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lab, devenu pour la seconde fois gouverneur de l'Égypte, renouvela les tribulations des Coptes: il augmenta l'impôt, et ordonna que tous les chrétiens, sous peine d'avoir la main coupée, y portassent un lion tatoué.

En 110 de l'hégire Théodore fut élu patriarche, et en 117 il fonda l'église de Saint-Mina, hors du Vieux-Caire. En 120, le patriarche Michaël (Chail) succéda à Théodore. Sous Michaël les Coptes se révoltèrent sur plusieurs points contre les musulmans. Le patriarche fut pris par le gouverneur, chargé de fers et condamné à payer aux musulmans une somme considérable. Il alla visiter tous les évêques, et ne réunit qu'à grand'peine la somme demandée, tant la misère était grande parmi les Cop

tes.

Léon l'lsaurien donna un patriarche mélikite à Alexandrie; il y avait alors soixante-dix-sept ans que les mélikites n'avaient vu en Égypte un patriarche de leur communion.

Quatre ans après la mort du patriarche Michaël, jacobite, et en 150 de l'hégire, les Coptes des environs de Sakha (Eóïç, Xois?) se révoltèrent. Les musulmans marchèrent contre eux, furent surpris de nuit, et battus. Mais les Coptes furent ensuite réduits, leurs églises dévastées et la plupart démolies : elles furent rebâties quelque temps après. Sous le patriarcat de Jean et sous celui de Marc, tous deux jacobites, les chrétiens d'Égypte eurent à souffrir des vexations nombreu. ses. En 196, lors de la querelle armée du célèbre El-Mamoûn et d'Émyn, son frère, les demeures des chrétiens d'Alexandrie furent pillées, plusieurs églises et monastères incendiés. La dévastation s'étendit jusqu'aux couvents de la vallée de Habyb.

Après la mort de Marc, les jacobites confièrent le patriarcat à Jacob. Cette même année (en 216 de l'hég.) les Coptes se révoltèrent, mais ils furent bientôt abattus. Le khalife ordonna de tuer tous les hommes qui avaient participé à la révolte, et de vendre leurs femmes et leurs enfants. Ce coup terrible diminua tellement le nombre des Coptes qu'il leur fut désormais impossible de se révolter.... Ils changèrent dès lors leur plan de conduite; ils remplacèrent la force par la ruse et l'adresse. Ils s'introduisirent dans toutes les administrations, surtout dans les administrations du fisc. Ils s'emparèrent de l'esprit des personnages élevés, dont ils maniaient et faisaient fructifier les intérêts, et se rendirent nécessaires dans les affaires publiques et dans les affaires particulières. Partout ils s'étaient fait admettre, par leur habileté et leur activité, comme secrétaires, intendants, percepteurs, comptables, etc. Par là ils acquirent bientôt une importance immense, et ils rançonnèrent à leur tour les ennemis qui les avaient persécutés, qui les

méprisaient, mais ne pouvaient plus se passer d'eux.

Cette nouvelle position, dont souvent les Coptes abusèrent, leur amena de terribles moments. Ainsi, en 235 de l'hégire il fut ordonné par un édit que toutes les églises bâties en Égypte depuis la conquête fussent détruites, que toute maison, propriété d'un chrétien, fut grevée d'un impôt égal au dixième de la valeur de la maison, que toute demeure des chrétiens portât une image du diable en bois, que toute cérémonie religieuse extérieure fût prohibée, que toutes les tombes des chrétiens fussent abattues à ras de terre, que tous les Coptes fussent exclus de tous services ou fonctions.

Quatre ans après, de nouveaux ordres analogues et vexatoires furent donnés.

En 244 de l'hégire les jacobites élevèrent Cosmah (Cosmas) au patriarcat; il y resta sept ans et cinq mois. Ce fut pendant ce temps que Théophile, fils de Michel, empereur de Constantinople, décréta la destruction de toutes les statues des églises de l'Égypte. Cosmalı alla trouver l'empereur, et fit révoquer l'ordre.

