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1873, Oct. 13. Minot Fund..

MODERNE,

OU

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.

COPTES. (Histoire.) En esquissant ici l'histoire des Coptes, nous la considérerons principalement au point de vue des écrivains musulmans arabes. Il ne sera peut-être pas sans intérêt, à une époque où les savants de l'Europe interrogent si avidement les souvenirs de la terre des Pharaons, d'avoir un aperçu de ce que pensèrent et dirent les savants arabes sur ces âges passés, et de voir comment ils comprirent et se représentèrent l'Égypte ancienne. Peut-être cet exposé rapide fera-t-il naître le désir de chercher quelles furent l'origine et la signification des noms appliqués par les Arabes aux rois de cette Égypte; de voir si cette origine est copte, persane, chaldéenne ou arabe; s'il ne conviendrait pas, enfin, d'examiner sous quelque nouvel aspect cette antique histoire si mystérieuse encore.

L'exagération et la bizarrerie des récits des Arabes sont la forme d'admiration par laquelle les écrivains musulmans rendent hommage à la grandeur de l'antique Égypte, à la hauteur et à la puissance de son génie. Dans leur étonnement, ils ont accordé à cette terre du Nil une prédestination divine pour tous les genres de gloire et de magnificence; et pour combler la mesure, selon eux, il n'y eut jadis tant de merveilles dans cette longue vallée, que parce qu'elle devait recevoir plus tard un nouvel et plus bel éclat, par l'implantation glorieuse de la plus parfaite religion du monde, l'islamisme. SIer. Prédestination de l'Égypte. — Coptes avant le déluge.

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luge. Les plus grands monuments de l'Égypte, tels que les pyramides de Gizeh, les hypogées les plus spacieux, sont des œuvres de prévision, imaginées par un Pharaon antédiluvien pour servir de refuge contre la submersion générale; car ce Pharaon avait eu ou reçu la prescience de ce terrible cataclysme. Mais dès le commencement du monde, l'Égypte eut son sort décidé, sa prédestination. Lorsque Adam fut créé, disent les livres arabes, Dieu lui fit admirer la figure de la terre, lui montra comment avait arrangé notre planète, en orient et occident, en monts et plaines, mers et fleuves, végétations et déserts; comment il avait distribué à l'avance les nations, déterminé les rois et les souverains des peuples. Et Adam, remarquant le sol de l'Égypte, une belle surface abreuvée par un beau fleuve dont la source prenait au paradis et ruisselait de bénédictions, un beau mont habillé de lumière, le Mocattam, sur lequel Dieu fixait sans cesse l'œil de sa bonté, mont environné d'arbres à fruits, dont les immenses rameaux allaient jusqu'aux cieux, Adam pria Dieu de bénir à tout jamais le Nil et la terre d'Égypte, de les couvrir de ses bienfaits et de ses grâces.

a L'Éternel, accédant au vœu du premier homme, bénit sept fois le Nil et le mont de l'Égypte. El Adam s'écria : « O mont! en bas de << tes rocs sera un paradis; la terre du sol qui << entoure tes pieds sera de musc précieux, et << recouvrira un jour les restes mortels de saints << illustres par leur sainteté. Terre conserva<< trice, terre d'obéissance et de bénédictions, << heureuse Égypte! sois toujours protégée, « sois toujours gouvernée par des Rois, par des << hommes de gloire et d'illustration; ô terre << qui enserreras dans ton sein tant de riches1

«ses, tant de trésors, que ton fleuve coule des « flots de miel; que Dieu te fertilise, inonde «tes mamelles de lait, tes campagnes de ver. dure et de moissons, tes habitants de béné «<dictions. Ton bonheur se perpétuera tant que «tu resteras sans orgueil et sans injustice; « mais du jour où tu seras tyrannique et orgueilleuse, le malheur tombera sur toi comme "un ennemi, et ton bien-être sera perdu. »>

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On connait assez l'Égypte et son histoire pour voir ce qui s'est accompli de ces vœux et de ces prédictions; on sait qu'au-dessous du Mocattam, près du Caire, sont répandus un grand nombre de tombeaux, ceux des khalifes ou princes d'Égypte, celui du saint imâm, Châfey, et de beaucoup d'autres saints musulmans; car, dès que Amr eut commencé la conquête de l'Égypte, ce terrain fut consacré à la sépulture des fidèles.

