Nous monstre sa blanche tresse, Lever ma belle maistresse. Quand je sens, parmy les prez Diaprez, Les fleurs dont la terre est pleine, Lors, je fais croire à mes sens Que je sens La douceur de son haleine. Bref, je fais comparaison, Par raison, Du printemps et de ma mie; D'elle prend vigueur et vie. Je voudrois, au bruit de l'eau Desplier ses tresses blondes, Que je verrois friser d'ondes. Je voudrois, pour la tenir, Devenir Dieu de ces forests desertes, Qu'en un bois Il y a de feuilles vertes. Hà! maistresse, mon soucy, Vien icy, Vien contempler la verdure! Ont pitié, Et seule tu n'en as cure. Au moins, leve un peu tes yeux Et voy ces deux colombelles Doucement, L'amour du bec et des ailes. Et nous, sous ombre d'honneur, Le bon-heur Trahissons par une crainte; Les oyseaux sont plus heureux, Amoureux Qui font l'amour sans contrainte. Toutesfois, ne perdons pas Pour ces loix tant rigoureuses; Les colombes amoureuses. Pour effacer mon esmoy, Baise-moy, Rebaise-moy, ma deesse; Ne laissons passer en vain, Les ans de nostre jeunesse. L'ALOUETTE 1 Chantes. • Printemps. Hé Dieu, que je porte d'envie Degoizes dès le poinct du jour, Dont ta plume est tout arrousée! 2 Qu'il n'est amant qui ne desire, Quant ton chant t'a bien amusée, De l'air tu tombes en fusée Qu'une jeune pucelle, au soir, Et son tors fuseau delié Loin de sa main roule à son pié. 2 T'élevant. - 3 Onomatopée imitant le cri de l'alouette. A l'improviste. Ainsi tu roules, aloüette, Tu vis sans offenser personne, A tes fils non encor ailez, D'un blond duvet emmantelez. A grand tort les fables des poëtes Vous accusent vous, alouettes, Mais quoy? vous n'êtes pas seulettes 3 A qui la langue des poëtes A fait grand tort: dedans le bois, Le rossignol à haute vois, Caché dessous quelque verdure, Se plaint d'eux, et leur dit injure. 3 1 Petit ver. Selon la Fable, Scylla, fille de Nisus, à la prière de Minos, son amant, coupa le cheveu d'or auquel était attachée la fortune de son père, et fut changée en alouette. 3 Les seules. 1 Si bien fait l'arondelle aussi Quand elle chante son cossi 2: Ces menteurs, de ce qu'ils ont dit. Ne laissez, pour cela, de vivre Vostre nouveau nid pepiant, (Extrait du recueil des poésies de Ronsard, 1 Dans le sens de..., c'est bien ce que... 2 Onomatopée, imitant le cri de l'hirondelle. 3 Autre onomatopée. A cause... 5 Le sens est: que jamais... 6 Mot formé par onomatopée, pour rendre les petits cris de la couvée dans son nid. |