Quarante ans après, sous le gouvernement d'Ahmed, fils de Touloûn, le patriarche Michel, jacobite, fut frappé d'une contribution de 20,000 dinars. Il lui fallut, pour les payer, vendre plusieurs propriétés et même une église. Après la mort de Michel, qui fut patriarche pendant vingt-cinq ans, le patriarcat resta vacant durant quatorze ans. Enfin, en 201 de l'hégire, les jacobites élurent pour patriarche Gabriel; et pendant son patriarcat l'impôt personnel fut appliqué aux hommes et aux femmes. Plus tard les évêques, les moines et même les indigents en furent aussi frappés; mais, sur une réclamation des Coptes, cet impôt fut supprimé. Quinze ans après, le patriarche mélikite Félix, fils de Patrice, mourut, et les musulmans alors enlevèrent de Tinnis (Tanis) les vases sacrés, et les portèrent à Fostât. Ils furent rachetés par un évêque pour 5,000 dinârs, qu'on réalisa en vendant des propriétés foncières appartenant à diverses églises.

Pendant un demi-siècle les Coptes furent laissés en paix. Le patriarche jacobite Abraham eut pour successeur Philothée, qui ensuite laissa le siége à Zacharie.

Les neuf dernières années de la vie de Zacharie furent un long tourment pour lui et pour les chrétiens d'Égypte. C'était sous le gouvernement de l'extravagant Hâkem-BiAmr-Allah. Les Coptes étaient revenus à toutes les fonctions des administrations, et beaucoup d'entre eux avaient acquis une grande puissance d'action, et une fortune considérable. Leur contenance envers les mu

sulmans était fière et hautaine. Hâkem expulsa les Coptes de toutes les fonctions, confisqua les biens-fonds des églises et des couvents, brûla les croix, et permit le pillage de plusieurs églises et des demeures des chrétiens. Il ordonna aux hommes de porter chacun, au col, une croix de bois pesant cinq livres. Il défendit à tout musulman loueur de montures, à tout batelier, de transporter des chrétiens. Enfin, pour dernier coup, chrétiens et juifs furent condamnés, en masse, à s'exiler de l'Égypte; mais sur une supplique présentée par ces malheureux, l'ordre fut révoqué... Plusieurs chrétiens, vaincus par tant de souffrances, embrassèrent l'islamisme.

En 466 de l'hégire Cyrille fut élu patriarche par les jacobites. Il eut pour successeur Michel. Une année que le Nil s'arrêta dans sa crue, Mostanser-Billah, alors sultan d'Égypte, envoya Michel en Abyssinie, avec des présents. Le patriarche demanda au roi abyssin de laisser écouler les eaux du fleuve. Le roi fit ouvrir une digue qu'il avait construite, et en une nuit le Nil augmenta de deux coudées. Ensuite la crue continua, et toutes les terres d'Égypte furent abreuvées. Michel, à son retour, fut honorablement traité par Mostanser-Billah. Michel, après neuf ans et huit mois de patriarcat, mourut à la Moallacah, église du Vieux-Caire; car depuis assez longtemps Alexandrie n'était plus le siége des patriarches. Les persécutions les avaient forcés à promener leur résidence dans différentes localités.

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Après quelques années de vacance, triarcat fut confié à Daoûd. Il rétablit des évêques dans un grand nombre d'églises et de monastères. Après lui le patriarcat demeura encore vacant pendant sept ans et demi. Puis, en 648 de l'hégire les jacobites élurent Athanase. Ce fut du temps de ce patriarche que le vizir Acad Charaf Ed-Dyns doubla le djizieh sur les Coptes.

