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Chaque paire de coussinets est elle-même portée par une autre pièce nommée paillet, qui fait corps avec le bâtis de la machine, ou qui y est boulonnée, ou qui est simplement fixée sur une maçonnerie solide, si la machine n'a pas de bâtis.

COUSSINETS croire. Ces insectes, vivant dans nos demeures et pressés par le besoin de pondre, déposent si souvent leurs œufs dans les moindres trous qui contiennent de l'eau, que des baquets exposés dans nos cours s'en trouvent souvent remplis. C'est ainsi qu'on a pu étudier facilement l'histoire des cousins, bien mieux connue maintenant que celle d'animaux plus considérables.

Dans les régions chaudes, où les cousins sont beaucoup plus nombreux, forts, avides et hardis, qu'ils ne le sont sous un ciel tempéré, on a beaucoup de peine à s'en garantir. Ils assaillent le voyageur en vols innombrables, et dans certains pays se jettent de préférence sur les étrangers, dont la peau, que n'a point encore altérée l'ardeur du climat, leur semble plus tendre. Quand l'auteur de cette notice arriva à l'Ile-de-France, la première terre sur laquelle il mit le pied entre les tropiques, il en fut bien plus maltraité que par la suite. Il faut environner les lits d'une gaze, appelée moustiquière, pour s'en mettre hors d'atteinte; mais dans les bois, le long des rivières et des marais, où l'on ne peut s'environner du rempart léger que forme une étoffe, le naturaliste, exposé aux inclémences de l'air, cherche en vain le sommeil, tourmenté qu'il est par ces petits monstres acharnés. Les nègres se frottent la peau d'une huile de coco félide pour les éloigner, et malgré cette précaution, les bigayes les piquent encore parfois.

Depuis la rédaction de cet article, l'auteur a reconnu que le climat de la zone torride n'était pas le seul où les cousins fussent des animaux fort dangereux ; il les a retrouvés non moins féroces sur les bords de l'Alphée et vers l'embouchure de l'Eurotas. Ils sont particulièrement dans ce dernier lieu, aux plaines d'Hélos, si nombreux, qu'on a lieu d'être surpris que l'antiquité grecque n'en fasse pas mention. Nous renverrons à notre relation de la commission scientifique de Morée à ce sujet ; on y verra comment une des plus petites espèces de ce genre d'insectes, jusqu'alors inconnue des entomologistes, fut la principale cause des maladies qui vinrent tout à coup interrompre nos travaux.

BORY DE SAINT-VINCENT.

COUSSINETS. (Mécanique.) Les coussinets sont des pièces entre lesquelles sont main. tenus et tournent les arbres des engrenages et des poulies, et en général tout ce qui est animé d'un mouvement de rotation dans les machines. Ils sont ordinairement en métal ou en bois très-dur, tel que le buis, le gaïac, etc. Leur forme est demi-cylindrique; en sorte qu'en en réunissant deux, on obtient un cylindre entier, creux, qui maintient les pièces tournantes de tous les côtés.

Les paillets sont composés de deux pièces, sur chacune desquelles est ajusté un des deux coussinets. La pièce inférieure est le paillet proprement dit : c'est la plus volumineuse des deux, parce qu'il faut qu'elle résiste au poids de l'arbre, augmenté de celui des engrenages; l'autre s'appelle le chapeau : elle est destinée à empêcher l'arbre de se soulever, dans le cas où il y serait sollicité par la puissance.

Elle est fixée à la pièce inférieure au moyen de deux ou quatre boulons qui les traversent toutes les deux de part en part.

Il est essentiel que chaque paire de coussi. nets ait exactement la même longueur et le même diamètre que le tourillon de l'arbre qui y tourne, pour empêcher tout mouvement autre que le mouvement de rotation.

