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VARIÉTÉS.

Le Collège des Chirurgiens et l'Homœopathie en Irlande. Le Conseil du Collège royal des Chirurgiens en Irlande, dans une de ses réunions, vient d'adopter l'ordonnance suivante : « Nul associé ou licencié du Collège ne pourra prétendre ou professer de traiter les maladies par l'imposture (deception) appelée Homeopathie, ou par la pratique nommée Mesmérisme, ou par toute autre manière de charlatanerie; il ne pourra se procurer des affaires au moyen d'avis, d'annonces, ou toute autre méthode malhonnête. Il est aussi défendu à tout associé You licencié du Collège de consulter, conseiller, diriger ou as-sister aucune des personnes engagées en de telles impostures ou pratiques, ou tout autre système considéré par les médecins et les chirugriens comme dérogatoire ou déshonnorant. »

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Le Collège des Médecins a adopté la forme suivante de déclaration à être prononcée par les licenciés qui viennent d'être reçus «Je promets de ne mettre en pratique aucun système ou méthode pour le traitement ou le soulagement des malades qui soient désapprouvés par le Collège, ni de tâcher d'obtenir des pratiques ou d'attirer l'attention du public par des annonces ou par tout autre moyen indigne. Je promets aussi de ne jamais sanctionner par mon nom des remèdes secrets ou autres ni permettre que d'autres s'en servent pour un tel objet, et en cas de doute à l'égard de la vraie signification ou application de cet engagement, je promets de me soumettre au jugement du Collège. Je déclare en outre solennellement et sincèrement que s'il m'arrive de violer quelqu'une des conditions spécifiées dans cette déclaration, tant que je serai un des licenciés ou associés du Collège, d'en être responsable et sujet à la censure du Collège à laquelle je me soumettrai aussi bien qu'à l'amende pécuniaire qu'il lui plaira de m'infliger, (qui ne pourra cependant dépasser la somme de 20 livres), et d'en être expulsé avec la restitution du Diplome, selon que le Président et les associés du Collège ou la majorité d'entr'eux, jugeront à propos de me condamner (Medical Times, 10 Août 1861.)

Un Mariage à l'huile de ricin.

Sous ce titre Un Mariage à l'huile de ricin, l'Indépendance Belge raconte l'histoire du mariage d'un fameux médecin anglais avec une des plus riches héritières de la Grande-Bretagne.

Miss C... avait deux millions de dot. Elle avait été demandée en mariage par un riche pair d'Angleterre, par un manufacturier, par un avocat. Tous les prétendants avaient été repoussés. La jeune miss avait déclaré ne vouloir se marier que selon son cœur. Elle ne se doutait guère qu'elle se marierait par hasard, et quel hasard! (Muse des chroniqueurs donne à ma plume cette réserve qui permet de tout dire sans offenser es oreilles susceptibles!) La jeune miss eut un jour un pelit mal de gorge; le médecin de la famille ordonne l'huile de ricin. L'huile fait son effet, un effet très fréquent. Dans un mouvement de vivacité, la jeune malade s'assied de travers sur cet objet domestique que le Jardin des racines grecques définit ainsi: Ami pot qu'en chambre on demande.

(Pardon de ma citation, mais nous avons tous appris cela au collège).

L'ami brusqué, penche du côté gauche. Un mouvement de la demoiselle essaie de le ramener à droite, mais le mouvement est trop prononcé, et l'ami, au lieu de reprendre son équilibre, le perd tout-à-fait, tombe, se fracasse et blesse cruel

lement celle qu'il était appelé à soulager. (Ah! les amis, on les reconnaît bien là. Sont-ils perfides!) Cris de la blessée. On accourt. La mère apprend que le fer, c'est la porcelaine que je veux dire, est resté dans la blessure.

-Vite, s'écrie milady, qu'on aille chercher notre médecin. -Non, pas celui-là, murmura la malade. J'en veux un autre. -Pourquoi pas celui-là? Il est depuis vingt ans le médecin de la famille.

-Je le sais, je n'en veux pas; il est marié.

-Eh bien ?

-Un seul homme au monde pourra voir ma blessure, et il faut que cet homme soit mon mari!

-Mais tu es folle.