En 682 recommencèrent les persécutions; elles se continuèrent pendant deux siècles, et déterminèrent, de la part des Coptes, des apostasies vraies ou simulées, mais qui, à chaque fois, affaiblissaient la valeur au moins numérique des jacobites. Je renvoie, pour une grande partie des détails de ces

faits, à ce qu'en a rapporté M. Et. Quatremère, dans ses Mémoires chronologiques et historiques sur l'Égypte ( 2o vol., p. 220 et suivantes).

En 721, un vendredi ou jour sacré des musulmans, éclata une sorte de conspiration contre les églises, sur plusieurs points de l'Égypte et à la même heure. Des musulmans, simulant les inspirés, à la prière et au preche de midi, crièrent qu'il fallait détruire les églises chrétiennes, les sacrifier à la gloire de Dieu et de l'islamisme. La populace aussitôt se précipita dans les églises, pilla, massacra, se porta à tous les excès du fanatisme. Les détails de cette horrible explosion, ainsi que des représailles que commirent ensuite les chrétiens en jetant le feu dans plusieurs mosquées, sont racontés dans les mémoires de M. Et. Quatremère (2o vol., p. 225).

Trente-quatre ans après, on dressa l'état des wacf ou biens-fonds des églises et des couvents, et le relevé s'en éleva à 25,000 feddans de terres. Les Coptes avaient encore une fois reconquis leur importance dans les administrations publiques, et leurs manières d'agir en. vers les musulmans en avaient suscité les jalousies et les haines; de à la mesure dont nous venons de parler. Des plaintes furent adressées au sultan d'Égypte; on lui demanda de rabattre la fierté des chrétiens. Une grande assemblée fut convoquée : le patriarche, les principaux des Coptes, le grand rabbin et les principaux des Juifs y furent appelés. Là, en présence des grands, des câdis, on relut les anciennes capitulations consenties par les chrétiens, les juifs et les musulmans, et il fut arrêté que tous les Coptes employés dans les affaires publiques et particulières seraient dépouillés de leurs fonctions, quand même ils embrasseraient l'islamisme. Cette mesure fut immédiatement exécutée dans toute l'Égypte. La foule se précipita sur les chrétiens partout où elle en rencontra; on déchirait leurs vêtements, on les accablait de coups, et on les menaçait même de les brûler. Il fallut un ordre du sultan pour couper court à ces vexations.

Mais la malignité prit un autre tour. On accusa les chrétiens d'élever leurs maisons plus haut que celles des musulmans; et de nouveau les demeures des Coptes furent assaillies et ruinées. Ensuite on se plaignit au sultan que les églises se réparaient, s'enrichissaient. Une enquête à ce sujet fut ordonnée, et la populace du Caire, profitant de cette circonstance, envahit encore plusieurs églises et les dévasta.

Plusieurs Coptes et Juifs, par désespoir, se firent musulmans. Mais il fut défendu à tout nouveau prosélyte de rentrer dans sa famille, à moins qu'elle ne consentit tout en

tière à confesser la foi musulmane. Il fut enjoint à tout nouveau converti de fréquenter assidûment les mosquées, de faire tous les jours les cinq prières obligatoires, et d'entendre les prêches du vendredi. Il fut établi qu'à la mort d'un raya ses biens reviendraient à ses héritiers musulmans seulement, et qu'à défaut d'héritiers de cette nature les biens appartiendraient au trésor des musulmans, et ne pourraient jamais revenir ni au patriarche ni à aucun autre chrétien.

Une foule de chrétiens, vaincus par tant de persécutions, embrassèrent l'islamisme et apprirent par cœur le Coran. Mais la plupart de ces conversions ne furent que des subterfuges; les Coptes ne voulaient que conserver leurs fonctions, et épouser des femmes musulma

nes.

Les musulmans doués de quelque perspicacité, apercevant et appréciant à leur véritable sens les intentions des convertis, refusèrent de leur donner leurs filles; mais d'autres, et ce fut le plus grand nombre, acceptèrent comme légitime le fait de leur conversion et s'unirent à eux salvá fide et conscientia.