Les coussinets sont ajustés de différentes manières sur les paillets. Tantôt ils entrent dans une entaille rectangulaire où ils sont retenus par deux parties saillantes, entrant dans deux rainures correspondantes, pratiquées dans le paillet; tantôt ils sont taillés extérieurement à six pans, et ils entrent dans une entaille également à six pans. Ils sont alors rendus immobiles, dans le sens de l'axe, par deux saillies qui forment couronne de chaque côté; tantôt enfin l'entaille du paillet, au lieu d'être à six pans, est cylindrique, et alors l'ajustement des deux pièces est très-facile, puisqu'il ne s'agit plus que d'abaisser l'entaille du paillet, et de tourner la paire de coussinets, de manière à ce que l'une emboîte parfaitement dans l'autre.

Si les tourillons des arbres étaient à l'abri de toute usure, la matière la plus dure serait celle qui conviendrait le mieux pour les coussinets; mais comme les tourillons sont toujours, comme la totalité de l'arbre, en fer ou en fonte, qu'ils s'useraient fort vite s'ils tournaient sur des matières plus dures, et que les arbres doivent être préservés de l'usure préférablement aux coussinets, parce qu'il est toujours plus facile et moins coûteux de remplacer les seconds que les premiers, il est essentiel qu'ils soient d'une matière plus tendre.

Dans les grandes machines, on les fait ordinairement en cuivre ou en bronze; et ce sont les matières qui conviennent le mieux ; cependant on a essayé le buis et le gaïac dans les machines légères, et on s'en est bien trouvé; on s'est même servi de ces bois pour les grandes machines, espérant diminuer la résistance occasionnée par le frottement; mais c'était une erreur, que les dernières expériences sur le

frottement, de M. Morin, ont parfaitement démontrée. Ces coussinets s'échauffent d'ailleurs facilement, et ils ont le très-grand désavantage de donner une odeur fort désagréable. Ils ne sont pas non plus d'aussi longue durée que les coussinets en cuivre et en bronze, et ils ne garantissent pas plus que ces derniers les tourillons de l'usure.

On obtient le minimum de résistance due au frottement avec des coussinets en métal sur lesquels tournent des tourillons en métal, quelle que soit d'ailleurs la nature des deux métaux, soit du fer, soit du bronze, soit de la fonte, soit du plomb, soit un alliage de plusieurs de ces métaux entre eux, etc., etc., la manière dont les coussinets sont graissés influant seule sur cette résistance. La nature de la substance avec laquelle on graisse, n'a non plus qu'une médiocre influence. L'essentiel est de bien graisser.

Selon les expériences de M. Morin, le rapport du frottement à la pression pour les tourillons en métal sur des coussinets en métal, lorsque l'enduit est renouvelé d'une manière continue, est cinquante-quatre millièmes, soit que l'enduit soit de l'huile d'olive, du saindoux, du suif ou du cambouis mou. Il est quatorze centièmes quand l'enduit est onctueux; et il atteint jusqu'aux vingt-cinq centièmes quand il est très-peu onctueux.

L'enduit qui convient le mieux est l'huile de pieds de bœufs, parce qu'elle sèche difficilement, et parce qu'elle ne coûte pas trèscher. C'est elle qui est généralement employée.

CHARLES RENIER.

COUTANCES. (Géographie et Histoire.) Constantia. Ville de Normandie, ancienne capitale du Cotentin, aujourd'hui chef-lieu de sous-préfecture du département de la Manche, siége d'un évêché, d'un tribunal de première instance, d'un tribunal de commerce et d'une cour d'assises, avec une population de 7,920 habitants.