-Folle ou non, je suis bien résolue et ne laisserai pénétrer dans cette chambre qu'un médecin pouvant devenir mon mari. Que faire? L'enfant était une enfant gâtée. Le père, un gros banquier très méticuleux en affaires, se résigne il part et s'en va chercher, à la grâce de Dieu, un médecin pouvant devenir son gendre. Et il n'y avait pas de temps à perdre. L'enfant pleurait à chaudes larmes. Le père se hâte et va chez tous les médecins dont on lui donne les adresses. Sa première question est celle-ci: Le docteur est-il marié? Six l'étaient. Le septième était célibataire, mais il avait soixante ans. Le huitième, célibataire aussi, était bossu, etc, etc., Enfin le treizième (numero Deus impari gaudet), le treizième avait trente ans, n'était ni borgue, ni bossu, ni boiteux. On lui explique l'opération et on lui en développe les censéquences.

Il ne connaissait pas la jeune personne, mais c'était un brave docteur, D'ailleurs, la dot est si belle! I accepte. Il part. L'opération est faite, bien faite, sans que le médecin ait vu le visage de la malade, sans que la malade ait vu le visage du médecin. Quelques mois plus tard, le mariage avait lieu.

-Eh bien! va demander le lecteur, ce mariage a-t-il été heureux ?

-Je l'ignore. Ce que je puis dire, c'est que l'anecdote parfaitement véridique que je viens de vous conter, se passait en 1846, et qu'aujourd'hui le docteur a treize enfants. Encore le nombre treize !

Or, si on en croit les contes de fée, avoir beaucoup d'enfants est le signe du bonheur parfait.

(Union-Médicale, 22 juin 1861.)

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BULLETIN.

TABLE DES MATIÈRES DU NUMÉRO.

Impériale de Médecine: Compte-rendu des
Séances. IV. Revue de la Presse: La viande
crue dans la diarrhée chronique des enfants.
-Ligature du tronc brachio-céphalique.-
Variole congéniale; thrombose du sinus de
la dure-mère, de la veine cave et des vais-
seaux ombilicaux. - Rupture de l'aorte; ané-
vrisme disséquant. La kérosolene; nouvel

CONSTANTINOPLE, 1° NOVEMBRE 4864.

La discussion sur la morve a été clause à l'Académie Impériale de Médecine de Paris, dans la Séance du 17 septembre, par un dernier discours de M. Bouley.

Fidèles à l'engagement que nous avons pris envers nos lecteurs, nous revenons sur le sujet. Et nous déclarons, tout d'abord, que la discussion n'a eu ni l'une ni l'autre. des solutions que nous en attendions. Les orateurs qui s'y sont distingués, ne sont guère parvenus à faire disparaître le désaccord qui les divise, et il y a eu des convictions défendues avec moins de chaleur vers la fin de la discussion, qu'on aurait jugées inébranlables dans le

commencement.

FEUILLETON.

Chiendent, Docteur à Constantinople.
(Suite.) (1).

Mais le jour suivant, à la même heure, le malade retomba dans le premier état; Madame se hâta donc d'envoyer chercher de nouveau les deux empiriques qui arrivèrent peu d'instants après. Giorgiaki fit son entrée d'un air tout essouflé et en décrivant, avec Avramatchi, des figures de quadrille et des pirouettes, dans le but de relever le moral du souffrant. Puis, prenant un air plus sérieux, il s'abattit sur le corps du malade. Après l'avoir secoué vigoureusement pour le ranimer, il le pinça par le bout du nez et lui fit tourner la tête dans tous les sens plusieurs fois. Partant alors d'un grand éclat de rire, il se tourna vers Madame la Caimaktchi-bachi et la plaisanta sur sa frayeur ridicule, au point de croire que son mari fút sérieusement malade, tandis qu'en réalité son état était loin d'ètre inquiétant. Néanmoins, d'accord avec (1) Voir le numéro du 1er Octobre.

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PRIX: 12 FRANCS PAR AN

No 8.

anesthésique.- Traitement de certains vomissements par la créosote. V. Variétés : Sur un moyen de conservation des pièces anatomiques. Influence de la viande de boeuf crue sur la production du ténia. Mortalité de Constantinople. - Errata. VI. Feuilleton. Le Docteur Chiendent. (Suite.)