$ X. Coptes actuels.

Outre ce qu'ont détruit de Coptes les répressions de révoltes pendant les deux premiers siècles de la conquête, les alliances matrimoniales amenées par les abjurations ont aidé aussi à la disparition des Kibt, en les jetant dans la population arabe; et aujourd'hui ce nom ne s'applique plus guère qu'à 155,000 ou 160,000 individus, dont 5,000 catholiques et le reste jacobites. Toutefois, leur type même alors a gardé ses caractères; et une foule d'Arabes égyptiens actuels sont coptes de physionomie. Avant l'islamisme déjà les tribus de l'Hédjaz et de l'Yémen, et surtout les tribus riveraines de la mer Rouge, avaient subi des modifications lentes dans leur physionomie par les mariages et les concubinages avec les femmes éthiopiennes ou abyssiniennes. De plus, les conquêtes des Éthiopiens sur les rives orientales de la mer Rouge avant le siècle de Mahomet avaient jeté de l'éthiopien dans les Arabes. Et puis, de l'avis d'autorités respectables en histoire et en ethnographie, ces Éthiopiens sont les pères directs des Kibt ou Égyptiens. Quant aux Turks qui gouvernent l'Égypte, ils ont conservé leur type; car ils ne se mêlent, en général, ni avec les Arabes, ni à plus forte raison avec les Coptes.

Les Coptes, depuis le premier siècle de la conquête musulmane, comme nous l'avons déjà indiqué, durent apprendre la langue arabe; dès lors la langue copte commença à tomber en désuétude; peu à peu elle menaça de se perdre, et il fallut traduire en arabe les livres de religion.

ENCYCL. MOD. = T. XI

Une conséquence obligée de toutes ces circonstances fut que les Coples, ainsi rapprochés de leurs dominateurs, finirent, par calcul, et aussi par la force de leur condition même, par se rendre nécessaires, indispensables dans les administrations publiques, comme secrétaires, chefs de bureaux, commis, intendants. La paresse et la répugnance des musulmans pour ces travaux minutieux et attentifs, qui fatiguent aisément des esprits comme les esprits des Arabes, orgueilleux de leur nom, de leur foi, de leurs prétentions à gouverner le monde entier par l'islamisme, laissèrent le champ presque libre à la tactique tranquille et adroitement intéressée des Coptes; et ceuxci s'acquirent ainsi une prépondérance qui a survécu à toutes les agitations, à toutes les persécutions dirigées contre eux jusqu'à la fin du siècle dernier. Aujourd'hui encore, ils conservent leur but; ils veulent rester et restent maîtres dans les administrations actuelles, dans toutes les comptabilités.

Il est presque indispensable maintenant, en Égypte, qu'un chef de comptabilité, qu'un écrivain ou secrétaire en chef d'un ministère, d'une administration, d'une fabrique, etc., soit un Copte. Aussi les Coptes sont devenus une corporation de secrétaires, d'intendants, de conseillers même. Adroits, rusés, patients, dissimulant leur savoir-faire sous la plus candide apparence de simplicité, ils ont envahi presque toutes les écritures des administrations grandes et petites, et se tiennent dans leurs fonctions par une coalition serrée, par leur système de solidarité de but et d'intérêts. Toutes les fois qu'une velléité de réforme amène, de la part de l'autorité, un ordre qui supprime dans les affaires publiques un certain nombre d'écrivains coptes, il arrive, deux ou trois mois après, que l'adresse de ceux qui sont restés employés finit par reconduire les exigences d'écritures et de comptes à leur état premier. Peu à peu un frère exclus est réintégré; il redevient encore indispensable, parce que les travaux, dit-on alors, augmentent ou languissent. Et tout reprend bientôt le nombre, ou à peu près, des employés coptes qu'avait éliminés en partie la réforme.

