Beau chevalier qui partez pour la guerre, Qu'allez-vous faire Si loin de nous ? J'en vais pleurer, moi qui me laissais dire Que mon sourire TRISTESSE J'AI perdu ma force et ma vie, Et mes amis et ma gaîté; J'ai perdu jusqu'à la fierté Quand j'ai connu la Vérité, Et pourtant elle est éternelle, Dieu parle, il faut qu'on lui réponde; RAPPELLE-TOI (Vergiss mein nicht.) PAROLES FAITES SUR LA MUSIQUE DE MOZART. APPELLE-TOI, quand l'Aurore craintive RAPPER Ouvre au Soleil son palais enchanté ; Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive Passe en rêvant sous son voile argenté; A l'appel du plaisir lorsque ton sein palpite, Aux doux songes du soir lorsque l'ombre t'invite, Écoute au fond des bois Murmurer une voix : Rappelle-toi. Rappelle-toi, lorsque les destinées Songe à mon triste amour, songe à l'adieu suprême ! Rappelle-toi, quand sous la froide terre Sur mon tombeau doucement s'ouvrira. Une voix qui gémit: SOUVENIR J'ESPÉRAIS bien pleurer, mais je croyais souffrir O la plus chère tombe et la plus ignorée Où dorme un souvenir! Que redoutiez-vous donc de cette solitude, Les voilà, ces coteaux, ces bruyères fleuries, Les voilà, ces sapins à la sombre verdure, Les voilà, ces buissons où toute ma jeunesse, Ah! laissez-les couler, elles me sont bien chères, Je ne viens point jeter un regret inutile Dans l'écho de ces bois témoins de mon bonheur. Que celui-là se livre à des plaintes amères, Voyez ! la lune monte à travers ces ombrages. Ainsi de cette terre, humide encor de pluie, Sort mon ancien amour. Que sont-ils devenus, les chagrins de ma vie? 'Tout ce qui m'a fait vieux est bien loin maintenant; Et rien qu'en regardant cette vallée amie, Je redeviens enfant. O puissance du temps! ô légères années! Tout mon cœur te bénit, bonté consolatrice! Fût si douce à sentir. Loin de moi les vains mots, les frivoles pensées, Dante, pourquoi dis-tu qu'il n'est pire misère Qu'un souvenir heureux dans les jours de douleur? Quel chagrin t'a dicté cette parole amère, Cette offense au malheur? En est-il donc moins vrai que la lumière existe, Non, par ce pur flambeau dont la splendeur m'éclaire, Plus vrai que le bonheur, |