On croit généralement que cette ville doit son nom à Constance-Chlore, qui la fit entourer de fortifications et y établit une garnison. C'est probablement de cette époque que date l'aqueduc dont on voit encore quelques arches, connues sous le nom des piliers. Le siége épiscopal de Coutances fut fondé en 430 par saint Éreptiole, qui en fut le premier évè que. Saccagée et en partie dépeuplée en 866, cette ville fut cédée aux Bretons par Charles le Chauve en 886, et l'évêché transféré d'abord à Saint-Lô, puis à Rouen, vers 888. En 943, Hérold, roi de Danemark, ayant été détrôné, se réfugia près de Guillaume II, duc de Normandie, qui lui donna le Cotentin, et Hérold fixa sa résidence à Coutances. Pendant la guerre de Cent-Ans, cette ville ayant em

brassé le parti des Anglais, fut ruinée par Charles V en 1378. Reprise et pillée par les Anglais en 1431, elle fut reconquise en 1449 par l'armée française sous les ordres du duc de Bretagne. En 1465, elle se soumit au duc de Berry, révolté contre le roi. Les protestants s'en emparèrent en 1562, et en furent chassés en 1575. Le présidial du Cotentin y fut établi en 1580.

La ville de Coutances ne possède, comme monument, qu'une belle cathédrale, consacrée en 1056, et d'une architecture extrêmement remarquable; l'évêché, dont le revenu était jadis de 44,000 livres, est suffragant de l'archevêché de Rouen.

L'industrie est assez active; il y a des fabriques de parchemin, de coutils, siamoises, droguets, mousseline; des ateliers d'œuvre de marbrerie, de taille de cristaux. Il se fait un com. merce considérable de grains, beurre, volailles, œufs, bestiaux, chevaux, fil de lin et de chanvre, laine, plumes, etc.

C'est la patrie de l'abbé de Saint-Pierre, du littérateur Desessarts, du ligueur Feuardent, etc.

L'abbé Bisson, Almanach historique, ecclésiastique et politique du diocèse de Coutances; În-16, 1770-81.

COUTEAU. (Chirurgie.) On donne ce nom à plusieurs instruments à lame fixe sur le manche, de formes et de dimensions différentes, et qui sont employés dans les opérations chirurgicales.

Le couteau à amputation avait autrefois une forme analogue à celle d'une faucille; il est maintenant à lame droite, de longueur variable, suivant la grosseur du membre sur lequel il doit agir, à un ou à deux tranchants. Dans ce dernier cas, il porte le nom de couteau interosseux, et sert pour les amputations de jambe, d'avant-bras, et quand le manuel opératoire exige que le couteau pénètre par la pointe.

Le couteau à cataracte sert à pratiquer la section de la cornée dans l'opération de la cataracte par extraction. La forme la plus employée est celle que l'on nomme Couteau de Richter. La lame est pyramidale, tranchante dans toute la longueur d'un de ses bords, émoussée dans les cinq sixièmes de l'autre.

Le couteau lenticulaire est employé dans l'opération du trépan pour enlever les inégalités laissées par la couronne à la table interne de l'os. C'est une lame droite, plane sur un de ses côtés, convexe de l'autre, tranchante sur ses deux bords, et terminée par un bouton d'une forme analogue à celle d'une pastille de chocolat. Ce bouton s'unit à la lame par son côté plat.

On a donné le nom de couteau à beaucoup d'autres instruments, inusités aujourd'hui pour la plupart. A. LE PILEUR.

COUTELIER. (Technologie.) Les instruments tranchants que fabrique le coutelier sont communément en acier pur, excepté les plus grossiers, qui sont formés avec du fer, et ceux de qualité moyenne, qui sont fabriqués avec des étoffes, c'est-à-dire avec des mélanges de fer et d'acier. L'ouvrier façonne les uns et les autres à la forge, en prenant plus ou moins de précautions dans ce travail, suivant le degré de la matière et des lames qu'il veut former. Il les achève à la lime, et les trempe ensuite, pour leur donner la dureté convenable. Comme il est difficile d'atteindre ainsi le point précis qu'exigerait chaque instrument, suivant la qualité et la grosseur du métal, on préfère le dépasser, sauf, par une opération subséquente, à ramener l'acier à un état où il soit moins dur et moins cassant; c'est cette opération qu'on appelle recuire ou revenir. Elle consiste simplement à faire chauffer le métal jusqu'à un certain degré de chaleur, qu'on reconnaît aisément à la couleur qu'il prend, et à le retirer aussitôt de la forge pour le laisser refroidir lentement.

