Page images
PDF
EPUB

saccagées. Les habitants de Paris voulaient s'enfuir. Geneviève les arrête; elle leur promet, au nom du ciel, que Lutèce sera épargnée; on ne l'écoute pas. Cependant elle persuade un grand nombre de femmes et s'enferme avec elles pour prier dans une église. Les hommes irrités croient que Geneviève est une folle ou une magicienne; ils cherchent à briser la porte de l'église. Un prêtre les apaise: «Cette fille est une sainte, leur dit-il; obéissez-lui.>>>

Les Parisiens obéirent et demeurèrent. Attila prit une autre route, se dirigeant sur Orléans.

Geneviève fut dès lors en grande vénération dans sa ville, qu'elle ne cessa de protéger par la renommée de ses vertus. Aussi, après sa mort, fut-elle honorée comme la patronne de Paris.

21. Roland.

Charlemagne, ayant longtemps guerroyé en Espagne, rentrait en France à la tête de son armée victorieuse. Le gros de l'armée avait franchi heureusement les Pyrénées et filait déjà dans la plaine. L'arrière-garde, commandée par Roland, fut assaillie, dans le défilé étroit de Roncevaux, par une nuée de montagnards qui, postés sur les sommets de la montagne et dissimulés dans les forêts qui la couvraient, criblèrent les Français d'une grêle de traits et les écrasèrent sous des blocs de rochers.

Que de lances brisées et sanglantes! Que de drapeaux et d'étendards en lambeaux! Les Français perdent les meilleurs d'entre eux. Olivier, alors, appelle Roland: «<Ami, viens près de moi, que nous ne mourions pas l'un sans l'autre !» Roland regarde autour de lui: «Olivier, dit-il, vois tous ces braves qui gisent à terre! O Charlemagne, que n'êtes-vous ici! Je vais sonner du cor; Charlemagne l'entendra des défilés et il viendra

certainement.>>>

Quoique blessé, il approche le cor d'ivoire de ses lèvres, et sonne de toutes ses forces, avec grande peine

et grande souffrance: le sang lui jaillit de la bouche, ses tempes se rompent dans l'effort. Le son résonne au loin, le long des roches; l'écho s'entend à trente lieues à la ronde. Le comte Roland a la bouche sanglante. Il sonne encore, il sonne avec douleur.

Charles l'entend et dit: «C'est le cor de Roland; il ne sonnerait pas s'il n'y avait bataille.>> Charles fait sonner les cors. Les Français tournent bride vers l'Espagne. Ils vont dans les hautes montagnes, grandes et ténébreuses, dans les vallées profondes, par-dessus les torrents qui courent. Hélas! ils arriveront trop tard!

A Roncevaux, ils ne sont plus que trente. Avec Durandal, sa fidèle épée, Roland a tué vingt-quatre païens; comme le cerf qui fuit devant le chien, ainsi les païens fuient devant Roland. Olivier tombe percé d'un coup de lance. Roland abat son meurtrier.

Il ne reste plus que deux Français, Roland et l'archevêque Turpin. L'archevêque a son casque brisé et son cheval tué sous lui; il a quatre coups de lance au corps, il tombe.

Mais voici soixante mille trompettes qui sonnent, si haut et si fort que les monts en retentissent et que les vallées répondent. «C'est Charles!» crient les Sarrasins, et ils s'enfuient de terreur. Roland et Turpin restent là seuls, mourants.

Roland est à l'agonie. Il se couche à terre, met sous lui son cor et son épée et tourne la tête du côté du pays ennemi, afin que Charles et les Français puissent dire qu'il est mort en conquérant. rend l'âme.

Puis il

(D'après Lefrançais.)

22. Duguesclin.

Bertrand Duguesclin est un des capitaines qui ont le plus fait pour relever la France après les défaites du roi Jean le Bon. Le grand exploit de Duguesclin fut de débarrasser la France des bandits qui parcouraient la

campagne, pillant et massacrant les paysans, mettant les villes à rançon. Il leur fit une guerre sans relâche, les poursuivant, les exterminant, et il nettoya de cette peste la Bretagne, le Poitou et le Maine.

Duguesclin savait combien il était aimé et il en était fier. Dans une guerre civile en Espagne, il fut fait prisonnier par le prince de Galles, qui y soutenait le parti opposé. Le prince, qui l'estimait à sa valeur, tenait peu à rendre la liberté à un si rude adversaire et refusait toute rançon.

Un jour, Bertrand rencontra le prince, qui lui dit: <<Comment allez-vous, messire Bertrand? - A merveille! répondit le rusé Breton, car on dit partout que je suis le premier guerrier du monde, puisque vous n'osez me mettre à rançon.»>

[ocr errors]

Le prince, piqué au vif, lui dit: «Eh bien! fixez vous-même votre rançon. Je la fixe à cent mille livres, répondit fièrement Duguesclin. Et où les trouverezvous? s'écria le prince, qui savait bien que le brave Breton n'avait pour toute fortune que son épée et sa cotte de mailles. Monseigneur, répondit Bertrand, le roi de France paiera la moité, le prince Henri d'Espagne paiera l'autre, et, s'ils n'ont pas d'argent, il n'y a pas une femme de France sachant filer qui ne veuille filer une quenouille pour aider au paiement de ma rançon.»