Conformément à la destinée fixée pour l'Égypte, la vallée du Nil s'illustra de bonne heure dès avant le déluge, elle eut des temples, des tombeaux, des palais, des statues, des oratoires, des tours, des castels, tout cou verts d'hieroglyphes ou telsem, c'est-à-dire de figures magiques. Ces figures, dont l'invention remonte au delà de Noé, sont appelées par les sa vants arabes l'écriture inconnue. Heureusement que tout cela avait été représenté en creax ou en relief, non en couleur, sur des pierres dures; autrement les eaux diluviennes auraient tout détruit. Et plus heureusement encore, un prêtre ou sage égyptien, que les savants arabes appellent Calymóun, fut inspiré du ciel et alla trouver Noé assez à temps pour pouvoir être reçu dans l'arche et sauvé de l'inondation générale.

Après le déluge, ce sage revint en Égypte avec le chef de la colonie qui, après la sortie de l'arche, vint repeupler la vallée du Nil; il expliqua aux colous les mystères des telsem; et la science hiéroglyphique, toute la science primordiale de l'Égypte, fut sauvée des eaux. Ce Calymoun épousa une fille de Nayçar ou Bayçar, le plus jeune des quatre fils de Cham, fils de Noé, et il en eut un fils appelé Misr ou Misraïm, comme le fils aîné de Nayçar. Les postérités de ces deux Mesraïm se mêlèrent et furent l'origine proprement dite des Égyptiens ou Coptes, qui aboutissent ainsi, par deux branches collatérales très-rapprochées, à Nayçar comme souche première.

Avant le déluge, disent encore les légendes arabes, le siége des rois d'Égypte était à Oumsous, la première ville qui ait été bâtie dans le pays du Nil, et dont le cataclysme effaça jusqu'au moindre vestige. A une trèshaute antiquité, l'Égypte porta aussi le nom d'Oumsous, en même temps que celui de Misr. Le premier roi qui s'établit dans cette ville fut Nacráouech le Terrible, fils de Mis

raïm l'Ancien, arrière-petit-neveu d'Adam. Nacrâouech régna cent quatre-vingts ans.

A l'époque où Énoch fut enlevé au ciel, Ycám régnait en Égypte. Ce fut lui qui, par sa profonde sagesse, prévit l'arrivée du déluge, et, dans la crainte que cette catastrophe n'arrivât sous son règne, se fit construire, pour refuge, un palais au delà des monts de Coumr (monts de la Lune), situés par le 11° 30' au sud de l'équateur, c'est-à-dire, à la limite du monde habitable et habité. Il dicta ses dernières volontés à son fils Arbác, et se retira dans ce palais, d'où il ne revint plus.

Ycâm, qui avait prévu le déluge, n'en avait pas prévu l'époque; car ce ne fut qu'au douzième règne après le sien, c'est-à-dire sous Pharán, que le cataclysme universel s'accomplit. C'est à Pharán que les Coptes attribuent leur djefr, livre des annales primitives où sont consignés tous les grands événements qui doivent survenir dans ce monde jusqu'à la fin des siècles.

SII. L'Égypte après le déluge. — Nayçar; Misr et ses frères. Du nom de Kibt ou Coptes.

Le prophète Noé demanda à Dieu d'accor der à ses quatre fils, Sam, Ham, Yafith et Yakhtoum, et à leurs descendants, toute sorte de biens et de prospérités; et Dieu promit d'exaucer ses vœux.

Un matin, avant l'aube, Noé appela ses fils encore endormis. Sâm (Sem) répondit d'abord seul à son père; Sâm appela en même temps ses fils, et Arfaxad seul vint à lui. Ils se rendirent tous deux auprès de Noé, et le vieux prophète, posant sa main droite sur Sâm et sa main gauche sur Arfaxad, pria Dieu de répandre ses bénédictions sur Sâm, et d'accorder à la postérité d'Arfaxad la puissance et le don de prophétie.