Un des orateurs, M. Raynval, de la section vétérinaire, nouvellement agrégé à l'Académie, a fait son début à la tribune en prenant la parole en faveur des opinions de ses confrères de l'Ecole d'Alfort. Il s'est plus particulièrement attaché à nier l'importance attribuée par M. Guérin aux expériences de MM. Leissona et Delafond, et à ne pas admettre la morve amoindrie que M. Guérin appelle ébauchée et susceptible de guérison. Les chevaux morveux que M. Raynval a eu occasion d'observer, toutes les fois qu'il a fait partie des commissions pour examiner ces prétendues guérisons, étaient renvoyés au bout d'un certain temps à l'infirmerie pour en sortir de nouveau et y rentrer encore, jusqu'à ce qu'enfin on les fit abattre. Presque tous les autres orateurs ont, tour-à-tour, repris la parole, les uns pour rectifier des interprétations erronées,

Avramatchi, il allait, tout de même, avoir recours à une saignée, à des sangsues, à des vésicatoires, n'importe dans quelle région, et à des frictions générales avec un onguent merveilleux qu'il possédait dans sa pharmacie.

Avramatchi mis en demeure d'émettre son opinion, approuva le plan d'attaque de son collègue, car il trouvait que el malato esta muy negro.

Pendant que Giorgiaki écrivait les ordonnances, Madame la Caimaktchi-bachi s'entretenait avec Avramatchi, et avait fini par comprendre que cette expression espagnole voulait dire que son mari était à l'agonie. S'adressant alors a Giorgiaki lui dit, tout bas, qu'elle ne se dissimulait pas la gravité de la situation, qu'on cherchait en vain à la lui cacher, et qu'elle ne reculerait devant aucun sacrifice pour sauver son époux.

Giorgiaki a eu beau protester qu'il n'y voyait aucun danger, Madame insista sur la nécessité d'appeler le Dr. Chiendent ou tout autre médecin à défaut de celui-là. Giorgiaki répliqua, qu'à cette heure de la journée il était impossible de trouver chez lui le Dr. Chiendent; que les médecins qui se respectent sont

les autres pour résumer la discussion, chacun dans l'espoir d'impressionner le public en faveur de sa cause, et pourtant, il faut bien le dire, sans apporter à la discussion aucun élément nouveau. Le sujet était épuisé; on avait beau le retourner d'un côté et de l'autre, le revêtir de formes variées, l'assaisonner avec force figures rhétoriques plus ou moins parlementaires, le fond restait le même, les personnalités n'y changaient rien et l'on revenait toujours aux mêmes conclusions.

A Dieu ne plaise que nous intervenions, juges incompétents, s'il en fut, dans une question aussi grave que celle qui a été débattue avec tant de talent par les éminents orateurs de l'Académie. Nous nous permettrons néanmoins de faire remarquer que la discussion ne s'est pas renfermée dans les limites de la spécialité où elle avait pris naissance; entraînée bien au delà, elle a soulevé les questions générales d'étiologie, de nosologie et de contagion qui y ont été debattues. Et pour s'en convaincre, on n'a qu'à appliquer toutes les propositions générales avancées à propos de la morve, à une autre maladie telle que le typhus, la peste etc. Il s'agissait, en effet, de savoir si la morve, maladie éminemment contagieuse, est produite par une cause spécifique, ainsi que le sont la syphilis, la variole, le typhus, etc., ou bien si, comme le prétendent messieurs les vétérinaires, les causes communes, telles que le travail excessif, la nourriture insuffisante, l'encombrement des écuries, l'aération défectueuse peuvent seules suffire à sa production. MM. Guérin et Bouillaud, tout en admettant la morve spontanée, se développant sous l'influence des causes communes, ne considèrent celles-ci que comme prédisposantes et éloignées, et reconnaissent la nécessité d'un virus particulier capable d'engendrer la maladie, se transmettant par contagion et par inoculation, et donnant toujours naissance à une maladie spécifique et identique, quelles que soient d'ailleurs les formes dif