[ocr errors]

23. Jeanne d'Arc.

I. Enfance et départ de Jeanne d'Arc.

Jeanne d'Arc naquit au village de Domrémy, en Lorraine, l'an 1412. Ses parents, paysans aisés, de bonne vie et de bon renom, habitaient une confortable maisonnette, avec leurs cinq enfants, trois garçons et deux filles. L'aînée de celles-ci, Jeanne, était une brave fille, courageuse au travail. Tout le monde l'aimait, tant elle était douce, obligeante et point fière.

Mezger u. Ganzmann, Lehrbuch. II. 2. Aufl.

15

En ce temps-là, le pays de France était à feu et à sang par suite de discordes intérieures et de l'invasion des Anglais. On se racontait, à Domrémy, toutes les misères qui désolaient le royaume. «Hélas! disait-on, le feu roi est mort fou, et son fils, Charles, septième du nom, est réduit à déplorer d'avoir la raison et la vie, tant il est malheureux! Des troupes ont traversé l'Océan pour venir nous imposer le roi d'Angleterre. Cet étranger, qui n'a pas été nourri parmi nous, prétend avoir le droit de nous gouverner. Il a pour lui des magistrats, des prêtres, de grands seigneurs. La reinemère elle-même Ysabeau, combat son fils. Partout les Anglais sont vainqueurs, et notre roi erre en fugitif dans son propre royaume. Pauvre roi! Pauvre France!>>

Cependant, aux paroles de tristesse et de crainte se mêlaient des paroles d'espérance. A force d'entendre ces propos, Jeanne était devenue pensive. Pleine d'amour et de pitié pour son malheureux pays, elle se persuada peu à peu que son devoir était de le délivrer des ennemis, que Dieu même le lui ordonnait. Elle se dit: «Il faut un remède à tant de maux. Je veux partir!>>

Une visite à son oncle, qui habitait une petite ville voisine, Vaucouleurs, lui servit de prétexte. Il en coûtait à la douce jeune fille de quitter ses parents, ses compagnes, ses troupeaux, son église, son village. Mais force lui était d'aller là où ses voix l'appelaient. Elle embrassa son père, sa mère, sa sœur, ses frères, ses amies, et elle partit.

Arrivée chez son oncle, elle le pria de la conduire au gouverneur de la ville, le capitaine Robert de Baudricourt, pour qu'elle pût demander à ce fonctionnaire la grâce d'être menée auprès du roi. L'oncle résista d'abord, puis finit par céder. Après bien des démarches, Jeanne fut reçue par le capitaine de Baudricourt. «Capitaine, lui dit-elle, sachez que mon Seigneur m'a commandé d'aller vers le dauphin. Je ferai sacrer le dauphin en dépit de ses ennemis. Et quel est ton seigneur?

Le roi du ciel!» Baudricourt rit et la fit sortir. «C'est une folle !» dit-il.

Jeanne ne se découragea pas. «Je persévérerai et je serai écoutée !» dit-elle. Et elle s'installa chez son oncle. Sa présence ne fut pas sans faire quelque bruit dans la petite ville. Les gens du peuple s'éprirent pour elle d'un bel amour. Voyant alors que Jeanne s'obstinait et que le peuple croyait en elle, Baudricourt fut ébranlé. Il écrivit à la cour. Tout était alors au plus mal. Le dauphin et son entourage se dirent: «Puisque les hommes d'armes n'ont rien pu; essayons de cette jeune fille!»> Et ordre fut donné d'envoyer Jeanne à Chinon.

(D'après Joseph Fabre.)

II. Jeanne d'Arc à Orléans.

C'était en 1429. Les Anglais assiégeaient la ville d'Orléans. On attendait une armée de secours, qui parut enfin, le 4 mai, sur la rive droite de la Loire. Jeanne sortit de la ville pour la recevoir, à la tête de la garnison. Les Anglais, supérieurs en nombre aux deux forces réunies, ne bougèrent pas, et les Français entrèrent sans coup férir en passant à travers les bastilles silencieuses.

Jeanne, fatiguée, s'était, au retour, jetée sur son lit. Elle s'éveille tout à coup en sursaut, comme si elle avait entendu une voix. «Le sang de nos gens coule! s'écriet-elle, mes armes! mon cheval!» Elle descend, trouve son page qui jouait: «Ah! méchant enfant! vous ne me disiez pas que le sang de France fût répandu!» Elle se fait armer en hâte, saisit son étendard, court droit, bride abattue, à la porte orientale de la ville, d'où part le bruit de bataille, qu'elle avait entendu de si loin dans son rêve.

Les Français, à son insu, avaient entrepris une sortie et attaqué la bastille de Saint-Loup; mais repoussés, ils revenaient en désordre, ayant un grand nombre de blessés.

« PreviousContinue »