Puis, Noé appela Hâm ( Chậm ). Hâm se retourna dans son lit, sur l'une et l'autre oreille, et ne répondit pas. Les deux autres fils de Noé firent de même. Alors le vieux prophète pria Dieu d'humilier ces fils indociles et de les soumettre à l'autorité de Sâm, leur frère.

Cependant Misr, fils de Nayçar, était auprès de son grand-père Hâm; ayant entendu le vœu que venait de prononcer Noé contre Hâm et les enfants de Hâm, il dit au prophète : « Mon père, me voilà! j'accours et me « rends à ta voix. Puisque mon-grand père ni <«< aucun de ses fils ne t'a répondu, adresse à Dieu pour moi les vœux que tu voulais « faire pour eux. »

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Noé fut transporté de joie, et étendant la main sur la tête de Misr : « Entends mes << vœux, dit-il, Seigneur ; bénis cet enfant et sa postérité; donne à Misr pour demeure une « terre de bonheur, la mère des terres du

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⚫ monde, le trésor des biens de tes serviteurs, << la terre dont le fleuve est le plus noble et le << plus généreux des fleuves; répands sur ce sol «tes plus bienfaisantes faveurs; soumets << ses campagnes à la discrétion et aux désirs « de Misr et de ses descendants; établis-les « forts et puissants dans cette vallée de grå

« ces. »

Kanaán était l'aîné des fils de Hâm. Déjà Hâm, gourmandé dans l'arche, par son père, pour avoir cohabité avec sa femme, était devenu noir, en punition de sa désobéissance à l'ordre du prophète; il fut le père des Nègres et des Éthiopiens. Son fils Kouch fut le père des Sind et des Indiens; Coût, frère de Kouch, fut le père des Berbères; enfin, Nayçar, le plus jeune des trois, fut, comme nous l'avons dit, la souche des Coptes ou Égyptiens.

Lorsque les familles humaines se dispersèrent après le déluge, Nayçar vint se fixer en Égypte avec vingt-six personnes et ses quatre fils, Misr. Fárek, Bádj et Mádj, tous mariés. Ce fut ce qu'on appela les Máfeh, mot égyptien qui signifie les Trente.

Cette petite colonie s'établit d'abord au pied du Mocattam et s'y creusa des retraites souterraines. Quelque temps après, Misr ou Misraim fonda la première ville qui, depuis le dé. luge, s'éleva sur la terre d'Égypte : ce fut Menf (Memphis ). Il avait alors succédé à son père, et il donna une seconde fois à tout le pays le nom de Misr, qui fut conservé (1). Misraïm habita Menf avec ses quatre fils, Kibt, Achmoun, Atrib et Sd. Kibt est encore appelé Kibtim, Kiflim, Kobt et Koft.

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Dès que Nayçar fut mort, Fårek, Mâh et Bâb dirent à leur frère aîné: « Nous re«< connaissons que tu nous es supérieur et que a la terre de Misr ( l'Égypte ) t'a été donnée << par notre aïeul Noé; mais nos familles sont «< maintenant nombreuses, et nous ne pouvons plus guère rester ici sans te devenir à charge. «Veuille nous bénir et nous désigner pour de« meures des terres qui nous suffisent à nous « et à nos enfants. » — Volontiers, répona dit Misraïm. Mais restez aussi près de nous qu'il sera possible. » Et Misraïm se désigna, pour domaine, l'espace compris depuis ElArich jusqu'à Assouân, en longueur, et depuis le Barcah jusqu'à Aïlah, en largeur. Fårek prit pour séjour le Barcah jusqu'aux limites occidentales de l'ancienne Africa, ce qui comprenait une étendue d'un mois de voyage. Mâh choisit l'espace qui s'étend depuis les frontières syriennes de l'Égypte jusque vers la Babylonie, c'est-à-dire une étendue aussi d'un mois de voyage; Mâh fut ainsi le père des Kibt ou Coptes syriens. Bâh eut les terres au delà du fleuve de la Babylonie, du côté de l'orient et

(1) De là aussi le nom de Mesrée, ou Mestrée.

du midi, de manière à avoir aussi une étendue de pays d'un mois de trajet. Bâh fut le père des Coptes de l'Irâc.