La lame étant revenue, on la passe sur la meule et la polissoire pour lui donner le tranchant. Le coutelier emploie différentes substances pour polir ses ouvrages; on les désigne sous les noms de potées; elles doivent être en poudres impalpables pour donner un poli fin; voici celles qui sont usitées :

1o La moulée, qui se trouve au fond de l'auge de la meule; elle sert communément pour emporter les gros traits sur les matières dont on forme les manches ou les montures des outils, comme la corne, les os, l'ivoire, l'écaille, les bois durs;

2o Le charbon de bois blanc, pour les cornes et même les métaux;

3o Le blanc d'Espagne, pour finir toutes sortes d'ouvrages de coutellerie;

4o Le tripoli, pour toute espèce de matières; 5o La pierre ponce, qui sert à adoucir; 6. L'émeri, qui sert principalement à adou. cir et à polir les métaux, selon sa finesse;

7o La potée d'étain, pour polir également les métaux;

8° Le rouge d'Angleterre, qui convient particulièrement au fer et à l'acier;

9° La potée d'acier, seule ou mêlée avec celle d'étain, est excellente pour polir l'acier trempé.

On polit encore avec des pierres du Levant, avec une pierre verdâtre que fournit la Bohême, avec la pierre sanguine; enfin, avec plusieurs espèces de brunissoirs qui sont des outils d'acier.

Pour faire les manches, le coutelier choisit des cornes de boeuf, de mouton, de bélier, de bouc, d'élan et de cerf; il emploie aussi les bois indigènes, tels que l'olivier, le buis, l'if,

le prunier, le cerisier; les bois des Indes, comme l'ébène, le bois de rose, le bois violet, le palissandre; des matières animales; la baleine, l'écaille, l'ivoire, la nacre, les os; enfin des métaux précieux seuls ou alliés.

On a cherché à augmenter la valeur des instruments tranchants en donnant à leur lame une apparence de damas de l'Inde. Il y a deux manières d'obtenir ce damassé, suivant qu'il représente du granit ou bien des dessins irréguliers; voici la manière d'opérer dans les deux circonstances.

Damas en petits grains blancs. On place les lames sur une assiette, et après avoir pris, avec le bout des poils d'une petite brosse rude et étroite, quelques gouttes d'huile répandues sur la surface d'une assiette, on la fait tomber en petites gouttes presque imperceptibles sur les lames, en frottant les poils avec une petite tige de fer. Cette huile se répand comme une pluie fine sur la lame, qu'on place ensuite dans une troisième assiette, sur laquelle on verse de l'acide nitrique étendu d'eau ; l'acide ne produit aucun effet sur les parties touchées d'huile, tandis qu'il attaque le reste de la surface de l'acier, qui prend une teinte grise uniforme. On laisse cette lame immergée dans l'acide un temps suffisant pour que le damassé soit bien sensible; on lave dans de l'eau pure, et l'on essuie avec soin.

Damas à grands dessins. On prend un vase à large ouverture, et plus profond que la largeur de la lame; on le remplit d'eau pure, et l'on y répand au-dessus une légère couche d'huile; on y plonge la lame de quelques millimètres, et on l'agite dans l'eau dans le sens de sa largeur seulement, en la faisant descendre de quelques millimètres seulement à chaque mouvement. Pendant ce trajet, la lame s'empare de quelques gouttes d'huile qui se répand par l'agitation dans l'eau, en formant une espèce de racinage. Lorsqu'on est arrivé au bout, on la plonge dans de l'acide nitrique comme dans l'autre opération, et l'on obtient un damassé à dessins irréguliers et à grands effets; mais on sent bien que ce damassé n'existe qu'à la surface et qu'il disparaît lorsqu'on passe la lame sur la polissoire. Il en est de même pour l'autre damassé décrit ci-dessus.

