Avant le pampre du coteau.' Et je meurs! De sa froide haleine Et mon hiver s'est approché Quand mon printemps s'écoule à peine. Venait pleurer quand le jour fuit, Mon ombre un moment consolée." Il dit, s'éloigne... et sans retour! Sous le chêne on creusa sa tombe. Et le pâtre de la vallée Troubla seul du bruit de ses pas Le silence du mausolée. MADAME DESBORDES-VALMORE S'IL L'AVAIT SU S'IL avait su quelle âme il a blessée, Larmes du cœur, s'il avait pu vous voir, Ah! si ce cœur, trop plein de sa pensée, De l'exprimer eût gardé le pouvoir, Changer ainsi n'eût pas été possible; Fier de nourrir l'espoir qu'il a déçu, A tant d'amour il eût été sensible, S'il l'avait su. S'il avait su tout ce qu'on peut attendre Si j'avais su, moi-même, à quel empire LES ROSES DE SAADI 'AI voulu ce matin te rapporter des roses; J'A Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir. Les nœuds ont éclaté. Les roses, envolées La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir ! LE PREMIER AMOUR VOUS souvient-il de cette jeune amie, Au regard tendre, au maintien sage et doux? A peine, hélas! au printemps de sa vie, Son cœur sentit qu'il était fait pour vous. Point de serment, point de vaine promesse ; Et se livrait sans honte et sans combats. Elle a perdu son idole chérie ; Bonheur si doux a duré moins qu'un jour! LAMARTINE LE LAC AINSI, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour? O lac! l'année à peine a fini sa carrière, Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes; Sur ses pieds adorés. Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence, On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre "O temps, suspends ton vol! et vous, heures propices Suspendez votre cours! Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours! "Assez de malheureux ici-bas vous implorent: Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent; "Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m'échappe et fuit; Je dis à cette nuit: Sois plus lente; et l'aurore "Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive; Il coule, et nous passons!" Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur? Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace? Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez? O lac! rochers muets! grottes! forêt obscure! |