Ensuite Misr donna à chacun de ses fils une division de l'Égypte : à Kibt fut assigné le territoire appelé plus tard Coptos, c'est-à-dire depuis Assouân jusqu'au territoire d'Achmoùu, des deux côtés du Nil. Achmoûn eut tout l'espace suivant, au sud, jusqu'à Menf, à l'est et à l'ouest du Nil; et il donna son nom à cet espace. Atrib reçut pour lot l'étendue des terres comprises entre Meuf et le territoire de Så ou Saïs. Enfin Så eut en partage la portion inférieure de l'Égypte, depuis et y compris le territoire de Saïs jusqu'à Racoûdeh, qui fut par la suite Alexandrie.

Ainsi l'Égypte fut divisée originairement en quatre provinces, deux pour la Haute-Égypte, et deux pour la Mestrée ou Basse-Égypte.

Misr mourut peu de temps après avoir partagé l'Égypte à ses fils. Il fut inhumé à DeirAbou-Hermès (chapelle ou celle du père d'Hermès).

Ses quatre fils Kibt, Achmoûn, Atrib et Sa se rendirent alors de Menf auprès des Pyramides, et là ils convinrent que celui d'entre eux qui serait vainqueur serait reconnu souverain. La lutte commença entre Achmoûn et Atrib. Achmoun, vainqueur d'abord, fut ensuite vaincu par Så. Så le fut à son tour par Kibt, le plus jeune des quatre. Celui-ci fut en conséquence proclamé roi, et rentra en triomphe à Menf.

C'est le nom de ce Kibt que les Arabes donnent pour origine à celui des Coptes. Malgré l'opposition de plusieurs savants, il pourrait bien en être ainsi, et les Grecs auraient fort bien pu former de ce nom leur mot Αἴγυπτος, dont les Latins ont fait Ægyptus, et nous, Égypte.

D'ailleurs, ce nom, écrit en lettres arabes, et qu'on articule généralement en Égypte, au Maghreb et en Syrie, par le son què représentent les lettres françaises Kibt, se prononçait par les Arabes Hidjâziens, qui conquirent l'Égypte, par le son Guibt; c'est encore aujourd'hui la vraie prononciation dans tout le Hedjâz, et elle se retrouve très-souvent aussi en Égypte et en Barbarie.

La majorité des savants qui ont examiné cette question d'étymologie estiment que le nom de Copte n'a commencé à être employé pour désigner les chrétiens d'Égypte que dans les premiers temps de l'invasion musulmane. Cela est vrai si on veut considérer ce nom comme la corruption du mot Alyvos, faite ou au moins vulgarisée par les Arabes. Toutefois, Mahomet lui-même, comme nous le dirons bientôt, aurait fait entendre le premier aux Arabes le nom de Guibt, bien avant la conquête de l'Égypte, lorsqu'il prédit à ses

musulmans (si véritablement sa prédiction est authentique) qu'ils deviendraient maîtres de l'Égypte, et que les Guibt seraient leur ressource et leur appui.

Quant aux Coptes Jacobites proprement dits, les auteurs arabes les distinguent par le nom correspondant Yacoubiin. Les Coples prétendus orthodoxes sont désignés par le terme de Mélikites, en arabe Mélikiîn, c'est-àdire Royaux. Le nom de Kibt, Guibt, chez les Arabes, est général et embrasse les uns et les autres, les Égyptiens anciens et les Égyptiens modernes, avant ou après le christianisme et l'islamisme. En outre, le nom de Copte est, pour les Arabes, un nom de réprouvé, et aujourd'hui comme autrefois, c'est le synonyme de chrétien. Toutefois les Kibt du Saïd ou de la Thébaïde, d'après Macryzy, se nommaient autrefois Mérys, et ceux de la Mestrée ou Basse-Égypte, se nommaient Byma. La dénomination Mérys désignait aussi le tiers septentrional de la Nubie, à partir de l'île de Philé inclusivement.

§ III. Conversion de l'antique Égypte. Quelques pharaons.