Outre les diverses espèces et variétés de couteaux, la coutellerie comprend les canifs, les taille-plumes mécaniques, les instruments de chirurgie, les poinçons, les fusils pour affiler les couteaux, les tire-bouchons, et particulièrement les ciseaux.

LENORMAND et MELLET. Smith de Sheffield a imaginé, en 1827, de fabriquer au laminoir des couteaux entièrement en acier. Pour faire concevoir son procédé, supposons que l'on développe les deux cylindres et qu'on les grave de telle sorte,

qu'ils présentent chacun sur leur pourtour, dans un plan normal à leur axe, les deux parties d'un moule de couteau. Si l'on présente entre ces cylindres une vergelte d'acier chauffée au rouge, on obtiendra, après le passage, une suite de couteaux placés les uns au bout des autres. On peut également graver sur les cylindres une série de moules de couteaux parallèles à leur axe, et y passer une large barre méplate d'acier que l'on y présenterait de côté; les couteaux se trouveraient alors accolés suivant leur longueur. Dans tous les cas, on sépare chaque couteau à la cisaille, et on termine comme à l'ordinaire.

Les lames de canif sont forgées par un seul ouvrier, qui se sert d'un marteau dont la panne n'a que 2 centimètres 1⁄2 de large et qui ne pèse que 1 kilogramme 2. On prend une vergette d'acier, à l'extrémité de laquelle on forge, dans une première chaude, la lame et la soie qui presse contre le ressort et que l'on sépare ensuite au moyen d'un tranchet. On saisit alors la lame avec des tenailles, et, dans une seconde chaude, on achève la soie et on la perce; enfin on reporte le feu, on termine la lame, et on pratique à l'aide d'un poinçon l'entaille qui sert à l'ouvrir. On trempe ensuite la lame au rouge dans l'eau froide, et on recuit au rouge pourpre.

Le forgeage des lames de rasoirs exige deux ouvriers. On se sert d'acier fondu étiré en barres méplates, de 13 millimètres de large sur une épaisseur égale à celle que doit avoir le dos des rasoirs. L'enclume que l'on emploie est légèrement arrondie sur les bords, ce qui permet à l'ouvrier de donner à la lame, dans le sens de sa longueur, une légère concavité qui facilite et abrége beaucoup le travail du rémouleur. On trempe au rouge, puis on fait seulement revenir au jaunepaille.

Les ciseaux, quelle que soit leur grandeur, se forgent par un seul ouvrier. Son enclume a une forme de 0m 28 de long sur 0m 10 de large, sur laquelle on peut fixer diverses matrices qui servent à donner la dernière forme à certaines parties des branches de ciseaux; les anneaux qui les terminent se font avec des becs-de-canne de forme appropriée. On recuit les branches forgées, on les lime, on fore les trous qui servent à laisser passer le rivet qui les réunit, on en trempe la partie antérieure et on les faît revenir au bleu ou au rouge pourpre. Les grands ciseaux sont ordinairement tout en fer, à l'acception des tranchants, qui se font en acier.

G.

COUTRAS. (Géographie et Histoire.) Corterate. Petite ville de l'ancienne Guyenne, aujourd'hui chef-lieu de canton du département de la Gironde, à 20 kil. de Libourne, est

célèbre pour avoir été le théâtre de la victoire remportée en 1587, par Henri IV, encore roi de Navarre, sur l'armée de Henri III. Sa population est aujourd'hui de 3,302 habitants.

