Page images
PDF
EPUB

DUPA PA

NICOLAS CHARISTESKI,

Prononcé dans l'églife de Ste Toléranski, village de Lithuanie, le jour de Ste Epiphanie.

MES FRERES,

Nous fefons aujourd'hui la fête de trois grands

rois, Melchior, Balthazar & Gafpard, lesquels vinrent tous trois à pied des extrémités de l'Orient, conduits par une étoile épiphane, & chargés d'or, d'encens & de myrrhe, pour les préfenter à l'enfant JESUS. Où trouverons - nous aujourd'hui trois rois qui voyagent ensemble de bonne amitié avec une étoile, & qui donnent leur or à un petit garçon ?

S'il y a de l'or dans le monde, ils fe le disputent tous, ils enfanglantent la terre pour avoir de l'or, & enfuite ils fe font donner de l'encens par mes confrères, qui ne manquent pas de leur dire à la fin de leurs fermons qu'ils font fur la terre les images du DIEU vivant.

Nous croyons du moins dans ma paroiffe que le DIEU vivant eft doux, pacifique, qu'il eft également le père de tous les hommes ; que dans le fond du cœur il ne leur veut aucun mal; qu'il ne les a point

formés pour être malheureux dans ce monde-ci, & damnés dans l'autre ; ainfi nous ne regardons comme images de DIEU que les rois qui font du bien aux hommes.

Que Moustapha me pardonne donc fi je ne puis le reconnaître pour image de DIEU. J'entends dire que cet homme, avec qui nous n'avions rien à démêler, s'eft avifé d'abord de violer le droit des gens, de mettre dans les fers un miniftre public qu'il devait refpecter, & qu'il a envoyé vers nos terres une troupe de brigands dévaftateurs, n'osant pas y venir luimême.

Je n'imaginerai jamais, mes frères, que DIEU & un turc fanguinaire & poltron fe reffemblent comme deux gouttes d'eau.

Mais ce qui m'étonne davantage, ce qui me fait dreffer à la tête le peu de cheveux qui me reftent, ce qui me fait crier Heli, Heli, Lamma Sanathani ou Laba Sanathani, ce qui me fait fuer fang & eau, c'eft que je viens de lire dans un manifefte de confédérés ou conjurés de Pologne, comme il vous plaira, ces propres paroles (page 5).

,, La fublime Porte notre bonne voisine & fidelle ⚫ alliée, excitée par les traités qui la lient à la république & par l'intérêt même qui l'attache à la , confervation de nos droits, a pris les armes en , notre faveur. Tout nous invite donc à réunir nos forces pour nous oppofer à la chute de notre , fainte religion. "

Ah mes frères, en quoi cette Porte eft- elle fublime ? C'eft la Porte du palais bâti par Conftantin, & ces barbares l'ont arrofée du fang du dernier des

Conftantins. Peut-on donner le nom de fublime à des loups qui font venus égorger toute la bergeric? Quoi! ce font des chrétiens qui parlent, & ils ofent dire qu'ils ont appelé les fidelles mahométans contre leur propre patrie! contre les chrétiens!

Braves Polonais, ce n'était pas ainfi qu'on entendit parler & qu'on vit agir votre grand Sobieski, torfque dans les plaines de Choczim il lava dans le fang de ces brigands la honte de votre nation qui payait un tribut à la fublime Porte; lorsqu'enfuite il sauva Vienne du carnage & des fers, lorfqu'il remit l'empereur chrétien fur fon trône: certe, vous n'appeliez pas alors ces ennemis du genre-humain vos bons voifins & vos fidelles alliés.

Quel eft le but, mes chers frères, de cette alliance monftrueufe avec la Porte des Turcs? C'eft d'exterminer les chrétiens leurs frères qui diffèrent d'eux fur quelques dogmes, fur quelques ufages, & qui ne font pas comme eux les efclaves d'un évêque italien.

que nous

Ils appellent la religion de cet italien catholique & apoftolique, oubliant que nous avons eu le nom de catholique long-temps avant eux; que le mot de catholique eft un terme de notre langue, ainfi que tous les termes confacrés au chriftianifme leur avons enfeigné ; que tous leurs évangiles font grecs; que tous les pères de l'Eglife des quatre premiers fiècles ont été grecs; que les apôtres qui ont écrit n'ont écrit qu'en grec; & qu'enfin la religion romaine, fi décriée dans la moitié de l'Europe, n'est (fi notre esprit de douceur nous permet de le dire) qu'une bâtarde révoltée depuis long-temps contre fa⚫

mère.

Pologne, allez baiser la main de Catherine. Nations, ne frémiffez plus mais admirer.

:

DIEU m'eft témoin que je ne hais pas les Turcs, mais je hais l'orgueil, l'ignorance & la cruauté. Notre impératrice a chaffé ces trois monftres. Prions DIEU & St Nicolas de feconder toujours notre augufte impératrice.

AUX CONFEDERÉS CATHOLIQUES DE

KAMINIEK EN POLOGNE.

Par le major Kaiferling, au fervice du roi de Pruffe.

BRAVES

RAVES Polonais, vous qui n'avez jamais plié fous le joug des Romains conquérans, voudriezvous être aujourd'hui les efclaves & les fatellites de Rome théologienne?

Vous n'avez jufqu'ici pris les armes que pour votre liberté commune; faudra -t-il que vous combattiez pour rendre vos concitoyens efclaves ? Vous déteftez l'oppreffion; vous ne voudrez pas fans doute opprimer vos frères.

Vous n'avez eu depuis long-temps que deux véritables ennemis, les Turcs & la cour de Rome. Les Turcs voulaient vous enlever vos frontières, & vous les avez toujours repouffés; mais la cour de Rome vous enlève réellement le peu d'argent que vous tiriez de vos terres. Il faut payer à cette cour les annates des bénéfices, les difpenfes, les indulgences. Vous avouez que fi elle vous promet le paradis dans l'autre monde, elle vous dépouille dans celui-ci. Paradis fignifie jardin. Jamais on n'acheta fi cher un jardin dont on ne jouit pas encore. Les autres communions vous en promettent autant; mais du moins elles ne vous le font point

« PreviousContinue »