toujours absents de chez eux, courent la ville et le Bosphore et ne rentrent que le soir très tard après la tombée de la nuit; que par contre les jeunes médecins qu'on trouve facilement, ne connaissent pas le climat du pays et ont l'habitude d'employer des médicaments violents, tels que le calomel, la santonine, la quinine et pareilles autres poisons, avec lesquelles ils tuent le monde impunément, et que d'ailleurs, Chiendent n'aimait pas à se trouver en consultation avec des médecins de second rang. Mais toutes ces raisons ne firent rien sur l'esprit de Madame et il a fallu s'adresser au premier venu et l'amener sur le champ. C'était le Dr. Simarouba, rencontré par hasard dans une pharmacie, homme très instruit, mais peu répandu à cause de sa grande, modestie. Il salua et se mit à examiner le malade. Il ausculta, il percuta et se fit rendre compte de tous les détails de la maladie. Loin d'approuver la saignée ni les sangsues proprosés par les deux empiriques, il déclara qu'il s'agissait d'une fièvre pernicieuse algide, probablement à son second accès, et reconnaissable au froid glacial, aux sueurs abondantes et à quelques autres symptômes,et qu'il fallait administrer immédiate

férentes de sa manifestation. De même que pour le typhus l'encombrement des malades détermine la production du miasme typhique, de même les causes communes attribuées à la morve engendrent le virus morveux, cause prochaine et spécifique de la maladie.

Il s'agissait, en outre, de déterminer si la morve est susceptible de se présenter sous des formes atténuées et guérissables, ou si l'ensemble des phénomènes qui la caractérisent, qui seuls autorisent le diagnostic de cette maladie, entraineraient nécessairement une extrême gravité, la guérison en serait une rare exception, et la pratique d'abattre tous les chevaux morveux serait, par cela même, suffisamment justifiée.

La première de ces opinions, soutenue par M. Guérin, tend à assimiler la morve aux maladies virulentes et contagieuses pour lesquelles on admet des différents degrés depuis le plus léger jusqu'au plus grave. Mais pourquoi la morve ferait-elle exception? pourquoi jouiraitelle du fatal privilège d'atteindre ses victimes tout d'emblée et d'une manière inexorablement léthale? Les exemples de morve légère contractée par contagion et guérie soit spontanément, soit à l'aide de secours appropriés, confirment cette doctrine; et d'ailleurs, l'inoculation, ce suprême argument contre lequel toute opposition est impossible, démontre péremptoirement que les différentes formes engendrées par elle ne constituent que des degrés divers d'une seule et même maladie; or, la cause étant évidente et identique, comme dans le cas de l'inoculation, on doit conclure à l'indentité de la maladie quelle qu'en puisse être la manifestation.

La seconde de ces opinions est celle de messieurs les vétérinaires pour qui les symptômes considérés par M. Guérin comme constituant la morve amoindrie, ne sont pas la véritable expression de cette maladie. Tout jetage ou glandage n'est pas un indice sûr de la morve, et me peut pas être considéré comme étant en rapport

ment une bonne dose de sulfate de quinine, seul médicament qui pût sauver le malade s'il y avait encore quelque chance de salut.

A ce mot de quinine, Giorgiaki, contenant à peine sa colère, dit au Dr. Simarouba, qu'il était étonné d'entendre de la bouche d'un médecin que le cas fût aussi grave qu'il le prétendait; que pour lui qui avait suivi pas-à-pas la maladie, elle se réduisait à fort peu de chose; que la saignée avait amené une amélioration incontestable et qu'il se faisait fort, en la répétant, de rétablir sur le champ le malade. Cela dit, il partit précipitamment à la recherche du Dr. Chiendent, mais non sans avoir accompli une respectueuse pirouette devant Madame la Caimaktchi-bachi.

Avramatchi, prévoyant l'orage qui allait éclater, s'approcha du Dr. Simarouba, se morfondant en excuses et en protestations. Il le pria de ne pas prendre en mauvaise part les observations que son collègue venait de lui faire sur le climat du pays et le tempérament du malade, qui méritaient réellement d'être pris l'un et l'autre en très grande considération, surtout à Constantinople où les hommes diffèrent beaucoup de leurs semblables de la chrétienté. Il convint avec lui que le malade

avec le plus ou le moins de sa gravité. Des affections très bénignes peuvent donner lieu à ces symptômes dont la disparition n'autorise pas à proclamer que la morve est guérisable. D'un autre côté, et c'est plus particulièrement l'opinion de M. Bouley, la morve est primitivement une maladie générale et les plus graves désordres se produisent dans les viscères bien avant que les symptômes externes s'en soient développés.