Le 20 octobre 1587, l'armée de Henri III, commandée par le duc de Joyeuse, rencontra, près de Coutras, en Périgord, le roi de Navarre, suivi de ses deux cousins, Condé et Soissons, et de fous ses plus vieux capitaines, et complant sous ses ordres 2,500 chevaux et 4,000 fantassins, pauvrement équipés, mais vieillis et éprouvés dans les batailles. Avant la charge, les calvinistes s'étaient agenouillés pour faire la prière. Quelques catholiques s'écrièrent: « Par la mort! ils tremblent, les poltrons, ils se confessent! » Mais ceux qui les connaissaient mieux répondirent qu'ils n'étaient pas disposés à se rendre.

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Le roi Henri de Navarre avait formé sa ligne de bataille en demi-cercle; les cavaliers, sur six de hauteur, étaient entremêlés d'arquebusiers, dont le premier rang s'était couché ventre à terre; les autres s'inclinaient à des hauteurs différentes, de sorte que cinq rangs pussent tirer à la fois. Ils avaient ordre de ne tirer que lorsque l'ennemi serait à vingt pas. Joyeuse, accompagné de sa brillante et présomptueuse noblesse, s'élança avec impétuosité dans cette enceinte. Il y fut tué, et après une heure de combat et de mêlée terrible, commença la débandade, qui devint générale lorsque la nouvelle de la mort de Joyeuse se fut répandue dans l'armée. Les catholiques laissèrent plus de 400 gentilshommes et de 3,000 soldats sur le champ de bataille. Leurs drapeaux, leurs canons, leurs bagages tombèrent entre les mains des huguenots.

On remarque à Coutras un monument élevé à la gloire du brave Albert, qui enleva aux ennemis le corps du général Marceau, blessé mortellement près d'Altenkirchen.

D.

COUVREUR. ( Technologie.) Les matières généralement employées pour les couvertures d'édifices sont : le chaume, les ardoises, les tuiles plates et creuses, et certains métaux, comme le plomb, le zinc, le cuivre et même le fer fondu, réduits en lames minces au laminoir, ou bien coulés en feuilles après la fusion.

Sans nous arrêter aux toits de chaume, qui tendent à disparaître partout où se propage un peu d'aisance, et dont l'usage est même interdit par les règlements de police dans un certain nombre de départements, occuponsnous des couvertures en ardoises et en tuiles, qui sont les plus répandues. La pose en est plus dangereuse que difficile; on la commence par la partie inférieure du toit, et on place successivement, en remontant, les ardoises ou les tuiles plates, de manière qu'elles, se recouvrent en partie les unes les autres, e

et

Rans laisser aucun jour dans les joints; on les fixe à mesure sur les lattes du comble, avec de petits clous dits clous à lattes. Quelquefois les tuiles plates portent de petits rebords ou crochets qui dispensent de l'emploi de ces clous. Arrivé au falte, on recouvre la dernière rangée de chaque face du toit, avec des briques fattières, qu'on assujettit bien avec du mortier ou du plâtre.

Les tuiles creuses se placent par rangées, depuis le falte jusque sur le bord du toit, comme des gouttières. Les tuiles étant plus évasées d'un bout que de l'autre, peuvent s'enchâsser successivement, et se recouvrent ainsi sur les deux tiers de leur longueur; lorsqu'on en a posé deux rangées, on couvre l'intervalle qui les sépare, avec des tuiles semblables, mais renversées; de sorte que, lorsque le toit est entièrement couvert, il forme des rangées alternativement convexes et concaves. Les faîtières se font comme dans les autres toitures.

Le couvreur, lorsqu'il doit poser la toiture des tours et des clochers, sc sert d'une grosse corde nouée, dont les nœuds sont espacés de deux ou trois décimètres; il attache cette corde par un bout à une grosse pièce de bois de la charpente, fait passer l'antre bout en dehors, et se place lui-même et se soutient sur les nœuds de cette corde. Pour cela il attache à chacune de ses jambes un étrier de cuir, composé de deux jambiers retenus par des jarretières. Ces jambiers se réunissent à un crochet de fer qui s'accroche aux nœuds de la corde, et à la même corde on attache une sellette, sur laquelle le couvreur s'assied; et transportant tantôt le crochet des jambiers au nœud supérieur, ou au nœud inférieur le crochet qui supporte la sellette, il s'élève ou s'abaisse à volonté.