Macrizy fait remarquer l'importance que se sont acquise les Coptes : Il y a, dit-il, une destinée à laquelle n'échappe ni prince ni grand de l'Égypte, c'est de tomber presque comme des esclaves sous le frein de quelques écrivains coptes, qui les mènent et les dirigent à discrétion. »

En fait d'arts industriels, il en est trois que les Coptes se sont réservés; ils sont presque les seuls qui exploitent ces arts: la fabrication des moulins, la fabrication des saki ou appareils à deux roues pour l'irrigation, et en

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fin la bijouterie. De cette dernière industrie surtout ils ne veulent rien enseigner aux Arabes ou aux Turks; ils refusent tout apprenti musulman. Ils ont encore une autre branche d'industrie, qu'eux seuls pratiquent en Égypte, et qu'il faut signaler au mépris du monde. A Zâouy-ed-Deyr, près de Syout, des prêtres coptes mutilent, par coupes réglées, des centaines de malheureux destinés à la garde des sérails, et dont la jalousie musulmane fait un objet de commerce fort lucratif.

Examinés tels qu'ils sont aujourd'hui, les Kibt ne sont même plus l'ombre de ce qu'ils furent dans l'antiquité. Froissés, abîmés par tant d'invasions, depuis les conquêtes des Perses jusqu'aux derniers coups que leur assénèrent les Arabes de Mahomet, ils sont tombés au dernier degré d'humiliation, d'ignorance, d'impuissance. Depuis longtemps ils n'ont plus nul souci de leur antiquité historique, et maintenant il ne reste plus dans la société humaine que 160,000 noms du peuple égyptien. Il y a des siècles déjà que les Coptes n'ont plus, pour ainsi dire, d'existence. Il est vrai qu'ils ont droit à quelque excuse. Leur conversion au christianisme rompit le lien entre eux et leurs ancêtres. La captivité et les querelles religieuses ont fait le reste.

Toutefois, les Coptes, quoique chrétiens, conservèrent pendant quelque temps encore, au dire même des écrivains musulmans, leurs anciennes productions ou œuvres d'art. La superstition de leurs maîtres les y aida. La propension des Arabes à croire à l'œuvre des génies, à la surveillance exercée par des êtres supérieurs sur les monuments, les tombeaux, les temples, les palais, les trésors enfouis, protége encore aujourd'hui contre la destruction les restes des âges anciens.

Tel est l'aperçu que je voulais tracer de l'histoire des Coptes, principalement au point de vue des écrits arabes. J'ai passé d'un trait sur les trois derniers siècles, parce que cette durée, d'ailleurs moins bien décrite par les Arabes, présente les mêmes mouvements de vie, de peines, d'oscillations, que nous avons remarqués dans les siècles précédents. On peut résumer cette histoire des Coptes par ces seuls mots : onze siècles de tourments, entrecoupés çà et là de courtes séries d'années de répit.

Depuis l'invasion française en Égypte, et depuis le règne de tolérance religieuse et d'autorité sévère de Mohammed-Ali, les Coptes respirent. Espérons que ce repos sera durable el définitif.

Renaudot, Historia patriarcharum alexandrinorum Jacobitarum, a Marco usque ad Anem sæculi XIII; Paris, 1713, in-4°. Défense de l'histoire des patriarches d'Alexandrie; 1717, 1 vol. in-12.

Ét. Quatremère, Mémoires géographiques et historiques sur l'Egypte; a vol. in-8°. Recherches sur

la langue et la littérature de l'Égypte, 1 vol. in-8°. Abou-l-Barakat, Canon chronologicus.

Ludolf, Histoire Éthiopienne.

OEuvres de Wansleb; sa Relation d'Égypte, et son Histoire de l'Église d'Alexandrie.

D'Herbelot, Bibliothèque orientale, 1 vol. in-folio.
L'ouvrage de la Commission d'Égypte.
Vita Patrum, éd. Rosweyde; Anvers, 1615.
Macrizy, Histoire du Caire, en arabe.
Abou-selah, Histoire des Monastères d'Égypte en
arabe.