Déjà à l'époque où Abraham était en Égypte nombre de Guibt ou Égyptiens crurent au vrai Dieu et à la puissance souveraine et infinie de ce Dieu, c'est-à-dire à l'islamisme. Les œuvres et les paroles de Joseph amenèrent d'autres conversions encore; enfin, par les prodiges de la baguette de Moïse, des prêtres, une foule immense de peuple, et cent qua. rante mille deux cent cinquante-deux magi. ciens et sorciers du pharaon Zhalma, se convertirent aussi; et, malgré les menaces et les supplices, pas un d'entre eux ne renonça à sa nouvelle foi.

Cependant les conséquences de ces conversions furent sans durée. L'idolâtrie resta; elle avait, depuis les premiers règnes qui suivirent celui de Misr, établi son siége dans l'antique Menf ou Menouf (Memphis), et l'étude, les progrès de la magie aidèrent encore à la perte de la vraie foi. Cette science avait été apportée du ciel, sous le pharaon Adym.

Cet Adym, de gigantesque stature, était fils de Boudsyr, fils de Kaftarim, fils de Kibt. De son temps, il y avait en Égypte deux anges descendus du ciel, qui habitaient le puits d'Iftawah et enseignaient la magie. Adym fut Jeur élève, et devint d'une science et d'une babileté magique extraordinaires.

I bâtit quatre grandes villes, qu'il enrichit d'œuvres merveilleuses, et où il déposa d'immenses trésors, qu'il mit sous la garde de génies. Au delà des limites orientales de l'Égypte, il éleva une tour sur laquelle il dressa une statue dont la main étendue ordonnait aux sables de s'arrêter là. Déjà, au pied

des grandes pyramides de Gizeh, on avait, dès avant le déluge, placé une idole appelée Belhouyeh, ou, selon d'autres, Belhyt, dont la puissance talismanique arrêtait également l'invasion des sables sur les terres labourables, de toute la contrée environnante (1).

Adym gouverna l'Égypte pendant cent quarante ans, et mourut à l'âge de sept cent

trente ans.

Cheddat ou Chezzáb, son fils, bâtit aussi plusieurs villes, et y éleva de merveilleuses idoles que des génies gardaient et faisaient agir.

Moutéfáhech, autre pharaon, se rendit également célèbre par ses idoles enchantées; mais celui qui acquit le plus de renom par sa science et ses œuvres de magie, fut Kelken, fils de Mandwech. 11 construisit dans le désert, du côté de l'ouest, la ville de Cantar, où il bâtit un temple à quatre portes, dont les mon tants se continuaient en colonnes dépassant la hauteur générale du temple, et portant chacune une figure d'homme. Ces figures conversaient entre elles deux à deux, et prédisaient les événements du jour. Au-dessus de chaque porte était l'image d'un prêtre, tenant à la main un traité de science.

Marcoúnis fut encore un des plus célèbres pharaons. Il aimait l'astronomie, l'astrologie, les sciences et la sagesse. Mais le plus vanté pour son savoir magique fut ce Kelken dont nous venons déjà de citer le nom. Il gouvernait l'Égypte lorsque Nemrod gouvernait la Babylonie. Nemrod pria Kelken de venir le voir. Le pharaon partit. Il arriva chez le Babylonien avec un cortége de figures fantasmagoriques effrayantes, monté sur quatre chevaux ailés entourés de feux. Kelken avait en bandoulière un gros serpent qui se continuait en ceinture autour des flancs de sa Majesté. Le terrible reptile se tenait la gueule béante; le roi avait à la main une baguette de myrte vert; et si le serpent s'avisait de remuer la tête, le pharaon lui donnait un coup de baguette sur le nez.

A l'aspect de ce singulier appareil, Nemrod parut effrayé et fit compliment au pharaon de sa puissance et de son savoir magique.

Les Kibt racontent, dans leurs livres, que Kelken s'enlevait dans les airs, se posait sur la pyramide de l'ouest, y restait plusieurs jours sans boire ni manger. Enfin une fois il disparut pendant assez longtemps. On le crut mort. Alors un certain Sâdoum, roi du Maghreb, marcha en armes contre l'Égypte et vint camper dans la vallée du Natron. Kelken fit élever un grand nuage ardent sur les

(1) On sait que l'idée indiquée ici par les auteurs arabes comme tradition reçue des Coptes a été développée scientifiquement dans le curicux ouvrage de M. de Persigny sur la destination des pyramides.

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