nes, c'eft qu'aux Entrées des Rois; dans les réjouiffances publiques, on crioit Noel. Tel étoit alors le génie des peuples, Il faut des Spectactles & des Divertiffemens à quelque prix que ce foit, & la Religion elle-même, toute férieufe qu'elle eft, eft obligée à en fournir, quand on n'en peut pas tirer d'ailleurs. Nos Peres peu fçavans dans l'antiquité ne connoiffoient guere que l'Hif toire de leur Religion, & c'étoit à elle par conféquent à remplir le Theatre. Heureufement nous avons aujour d'hui d'autres fources où puifer des Sujets; toutes les Hiftoires anciennes nous font ouvertes, & quand nous voulons du merveilleux, nous avons quantité de Dieux & de Déeffes qui ne nous font rien, & qui ne font bons que pour la Scene. Ce n'eft pas cependant que toutes nos anciennes Comedies Françoifes fuffent tirées de l'Ecriture, oụ de la Vie des Saints. Il y avoit, comme nous l'apprenons de l'Hiftoire rapportée par Rabelais, des Farces & Mommeries, pour lesquelles Tappecoue eût eu raifon de ne point vouloir prêter de Chappe, Il nous reste une de ces Farces, où il ya de fort plaifantes chofes. C'eft la Farce de Pathelin, dont Pafquier a fait un Extrait ou plutôt un Recit affés long, & affés fidele. Je ne laifferai pas d'en faire auffi un qui fera different du fien, en ce que je rapporterai plus de morceaux de l'Ouvrage. Maître Pierre Pathelin, Avocat peu employé, vient d'abord avec Guillemette fa femme, qui lui reproche qu'il n'a ne denier ne maille. Pathelin lui dit que cela n'empêche pas qu'il n'aille à la Foire tout de ce pas, & qu'elle n'a qu'à lui dire de quel Drap elle veut pour fe faire un habit, qu'elle en aura qui ne coutera rien. Il va donc à la Foire, & s'adreffe à un Drapier à qui il donne le bon jour avec beaucoup de careffes. Enfuire il lui parle de fon pere, Il m'eft avis tout clerement Que c'eft il de vous proprement LE DRAPIER Et de nous quand il luy plaira. PATHELIN. Par ma foy, il me déclara Le temps qu'on voit présentement, Le Drapier fur qui les difcours de Pathelin commencent à operer, le pric de s'affeoir. Il en fait quelque façon & s'affied, & puis revient à la reffemblance du Drapier avec fon perc. Ainfi m'aift Dieu que des oreilles, Enfuite il lui demande des nouvelles de la bonne Laurence fa belle tante, à quí Al reffemble encore de corfaige. Au mi lieu 。 lieu de cet entretien, il jette par hazard les yeux fur un Drap qui lui plaît. Il n'a que faire de Drap, dit-il; mais celui-là le tente, & il voit bien que de quatre-vingts écus qu'il avoit inis à part pour retraire une rente, il y en aura quelque vingtaine pour le Drapier. Ifs conviennent du prix qui eft fix écus d'or, on aulne, on coupe; mais Pa→ thelin n'a pas fon argent fur lui. Il faut que le Marchand le vienne querir, & en même-tems gouter le vin de Pathefin, & manger d'une Oue que fa femme: , rotit. Le Drapier s'y réfout, quoiqu'avec quelque difficulté, & dit qu'il lu portera donc fon Drap. Mais que Pathelin lui laiffat prendre cette peine? Il n'y a nulle apparence. Il emporte donc le Drap lui-même, & retourne triomphant vers Guillemette, à qui il dit ce qu'il faut faire pour le moquer du Drapier qui va venir. Je voudrois copier d'un bout à l'au tre les Scenes qui fuivent, tant elles me paroiffent Comiques & d'un Jeu agréable. Cependant je vais tâcher a ne point fortir des bornes d'un Extrait. Le Drapier vient, Guillemette lui ou vre la porte, & chaque fois qu'il veut Tome II D parler, elle lui dit de parler bas. Le Drapier y manque toujours, & dit qu'il vient querir fon argent, & toujours Guillemette répond, parlés bas, je croi que le pauvre homme dort. Il y a onze semaines qu'il eft au lit fans en fortir. Comment? Il eft venu ce matin prendre du Drap chés moi. Et Guillemette répond en co lere. Diable y ait part, aga quel prendre! Nous baillés vous de vos trudaines Vous vienderés dans ma maison LE DRA PIER. Dea, vous difiés que je parlaffe Vous criés?..... GUILLEMETTE Et à qui lavés vous baillé, (ce Drap?) LE DRAPIER. A luy mefme. |