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putation de l'Hôtel-Dieu pour l'opération de la taille. Il mourut en 1777 et jusqu'en 1789 la taille continua à être pratiquée sans qu'il y ait rien de particulier à noter.

En 1789 le service des calculeux de l'Hôtel-Dieu fut désorganisé : « L'Assemblée nationale, dit M. Charpignon, « brisa le lien protecteur qui faisait dépendre de Louis« Philippe d'Orléans le service chirurgical fondé par son « père. » Et quoique les administrateurs aient voulu continuer ce service, il diminua beaucoup d'importance par suite de la transformation des provinces en départements. Les calculeux, au lieu de venir à Orléans où existait une salle spéciale, se rendirent au chef-lieu de leur département où chaque établissement hospitalier pouvait désormais les recevoir pour être opérés.

Dans ce long travail de M. Charpignon, l'esprit d'investigation que nous lui connaissons tous se montre à chaque page. Je discuterai cependant quelques-unes de ses conclusions. Ainsi M. Charpignon, comparant le nombre des opérations de taille, faites de 1731 à 1767 à l'Hôtel-Dieu d'Orléans avec le nombre de celles pratiquées à notre époque dans le même établissement, s'étonne beaucoup de la différence. Elle est grande en effet de 1731 à 1767 il y · a eu 304 tailles et de 1863 à 1875 on n'a opéré que 7 calculeux. M. Charpignon nous indique plusieurs causes de cette différence, il attribue uue grande importance, dans la diminution de l'affection calculeuse, aux améliorations apportées par l'hygiène dans les logements, les vêtements et l'alimentation. Mais M. Charpignon ne nous dit pas que maintenant le plus grand nombre des calculeux se font opérer en dehors de l'Hôtel-Dieu, et que ce nombre-là est insaisissable.

D'autre part notre collègue compare la période de 1731 à 1767 qui donne 202 enfants taillés à l'Hôtel-Dieu d'Or. léans avec la période de 1863 à 1875 qui ne donne qu'un

seul enfant opéré dans cet établissement. Il compare aussi la période ancienne avec celle de 1836 à 1842 qui à Paris donne 34 enfants sur 75 taillés. M. Charpignon explique encore par l'hygiène cette différence considérable. Qu'il me permette, comme réponse, de lui opposer deux statistiques contemporaines, celle de Saucerotte qui à l'hôpital de Lunéville comptait au commencement du siècle 1,195 enfants sur 1,564 opérés, et aussi celle de Pamard père qui sur 60 opérés comptait 25 enfants.

Enfin, abordant la comparaison des résultats de l'époque ancienne avec ceux des chirurgiens modernes, M. Charpignon nous dit : « Sur les 304 opérés, 228 ont guėri et 76 << sont morts. C'est une perte de 1 sur 4. Ces chiffres donnent « beaucoup à penser, car aujourd'hui, malgré le change<< ment de méthode opératoire et les soins meilleurs que << reçoivent les opérés, les guérisons ne sont pas plus << nombreuses, elles le sont même moins, ayant égard à la « statistique suivante que j'extrais du Bulletin de l'Aca« démie de médecine, 1843.

« Sur 75 taillés dans les hôpitaux de Paris, de 1836 à « 1842, enfants de 5 à 15 ans étant compris pour 34, le « nombre des guérisons a été de 47 et celui des morts de 28. « Pour donner la même proportion que celle de notre << registre, il aurait fallu 57 guérisons. »

Sans vouloir diminuer en rien la valeur de nos anciens chirurgiens d'Orléans, je vais essayer de prouver à notre savant collègue que l'on pratique maintenant la taille avec des résultats beaucoup plus heureux qu'au temps de Noël, de Delacroix et même de Leblanc. Voici à l'appui de mon dire plusieurs statistiques importantes. Saucerotte parle de 1,564 opérés avec 147 morts seulement. C'est 1 décès sur 15 opérés. Pamard nous donne l'histoire de la pratique lithotomique de son père; 60 opérations avec 5 morts. C'est 1 décès sur 12. Gross donne le résultat de 8,509 opé

rations avec 1,065 morts, c'est 1 décès sur 8 taillés. Thompson sur 1,827 cas de taille latérale pratiquée dans les hôpitaux d'Angleterre par divers chirurgiens a compté 229 morts ou 1 décès sur 8 opérations. De sorte qu'en prenant la moyenne de ces diverses statistiques on arrive à 1 décès sur 8 opérations; et M. Charpignon nous indique 1 sur 4. Et comme autre preuve de la supériorité des modernes, je demande à notre collègue d'apprécier un autre élément du problème, un élément considérable, l'âge. Sur les 202 enfants opérés de 1731 à 1767, il y a eu 142 succès complets, 24 fistules et 42 morts. C'est-à-dire 1 décès sur 3 opérations 1/2. Tandis que les statistiques donnent pour notre époque 1 décès sur 10 opérations. Celle de Thompson, le célèbre chirurgien anglais, est de 1 décès sur 16 opérations.