On conçoit aisément, que cette manière d'envisager la question de la morve, lui prête, d'un côté, un caractère de spécialité bien tranché, tandis que de l'autre elle tend à la considérer sous un point de vue plus général et à la soustraire aux lois particulières qu'on s'efforce de lui assigner, pour la soumettre aux causes communes et propres aux maladies qui lui sont analogues. Etudiée dans ces moindres détails par messieurs les vétérinaires, la morve, comme maladie spéciale, ne laisse rien à désirer: les faits sont soumis à une analyse rigureuse; toutes les circonstances en sont notées avec la plus scrupuleuse exactitude; et cependant, a-t-on tiré toutes les conséquences possibles des immenses matériaux que la science possède ? a-t-on essayé d'interprêter ces faits, de les relier, de leur appliquer les principes scientiaques connus? Il est permis d'en douter, et les questions générales soulevées par M. Guérin, dont l'importance ne peut être contestée par personne, ont démontré l'étude de la morve pouvait être dirigée vers que un but plus fécond en applications scientifiques et pratiques.

C'est à atteindre ce but que les efforts de M. Guérin se sont dirigés avec une persistance de conviction que les arguments de ses adversaires n'ont pu ébranler. Y est-il parvenu? Ce sera l'avenir qui nous l'apprendra. En attendant, nous sommes persuadés que cette longue et vivace discussion n'aura pas été stérile: n'eût-elle valu qu'à susciter le doute dans les esprits, l'utilité n'en se

était dans un état désespéré, mais qu'il ne voyait pas de mal à le saigner, d'après les règles établies par le vénérable seigneur, docteur et professeur Chiendent.

Le Dr. Simarouba n'en pouvait plus. Il envoya à tous les diables Avramatchi et tous ceux qui le protègen, et répéta tout haut qu'il désespérait de sauver le Caimaktchi-bachi,s'il ne prenait pas le sulfate de quinine. Pour lui, il était indigné d'avoir affaire à une telle engeance d'imposteurs et ne comprenait pas que Madame qui passait pour une femme bien élevée, puisqu'elle parlait le français, put s'en laisser jouer aussi grossièrement.

Pendant que cela se passait dans la chambre du malade, le Dr. Chiendent venait de rentrer chez lui et trouva Giorgiaki qui l'attendait avec la plus grande impatience. Il lui dit, que des choses très graves venaient de se passer chez le malade, qui, du reste, s'est fort bien trouvé de la saignée, qu'il s'est porté à marveille, mais que maintenant il s'agissait. .

Le Dr. Chiendent l'interrompit, en lui observant qu'il fallait se bien garder de dire que le malade n'avait rien, puisqu'au contraire,

rait pas moins incontestable. Une nouvelle direction imprimée aux études, de nouvelles expériences entreprises dans le but d'élucider les questions encore obscures, parviendront, nous l'espérons bien, à faire jaillir la lumière qui, en dissipant les doutes, fera marcher la science et l'art dans la voie du véritable progrès.

CASTALDI.

La Société Impériale de Médecine vient d'apporter quelques légères modifications à ses Statuts. Nous les publions à la suite des travaux originaux.

MEMOIRES ORIGINAUX.

DE LA DYSSENTERIE ESTIVALE

de Constantinople en 1861, par le Docteur CALLIAS.

Ἰητρικὴν ὅστις βούλεται ὀρθῶς ζητέειν τάδε χρὴ ποιέειν· πρῶτον μὲν ἐνθυμέεσθαι τὰς ὥρας τοῦ ἔτεος ὅτι δύναται ἀπεργάζεσθαι ἑκάστη· οὐ γὰρ ἐοίκασι οὐδὲν, ἀλλὰ πουλὺ δια φέρουσι αὐταίτε ἑαυτέων καὶ ἐν τῇσι μεταβολῆσι. ( Ἱπποι· περὶ ἀέρων, τόπων κτλ.) (1)

La Société Impériale de Médecine s'était proposé, il y a long temps, d'étudier les maladies qui règnent a Constantinople dans chaque saison, et, à cet effet, elle avait invité ses membres à y apporter le contingent de leurs observations journalières pour en former une statistique propre à représenter le quadre des maladies régnantes. Ce but n'ayant pu être atteint, à cause des difficultés inhérentes à notre état social et aux moeurs de nos populations, on a eru pouvoir y suppléer en

(1) Quiconque se propose de faire des recherches exactes en médecine, doit premièrement tenir compte des saisons de l'année; car elles différent beaucoup, soit dans leurs effets que par les résultats qui en découlent. (Hipp. des airs et des lieux.)

il souffrait d'une gastrite aigue, d'une inflammation latente qui s'est égarée dans les mailles des tissus et les couches intermédiaires des viscères, sans qu'on n'en aperçoive rien ni en dedans ni au dehors. C'est par un calcul qu'il n'est pas donné de faire à tout le monde, que le Dr. Chiendent la devine et grâce à sa méthode moyennant laquelle il est parvenu à fonder son système.