Sonnini, Voyage dans la Haute et Basse-Égypte.
P. Sicard, Mémoires des missions.
Savary, Lettres sur l'Égypte.

PERRON.

COPTE. (Linguistique.) De toutes les langues mortes, la plus curieuse peut-être est la langue cópte, dont l'étude a fait de nos jours les progrès les plus heureux. Pendant une longue suite de siècles, on se contenta de savoir que sur les bords du Nil vivait une nation chrétienne, la nation copte, dont la langue n'avait aucune espèce d'analogie avec les idiomes connus; mais personne ne fit le moin. dre effort pour conquérir à la science la connaissance de cette langue, et c'est à Peiresc que revient l'honneur de l'avoir le premier tenté.

L'origine du mot Copte a été le sujet d'une foule d'hypothèses dont je me bornerai à rapporter les principales. Sous le règne d'Héraclius, les chrétiens jacobites de l'Égypte furent généralement désignés sous le nom de Coptes ; et l'on a voulu, par suite, considérer ce mot comme une simple altération du nom jacobite. Les écrivains arabes et, entre autres, Macrizy, le font dériver du nom d'un roi appelé Kibt. Cette étymologie, quoique adoptée par Vansleb, a été généralement rejetée; et l'on a dû chercher mieux. Saumaise, et, après lui, Kircher, Wilkins et Pococke, ont cru retrouver l'origine de ce mot dans le nom de la ville de Coptos. D'autres ont prétendu que les Coples avaient été nommés Kónτot par les Grecs, parce qu'ils avaient coutume de faire circoncire leurs enfants; mais l'opinion émise par l'abbé Renaudot et généralement adoptée depuis lui, c'est que le mot copte n'est qu'une altération du mot Alɣúnτios. Les plus habiles philologues sont aujourd'hui d'accord sur ce point, et nous ne saurions faire mieux que de nous soumettre pleinement à leur avis.

Ainsi que je l'ai dit plus haut, Peiresc, le premier, s'efforça de remettre en honneur l'étude de la langue copte, dont on était loin encore de pressentir toute l'importance: par ses soins, des manuscrits furent rassemblés à grands frais; il les mit à la disposition de Saumaise; et celui-ci, sans autre guide et sans autre secours que le zèle le plus louable, parvint à pénétrer assez l'esprit de cette langue, pour expliquer la plupart des anciens mots égyptiens tirés des

auteurs grecs et latins. Il était évident pour cet homme habile que la langue copte n'était autre chose que la langue de l'antique Égypte; et cette conviction profonde stimulait d'autant son ardeur. Vers la même époque (1647), N. Kircher, excité aussi par les encouragements de Peiresc, publia le livre intitulé Lingua ægyptiaca restituta, composé avec le secours des manuscrits que le voyageur Pietro della Valle avait rapportés d'Orient. Malheureusement cette publication fut entachée de tant de charlatanisme, que les éloges mérités par son anteur sont contre-balancés par le blâme qu'il a sciemment encouru.

Mais il ne peut entrer dans notre plan de mentionner tous les philologues qui se sont occupés avec plus ou moins de succès de l'étude de la langue copte, et nous devons nous contenter de citer, avec toute la distinction qu'ils méritent, ceux auxquels la science est redevable des progrès les plus remarquables.

En première ligne paraissent Wilkins et Lacroze, dont les publications commencèrent à répandre un peu le goût de cette étude. Le second surtout ne négligea aucun moyen d'arriver à la connaissance d'une langue dont il proclamait hautement la noblesse, et il rédigea un dictionnaire fort précieux. Le justement célèbre Jablonski suivit ces deux savants dans la voie qu'ils avaient parcourue avec tant de distinction, et il ne tarda pas à mériter aussi l'honneur d'être considéré comme l'un des plus habiles promoteurs d'une étude fort difficile encore: on a de lui un excellent Glossaire égyptien, publié en 1804, par les soins de M. Tewater, professeur de théologie à l'université de Leyde; citons encore, avec toute l'estime que méritent leurs efforts, Woide et Ackerblad, qui ont travaillé avec ardeur à l'illustration de la langue copte.

