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DE

FRANCE,

DEPUIS l'établiffement de la Monarchie,

jufqu'au regne de Louis XIV.

TOME DIX-SEPTIEME.

Commencé par M. VILLARET, & acnevé
par M. GARNIER, Profeffeur Royal, &
de l'Académie Royale des Infcriptions &

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Chez

A PARIS,

SAILLANT, rue Saint-Jean-de-Beauvais.

DESAINT rue du Foin, la premiere porte
cochere à droite en entrant par la rue Saint-Jacques.

M. DCC. LXX.

Avec Approbation & Privilege du Roi.

M. VILLARE T, en rendant compte des motifs qui l'avoient engagé à fe charger de la continuation de l'ouvrage de M. l'Abbé Velli, s'exprimoit en ces termes : Je n'ai d'autre objet dans mon travail que le defir de fervir ma Patrie: fon approbation fera pour moi la plus chere & la plus glorieufe des récompenfes. Ses vaux ont été remplis chaque volume qu'il donnoit, ajoutoit à l'empressement du Lecteur : il en a publié neuf, & il en étoit à la page 348 de celui-ci lorfque la mort l'a enlevé aux Lettres.

:

HISTOIRE

DE

FRANCE.

LOUIS XI..

PRÈS le recouvrement de

à 1469.

Etat du

royaume.

fes provinces & l'expulfion ANN. 1452. des Anglois, la France délivrée de fes plus redoutables ennemis, rétablie dans fes anciennes limites, réparant journellement fes pertes paffées par le retour du commerce, de l'agriculture, de la population, paroiffoit devoir jouir d'une fécurité appuyée fur des fondemens inébranlables. Le bonheur public ne dépendoit plus que du concert des parties qui compofoient la monarTome XVII,

A

à 1463.

chie. A commencer par le monarque,

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ANN. 1462 tous ceux qui par leur puiffance, leur autorité, leurs emplois fupérieurs, difpofoient de la deftinée de l'état trouvoient un avantage égal en concourant au maintien de cette heureufe harmonie. Cet abîme d'infortu nes dont nous fortions à peine, préfentoit une leçon trop récente pour qu'il fût poffible de l'avoir oubliée. L'expérience du paffé auroit dû nous rendre fages, fi le defir immodéré de l'indépendance, l'efprit de domination abfolue, la jaloufie, l'ambition, n'avoient pas entretenu des germes de difcordes qui fomentés en fecret, n’attendoient pour fe manifefter que des circonftances propres à les faire éclore. Refpectée au dehors, la nation n'avoit plus à craindre que fes propres forces tournées contre elle-même. Il faut lui rendre juftice, jamais elle ne parut moins difpofée à renouveller les fatales divifions qui l'avoient fi long-tems déchirée. Si nous voyons renaître au commencement de ce regne les divifions civiles, ce malheur fut l'ouvrage unique des paf-. fions des grands. On ne vit pas du moins comme dans les guerres pré

à 1463.

cédentes la fureur infenfée des peuples feconder celle de leurs chefs, & ANN. 1462. cette inaction fervit à préferver le royaume d'un second embrasement peut-être plus funefte que n'avoit été le premier.

Louis depuis fon avénement au trône exerçoit un pouvoir infiniment plus étendu, moins contredit, mais en même-tems beaucoup plus envié que n'avoient jamais fait aucun de fes ancêtres. La plupart des princes & les plus grands feigneurs, ainsi qu'on a déja pris foin de l'obferver ne voyoient qu'avec peine leur puiffance éclipfée par celle du monarque. Tropfoibles chacun en particulier pour balancer leurs par propres forces une autorité fi formidable, ils étoient contraints de diffimuler leur indignation, & de paroître fléchir volontairement fous la main qui les enchaînoit. Ils ne pouvoient s'affranchir du joug qu'en fe réuniflant, projet auquel la diverfité de leurs intérêts, & leur défiance réciproque oppofoient un obftacle infurmontable dans l'exécution. Avec une adreffe médiocre il étoit facile de les contenir. Il auroit été à defirer pour la tranquillité publique que

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