Les enfants barbouillés de mûres O Rosa! charmeuse et charmée, Le pré t'a toute parfumée..... LA BAIGNEUSE. Au bout du parc, style rocaille, Elle a détourné la broussaille Si Coustou, demi-dieu du marbre, Moi, comme j'étais de la fêle, chez nous. Il m'apprit ce qu'il savait. Ce fut bientôt fait. Mais il me réapprit Dieu que j'avais mal appris au collége. Je commençai alors, sans le savoir, mon livre Les destinées de l'âme, cherchant Dieu dans la nature et dans l'infini comme je cherchais des amoureuses idéales dans l'église. Je fus toute une saison à courir les champs dès l'aube, respirant je ne sais quelle volupté délicieuse dans cette virginité de la nature, ayant encore les pâleurs, les indécisions, les innocences de la jeune fille qui s'éveille dans la jeunesse. La robe verte tout endiamantée sous le ciel bleu a des tons d'une douceur ineffable; les dernières brumes qui vont s'effranger aux grands arbres et se perdre çà et là estompent harmonieusement le paysage et font voyager l'esprit. La nature avant d'éblouir son monde garde encore les airs discrets et pudiques d'une femme qui descend du lit. Elle sourit, mais dans la dignité d'une déesse, aux aubades des merles et des rossignols. Je battais la campagne, secouant des pieds la rosée des touffes d'herbe, troublant les hyménées des infiniment petits, agitant les branches avec mon bâton de cornouiller, cueillant des rimes et des bouquets, croyant penser quand je n'étais qu'un rêveur plus ou moins. éveillé. Voici trois sonnets de mes premières rencontres et mes premières rêveries : ROSA. Rosa! les cerises sont mûres, Le soleil a doré les blés. Il est midi: sous les ramures, Les cœurs amoureux sont troublés; Au bout du parc, style rocaille, Elle a détourné la broussaille Si Coustou, demi-dieu du marbre, Moi, comme j'étais de la fête, LA SOIF DU CŒUR. Ma belle Léonie, allons au fond des bois. Bien loin, vers les rochers où le cerf aux abois El quand nous serons seuls sous le ciel, sur la terre, Je te dirai tout bas que ma fontaine, à moi, ne faut pas mal dire de l'amour platonique, puisque Ic'est la station la plus radieuse de la passion. J'étais depuis quelques jours en conversation pas du tout criminelle avec une jeune fille du pays, qui vivait moitié du tems à Paris et moitié du tems à la campagne. Romanesques tous les deux, nous ne songions qu'à l'A B C D de l'amour. Sa mère semblait bien comprendre cela, puisqu'elle nous laissait errer dans un rand verger où il y avait beaucoup de pommiers. Nous |