Nous sommes arrivés, dans notre rapide énumération, à l'âge d'or de cette étude. En 1808, M. Étienne Quatremère fit paraître un livre intitulé: Recherches sur la langue et la littérature de l'Égypte. Il est impossible d'accumuler plus d'érudition en si peu de pages. L'auteur ne s'est pas contenté de résumer avec le plus grand talent l'histoire de cette langue antique; il a eu le courage de dépouiller, la plume à la main, tous les manuscrits dont il lui était permis de prendre connaissance; et il a réussi de la sorte à composer un dictionnaire copte que tous ceux qui ont pu l'examiner déclarent infiniment précieux. Nous souhaitons ardemment que ce livre voie enfin le jour : il ne peut manquer d'être d'un bien puissant secours pour tous les amis des études égyptiennes.

L'un des génies contemporains les plus distingués, l'illustre Champollion le jeune, avait compris qu'il n'atteindrait le but des efforts de

toute sa vie qu'à la condition qu'il s'assimilerait parfaitement au préalable la langue copte, à laquelle il devait demander tous les secrets de l'idiome vénérable des Pharaons. Un dictionnaire et une grammaire copte rédigés pour son usage avec la lucidité qui caractérise tout ce qui est sorti de la plume de ce grand homme, sont restés parmi ses manuscrits, devenus aujourd'hui une propriété nationale. Jamais Champollion ne fit mystère à personne des résultats de ses travaux si patients; et ces fruits de ses veilles laborieuses, il allait les offrant à pleine main à qui lui paraissait digne de les apprécier. Sa grammaire copte fut donc connue de ceux de ses émules qu'il appelait ses amis; et après sa mort Rossellini fit paraître à Rome une grammaire copte qui n'est guère que la reproduction de l'œuvre de Champollion. Il est vrai que, dans la préface, il y est dit que l'honneur de ce travail doit revenir en grande partie à Champollion; il eût été plus juste de dire que cet honneur lui appartenait

tout entier.

Hâtons-nous d'arriver au savant dont les publications ont le plus puissamment contribué à la propagation de la langue copte. Chacun a proclamé l'illustre A. Peyron, dont je m'estime heureux de me dire le disciple et l'ami on lui doit un excellent dictionnaire et une grammaire que l'on peut, à bon droit, citer comme un modèle d'élégance et de clarté. Avec de tels livres chacun peut hardiment entreprendre l'étude du copte; il est sûr d'y réussir. En Angleterre, Tattam a publié sur cette langue un lexique précieux, qui a paru un peu avant celui d'A. Peyron.

Parlons maintenant des applications qu'il est aujourd'hui possible de faire de l'idiome copte, tel que nous le connaissons; nous terminerons ensuite par quelques considérations générales sur la nature et le mécanisme d'une langue que nous ne craignons pas de déclarer l'une des plus dignes d'exercer l'intelligence des hommes d'étude.

Du moment qu'il a été bien constaté qu'à l'aide du copte il était possible et même facile de retrouver le sens des mots égyptiens, malheureusement si clair-semés dans l'Écriture sainte et dans quelques livres grecs ou latins, il était naturel de pressentir què l'étude du copte devait servir de travail préliminaire ou préparatoire pour arriver à la connaissance de ces textes si longtemps mystérieux que l'Égypte nous a légués. Je le disais tout à l'heure : Saumaise l'avait pensé, et Champollion le jeune l'a démontré par la découverte qui a immortalisé son nom. Personne aujourd'hui ne peut plus douter, sinon de la parfaite identité, du moins de l'étroite liaison qui existe entre l'égyptien des temps antiques et le copte des premiers chré

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