Messieurs, veuillez me pardonner tous ces chiffres; je devais ne pas les omettre afin d'établir avec rigueur les progrès accomplis par la chirurgie moderne pour la cure des calculeux. L'anatomie du périnée est connue de nos jours d'une manière précise, les instruments du lithotomiste sont tous perfectionnés; les soins hygiéniques sont meilleurs; la lithotritie est inventée. Et les calculeux n'auraient pas plus de chances de guérir qu'au temps de Noël! M. Charpignon ne le voudrait pas. Son travail a trop d'importance pour qu'il ne m'excuse pas d'avoir cherché à à renverser une pareille hérésie. J'aurais voulu, Messieurs, être plus bref, mais en présence du mémoire si plein d'érudition de notre collègue, il m'était impossible de ne pas l'étudier dans tous ses détails et s'il m'est permis d'exprimer toute ma pensée, je dirai que ces documents historiques sur l'opération de la taille à Orléans constituent une œuvre magistrale digne d'être consultée.

UNIVERSITÉ D'ORLÉANS

MAITRES GRAMMAIRIENS TENANT TUTELLE "

DOCTEURS EN MÉDECINE

Docteurs régents, Écoliers & Suppôts de l'Université

PRIVILÉGES GÉNÉRAUX

Par M. Eugène BIMBENET

Séance du 3 juin 1876.

Rapport verbal par M. l'Abbé DESNOYERS, le 1er février 1878.

VULGATE

Du procès-verbal de mise à exécution, par le garde de la Prévôté d'Orléans, des lettres patentes et arrêt du grand conseil privé du Roi, en date du 14 mars 1553, affranchissant, à l'égal des docteurs régents et écoliers, tous les officiers et serviteurs de l'Université d'Orléans, tous les maîtres de tutelles faisant profession de grammaire et arts libéraux et tous les docteurs en médecine exerçant dans la ville, de toutes tailles, de tous impôts, subsides et cotisations (2).

(1) Les mots: tenant tutelle sont synonymes de ceux: tenant pension; dans ces temps reculés, les Maîtres de pension étaient considérés comme les seconds pères des enfants qu'on leur confiait; on leur donnait le titre touchant de tuteur.

(2) L'acte du magistrat ne porte pas de date. Les blancs laissés dans le texte édité existent dans le texte original.

A tous ceux qui les présentes lettres verront, Jehan de Mareau, escuyer, licencié en lois, seigneur de Pully, conseiller du Roy nostre sire, garde de la Prévosté d'Orléans, conservateur des pryvileges Royaux de l'université du dict lieu, salut, scavoir faisons que, en la cause meue et pendant pardevant nous entre les recteurs, docteurs regens et non regens des facultés de droict canon et civil, maistres de tutelles approuvez faisans actuelle profession de grammaire et arz libéraulx, procureur général et Bedel général, scribe Bedeaux à masse des dix nations, garde de la librairie et libraire juré et veufves des docteurs, demandeurs et requérans l'exécution des lettres patentes et arrest donné par le Roy nostre sire en son pryvé conseil le 14 may dernier passé mil cinq cens cinquante troys, comparant par maistre Jehan Guyot, garnys de maistre Jehan Bindé leurs advocat et procureur, contre les eschevins, manans et habitans de la ville d'Orléans, comparant par maistre Pierre Goys garny de maistre Jehan Gaulcher aussi leur advocat et procureur et les manans et habitans, asséeurs (1) et collecteurs des tailles des cinquante mil hommes de pied des paroisses Sainct Benoist du Retour par Pierre Venon, l'un des de la dicte

taille en la dicte paroisse, garny de maistre Mathurin Julian (2) leur conseil, Sainct Pierre le Pullier (3) comparans par Maistre François Bernard; Sainct Maurice et l'aleu Sainct Mesmin, par Marin Loyseau l'un des collecteurs de la dicte paroisse, garny de Maistre Grosniez; nostre dame de bonnes nouvelles et Saincte Coulombe par cardinau Le Forestier; Sainct Flou par Estienne Fiteau et Jehan Chaulmon, garny de maistre Adrien Baudoyn leur procu

(1) Du verbe assedere: asseoir.

(2) La lettre a pour la lettre e.

(3) Saint-Pierre-le-Puellier, Sanctus-Petrus-Puellarum.

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