Pour poser des couvertures en tuiles ou en ardoises, les couvreurs montent sur les lattes qui leur servent d'escalier, ou sur des échelles garnies d'un rouleau de natte ou de paille, qu'ils attachent à la latte, et qu'ils posent à plat sur la couverture; ils marchent sur les barreaux de l'échelle, et sont ainsi moins sujets à glisser ou à casser les ardoises ou les tuiles par le poids de leur corps.

LENORMAND et MELLET.

CRABE. (Histoire naturelle.) Linné avait désigné sous cette dénomination un genre d'animaux qui comprenait un grand nombre d'espèces de CRUSTACÉS (Voyez ce mot); ce groupe a été de beaucoup restreint par les zoologistes modernes, et l'on n'y place plus qu'un petit nombre d'espèces, dont le type est le Cancer integerrimus Lamarck.

Milne Edwards, Histoire naturelle des Crustacés, dans les Suites à Buffon de Roret.

E. D.

CRABRON. (Histoire naturelle.) Fabricius avait créé sous le nom de CRABRON, Crabro, un genre d'insectes hyménoptères qui, pour les entomologistes modernes, est devenu, sous le nom de Crabronicus, une famille distincte, partagée en plusieurs groupes particuliers. Chez ces insectes, la tête est large et earrée, et les jambes sont plus ou moins déliées ou épineuses; presque toutes les espèces sont nuancées de jaune sur un fond plus ou moins noir, brun ou roussâtre.

Les crabrons à l'état d'insecte parfait vivent sur les fleurs; mais les larves sont carnassières et se nourrissent principalement d'insectes. Ces larves sont apodes. Les femelles creusent dans le sable ou dans des arbres pourris des trous où elles déposent leurs œufs; et pour que les jeunes larves qui doivent en sortir puissent vivre, elles placent én même temps dans chaque trou un insecte. Arrivées à leur entier accroissement, les larves se filent une petite coque soyeuse, et leur métamorphose s'opère bientôt. Presque toujours la même espèce de crabroniens, ou tout au moins le même groupe naturel, vit comme aux dépens d'une espèce particulière d'insectes, on d'un genre particulier. Ces insectes appartiennent à l'ancien continent, particulièrement aux parties méridionales de l'Europe et de l'Afrique.

Nous indiquerons comme type le CRABRON A GROSSE TÊTE, Crabro cephalates Fabricius, qui se trouve assez communément en Europe. Lepelletier de Saint-Fargeau, Histoire naturelle des Hymenoptères, dans les Suites à Buffon de Roret. E. DESMAREST.

CRACOVIE. Voyez. KRAKOVIE.

CRAG. (Géologie.) Il existe en Angleterre, dans les comtés de Norfolk et de Suffolk, un dépôt appartenant à la partie supérieure des terrains supercrétacés, vulgairement désigné sous le nom de crag. C'est une masse de puissance variable, composée de cailloux, de graviers, de sables et d'argile, qui contient une immense quantité de restes organiques, et dans laquelle les géologues anglais ont fait deux divisions: le crag rouge et le crag corallien.

Les roches de la première division, fortement colorées en rouge par le peroxyde de fer, contiennent une immense quantité de coquilles parmi lesquelles on a reconnu plus de deux cents espèces différentes, dont les plus caractéristiques sont les suivantes : Fusus con trarius, Murex alveolatus, Nassa granulata, Cypræa concinelloïdes, etc.

Le crag corallien doit son nom à la grande quantité de polypiers qui s'y trouvent, et dont les plus communs sont des Fasciculaires, des Cellépores et des Théonoas. Les roches sont des argiles verdâtres devenant

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