Je sais très bien que je suis un ignorant, repondit Georgiaki, et je n'ai pas la prétention de discuter avec vous. Mais vous m'avez interrompu au moment où j'allais vous dire qu'il s'agissait d'un grand scandale arrivé dans la maison pendant votre absence. Après la saignée et les sangsues, le malade était parfaitement bien. Si vrai que toute la journée d'hier il se portait à ravir. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'il a commencé à se plaindre de nouveau. Le Caimaktchi-bachi est hypochondriaque, vous le savez bien, et c'est pour cette raison que, d'accord avec Avramatchi, nous avons voulu faire une autre saignée pour le dégourdir un peu, car il est devenu presque muet. Sa famme s'y est opposée et a fait tant de bruit qu'il a fallu courir à la pharmacie d'Acqua-fonte pour chercher un médecin. On est tombé sur le Dr, Simarouba, jeune mé

s'adressant aux hôpitaux tant civils que militaires de la capitale; mais là aussi la Société a éprouvé le même échec! A quoi faut-il attribuer une pareille indifférence? Est-ce à la direction des hôpitaux ou bien aux hommes de l'art qui semblent ne pas se soucier des efforts de la Société ?

Sans répondre à cette question qui nous ferait dévier de notre sujet, nous ne pouvons qu'insister sur l'utilité de la statistique: C'est par la statistique, dit M. Bouillaud, que nous « parviendrons à décider les questions relatives à la fréquence << de telle ou telle maladie, selon les saisons, les climats, les « âges, le sexe, le tempérament, etc.; c'est par la statistique << que nous pouvons déterminer entre deux ou plusieurs mé«<thodes thérapeutiques rivales, celle qui guérit le plus grand « nombre de malades etc.

En l'absence complète d'une statistique quelconque, nous allous essayer, en nous confiant en nos faibles ressources, de donner un aperçu des maladies saisonnières, à un point de vue général et plus détaillé que ne l'ont fait jusqu'à présent les bulletins publiés dans la Gazette Médicale d'Orient. Les auteurs de ces bulletins se sont limités, le plus souvent, à faire un exposé restreint des maladies d'une saison, les nommant à peine et n'en faisant, en quelque sorte, que l'énumération. Pour notre compte, nous allons, dans ce travail, fixer spécialement l'attention sur une maladie qui semble se développer endémiquement tous les ans et à une époque déterminée. Nous voulons parler de la dyssenterie.

Il est vrai que dans un climat aussi variable que l'est celui de Constantinople, les saisons n'offrent pas des limites bien distinctes, qu'elles empiètent les unes sur les autres, l'hiver sur le printemps, l'été sur l'automne, et que, par conséquent, les maladies endémiques et constitutionnelles ne peuvent pas non plus suivre une règle fixe et avoir des limites bien tranchées. C'est ainsi que des maladies qui apparaissent en été, se prolongent jusqu'au milieu de l'automne. La dyssenterie est dans ce cas. Elle commence avec le solstice d'été, acquiert son plus haut développement vers l'équinoxe de l'automne, puis elle décline et disparaît au milieu du mois d'octobre (1).

(1) Μέγισται δὲ εἰσι αἵδε καὶ ἐπικινδυνόταται ἡλίου τροπαὶ ἀμφότεραι

decin nouvellement arrivé, un fainéant qui n'a rien de mieux à faire que de passer tout son temps dans la pharmacie à rouler des cigarettes.

Il est donc vena chez le Caimaktchi-bachi en faisant force grimaces et en se donnant des airs d'Hippocrate. Après avoir frappé à la poitrine et au dos du malade et mis son oreille et son nez partout, il a eu la hardiesse de dire à Madame que vous n'avez pas reconnu la maladie qui n'était qu'une fièvre à période et non pas une gastrite; que les saignées ont fait beaucoup de mal et qu'il fallait donner le sulfate de quinine. Puis il ajouta à tout cela que vous êtes une vieille croûte, que vous ne comprenez rien du tout à la médecine et que vous n'êtes pas même médecin, car vous êtes sans diplôme et ne pouvez pas être membre de la Société Impériale de Médecine. En somme, il a déblatéré tant d'horreurs sur votre compte que j'en fus indigné et je ne puis pas vous les rapporter.

