si grande distance l'un de l'autre, à cause de l'éminence du Rédempteur, cependant une chose me frappe; c'est que l'injustice des hommes procède toujours de même. C'est ainsi que (dans deux mois il y aura trois ans), il n'y eut point de majorité légale pour le jugement de notre excellent roi. Ainsi

les émeutes, la terreur, les menaçantes insinuations, furent prodiguées en Angleterre, au procès qui fut fait à Charles Ier, par des juges qui n'étaient pas des juges, et puis en France, au procès du malheureux Louis XVI, dont le seul crime fut toujours d'avoir été trop bon !....

1690. Abrégé de la nouvelle méthode pour apprendre la langue latine, que j'ai pris seulement à cause de son impression à Toulouse, chez Guillaume-Louis Colomiés et Jérôme Posuel.

1694. Sorberiana, chez Guillaume-Louis Colomies; ce livre mérite une audience toute particulière que je n'ai pas le temps de lui accorder aujourd'hui; je ne la lui ferai pas beaucoup attendre; j'y ai aperçu force articles qui me tentent, et quand on est viveme:.t tenté !... on assure qu'on succombe aisément à la tentation.... il pourrait en être quelque chose....

1701. Mémoires de la vie de Henriette-Sylvie de Molière, en 6 parties, in-12, chez Dom. Desclassan. Le nom de Molière m'a séduit, j'ai emporté ces Mémoires avec plaisir; mais hélas! qu'y ai-je trouvé? un roman bien compliqué d'aventures, suivant la mode de l'époque; mais offrant peu d'intérêt dans leur ensemble. Je l'ai parcouru rapidement; je me dispense de le lire en entier..

Cependant il faut que j'en rapporte un joli trait, que j'ai aperçu, p. 212. —Le chevalier du Buisson s'était vanté d'avoir mérité les bonnes grâces de Mile Sylvie de Molière ; c'était son usage de vouloir passer pour homme à bonnes fortunes. L'hé→ roïne, instruite de ses prétentions, lui dit au milieu d'une conversation qui n'avait nul rapport à cela: « A propos, M. le che» valier, faites-moi souvenir quand je serai chez moi, de

» vous dire que je vous aime ; j'ai trop long-temps différé cette » déclaration et je vous aurais évité bien des mensonges si je » m'étais avisée de la faire plutôt. » — On sent combien le personnage dut être gabé par les gabeurs ou railleurs qui se trouvaient présens. Douce et jolie vengeance, d'un genre neuf, si l'idée en appartient en entier à l'auteur.

Ce trait me rappelle la réponse suivante, qui lui ressemble un peu, quoique très peu.

Une femme, connue par son esprit et sa légèreté, disait à un amant qui n'avait éprouvé d'elle que des refus et qui lui reprochait son indifférence : Mon ami, je sens que je pourrai vous aimer; mais en vérité, je n'en ai pas le temps.

1745. Fondations et statuts du chapitre de Castelnaudary, chez M. Casenave, in-12.

1782.

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Breloques, recueil de poésies (sans nom d'auteur ni d'imprimeur), à Toulouse, in-32 ou in-36. C'est une réimpression, revue et corrigée. Deux éditions d'un ouvrage si médiocre!.... je n'en citerai rien. Je ne vois à envier de ces pièces fugitives, que le mignon petit format; il est des plus commodes; on en mettrait une douzaine dans le pan de son habit, sans qu'il y parût. On composerait ainsi très aisément une jolie petite bibliothèque de voyage. Je le remarque avec d'autant plus de plaisir, qu'où que ce soit que j'aille, j'ai toujours quelque volume dans la poche. La lecture est chose si agréable! Je lis souvent dans les rues, presque toujours à la promenade, même parfois, en montant les escaliers des personnes que je vais voir (ce qui, par parenthèse, faillit un jour me faire casser le cou). Je lis dans un salon, en me plaçant dans l'ambràsure de la fenêtre, comme qui regarde quelque objet, pendant que l'on cause; et, après avoir lu fur

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tivement quelques pages pour me distraire, je glisse de nouveau en tapinois mon livre dans son gîte et je reviens à la conversation générale. Enfin, je lis partout où je puis, je lis à cheval, je lis en voiture, je lis même en songe dans mon sommeil, et, je dois le dire, ce ne sont pas les moins piquantes et les moins curieuses de mes lectures.

Quoique très jeune, ce goût est déjà pour moi assez ancien. Dès l'âge de 7 ans, je lisais avec persévérance et délices, l'Ami des Enfans, par Berquin, les Magasins des Enfans et des Adolescens, par Mme Beaumont-le-Prince, les contes de Mme d'Aulnoy, ceux de Perrault et mille autres enfantillages littéraires, qui m'amusaient beaucoup. A dix ans j'étais au collége lisant chaque jour, grâce à la complaisance d'un de nos professeurs, Corneille, Racine, Boileau, les Fables de Lafontaine, (je lus plus tard ses Contes, 2 vol. et ses QEvres diverses, en 4 vol.), le piquant Labruyère, le profond Pascal, l'aimable Sévigné, la bucolique Deshoulières, et tant d'autres gentilles ou solides productions, qui feront éternellement l'honneur et la gloire de notre littérature. Au lieu de jouer aux barres, au volant, à la balle ou aux boules (choses que je faisais rarement), je me tenais à l'écart et je lisais. Je lisais même à l'étude; ce qui était cause que mes devoirs étaient en retard, qu'il me fallait prier un de mes camarades de me prêter son thème ou sa version, et que, mes leçons, je ne les savais presque jamais.

A 15 ans j'étais en prison, et je me propose de revenir sur cette époque. J'étais détenu dans le collége de la ville de Pa-, miers. Je ne sais pas ce qu'on avait fait des élèves; la terreur les avaient dispersés, ils étaient en fuite; les classes étaient fermées. Mais, moi qui les remplaçais, je lisais toujours,

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