Le Dr, Chiendent, ne pouvant plus contenir sa colère, ouvrit avec violence un tiroir et en fit sortir un tas de paperasses qu'il étala orgueilleusement sur la table. Tenez, dit-il, des diplômes

Avec la dyssenterie, cela va sans dire. il y a d'autres maladies qui règnent pendant cette époque de l'année: telles sont les fièvres intermittentes, les ophthalmies catarrhales, quelques fièvres exanthématiques, des cas de fièvre rémittente, de fièvre typhoïde, etc.; mais ces maladies se montrent dans la même proportion pendant toute l'année, sauf le cas où il s'y ajoute l'influence d'un génie épidémique particulier.

Dans l'intérieur de la Romélie, les fièvres gastriques et les fièvres intermittentes marquent bien les saisons: là on les voit régner pendant tout l'été jusqu'au milieu de septembre; puis il y a une saison de transition, celle des mois d'octobre et de novembre. A cette époque, le nombre des maladies diminue considérablement et il n'y reste plus que quelques affections catarrhales compliquées d'un élément périodique, ou d'une fièvre intermittente simple. J'y ai observé, par exemple, la bronchite, la pneumonie et la pleurésie aigues se compliquer d'une véritable fièvre intermittente. Vient ensuite l'hiver, le nombre des malades augmente et les maladies de l'appareil respiratoire acquièrent un caractère plus franchement inflammatoire.

Il est vrai qu'à Constantinople aussi il y a un élément périodique, dont on a souvent parlé et même abusé, qui vient compliquer, pendant toute l'année, les maladies aigues, mais cela n'arrive pas aussi fréquemment qu'on a bien voulu le supposer; de telle sorte qu'à Constantinople il n'y a pas, à proprement parler, ni saison de fièvres intermittentes, ni saison de transition.Que dire, après cela, de la miliaire qui vient, elle aussi, compliquer des maladies diverses et qui, se combinant avec l'élément périodique, les modifie singulièrement, comme on a parfois l'occasion de l'observer dans la fièvre rémittente, la fièvre typhoïde et les fièvres éruptives? Je crois que tous ces phénomènes ont une importance majeure dans la pratique et méritent bien qu'on s'y arrête sérieusement. C'est ce que je me propose de faire par la suite et successivement.

La saison des fièvres intermittentes est. au contraire, rem

καὶ μᾶλλον αἱ θεριναί· καὶ ἰσημεριναὶ νομιζόμεναι αμφότεραι, μᾶλλον δὲ αἱ μετοπωριναὶ (Ἱπποκ· αὐτόθι·) Les plus grands changements et les plus dangereux arrivent pendant les quatre époques qu'on est convenu d'appeler les solstices et les équinoxes, et notamment pendant le solstice d'été et pendant l'équinoxe d'automne. (Hipp. ibid.)

de presque toutes les facultés de la chrétienté, puisqu'on tient tant à savoir qui je suis.

Je n'en doute pas, M. le Docteur, interrompit Giorgiaki, ces chiffons de brevets d'invention, c'est à ces enragés de médecins de seconde classe qu'il faudrait les jeter au nez. Mais ce serait encore là du temps perdu. Ils pousseraient la calomnie jusqu'à dire que ces diplômes sont faux. Quant à moi je n'en ai point, ni de docteur ni de pharmacieu, mais grâce à vous, qui êtes le plus grand médecin de l'univers, j'ai une grande pratique qui vaut bien toute la science des autres; meglio val la pratica che la gramatica. Laissez donc parler la rage de la jalousie! Tous les grands hommes ont eu des détracteurs dans ce monde; et je me rappelle avoir lu dans un ouvrage dont le nom m'échappe, que le célèbre Dr. Sangrado de Valladolid s'est trouvé, lui aussi, en butte aux attaques amères et aux calomnies de Dom Cucillo. Puis, il faut de la prudence, car tous ces médecins de second ordre se sont unis et nous font une guerre à mort. Leur Gazette est devenue un organe de propagande et d'inquisition à faire trembler les plus hardis.

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