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X LIV.

D'une femme de fornication.

VOULEZ-VOUS encore difputer fur la proftituée que le Seigneur ordonna au prophète Ozée de prendre? Prenez une femme de fornication, et faites des enfans de fornication, &c. Je vous avoue que je fuis las de cette querelle, et qu'Ozée forniquera fans que je m'en mêle. Oui, Monfieur, qu'Ozée dife tant qu'il voudra qu'Ephraïm eft un âne, et qu'il a fait des préfens à fes amans: Onager folitarius fibi Ephraïm munera dedit amatoribus; (*) que le commentaire de Calmet cite Pline, felon lequel certains ânes commandent defpotiquement à des troupeaux d'âneffes, et coupent les tefticules de leurs ânons, en vérité cela ne doit pas troubler la paix des honnêtes gens.

X L V.

D'Ezechiel encore.

Vous infiftez toujours fur Ezechiel; vous fuppofez qu'il ne dormit fur le côté gauche 390 jours qu'en fonge, qu'il ne fe fit lier qu'en (*) Ozee, chap. VIII.

fonge, qu'il ne mangea, pendant plus d'un an, fon pain couvert d'excrémens qu'en fonge. Relifez donc le favant Calmet à qui vous vous en rapportez fi fouvent. Il eft du fentiment de St Jean Chryfoftôme, de St Bafile, de Théodoret et de tous ceux qui expliquent la chose au pied de la lettre. Si tout cela, dit-il, ne s'était fait qu'en vifion, en fonge, comment ce prophète aurait-il exécuté les ordres de DIEU? Il dit qu'il eft très-poffible qu'un homme demeure enchaîné et couché fur le côté trois cents quatre-vingt-dix jours; et il cite l'exemple d'un fou qui demeura lié et couché fur le même côté pendant quinze ans. Ezéchiel, comment. pag. 33, édit. de Paris.

XLVI.

Des prophètes encore,

MESSIEURS les juifs, je crois, comme mon ami, à toutes les prophéties; et je vous déclare que mon ami et moi nous y trouvons à chaque page le meffie que vous n'y trouvez jamais. Et vous, M. 'Guenée, fi vous êtes chrétien, je vous déclare que vous ne parviendrez pas à nous faire condamner comme errans dans la foi. Nous fommes foumis à toutes les décisions de l'Eglife, et nous fuppofons que

vous l'êtes auffi, mais vous manquez de charité.

Par ma foi, je crois que vous vous êtes trompé en tout. Par ma charité, je vous pardonne les accufations dont vous chargez mon ami, pourvu qu'elles n'aient point d'effet. Par mon espérance, je me flatte que vous viendrez à réfipifcence.

XLVII.

Accufation légère.

que

Vous accufez mon ami d'avoir dit le commun des Juifs apprit à lire et à écrire dans Babylone, et d'avoir dit ensuite que ce fut dans Alexandrie.

Si dans quelqu'un de fes ouvrages que je ne connais pas, quelque copiste ou quelque typographe a fauté une ligne et a mal placé le mot d'Alexandrie, il y a une malignité puérile à charger l'auteur d'une telle faute d'impreffion, et c'est ce qui vous arrive trop fouvent. Si cette erreur ne fe trouve pas chez mon ami, il y a une malignité d'homme fait à l'en accufer, et une grande perte de temps à fatiguer le public de ces misères. Une de nos grandes fottifes, à nous autres barbouilleurs de papier, c'eft de croire que le public prend le même

intérêt que nous aux inutilités qui nous

occupent.

XLVII I.

De l'ame et de quelques autres chofes.

JE vais entrer, autant que je le puis, dans la grande queftion qui intéreffe tous les hommes, et qui a partagé tous les philofophes depuis environ trois mille ans. Il s'agit de savoir fi

nous avons une ame

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ce que

c'eft

que cette ame, fi elle exifte avant nous de toute éternité dans le fein de l'être des êtres; fi elle exifte éternellement après nous; fi c'est par fa propre nature ou par une volonté particulière de fon créateur; fi elle eft une fubftance ou une faculté; s'il y a des différences spécifiques entre les ames, ou fi elles fe reffemblent toutes; fi elles tiennent une place dans l'espace; fi elles arrivent chez nous pourvues de pensées, ou fi elles ne pensent qu'à mesure, &c. &c. &c.

Mon ami et moi nous commençons par attefter le DIEU vivant, car ce grand objet eft digne d'une telle atteftation; nous le prenons, dis-je à témoin que nous croyons ce que nous enfeigne notre religion chrétienne. Nous vous le difons à vous, foit que vous foyez juifs pharifiens ou juifs faducéens, juifs allemands

ou juifs portugais; à vous, M. Guenée leur fecrétaire chrétien par hafard, foit que vous foyez thomifte, ou jansénifte, ou molinifte, ou frère morave fervant DIEU auprès d'Utrecht. Si vous me demandez ce que c'eft précisément qu'une ame, nous vous répondons ce que mon ami a dit tant de fois; nous n'en savons rien.

Il lève au ciel les yeux, il s'incline, il s'écrie: Demandez-le à ce DIE U qui nous donna la vie.

Mon ami a su par cœur tout ce que dit St Thomas d'Aquin dans fa Somme. Cet ange de l'école diftingue l'ame en trois parties, d'après les péripatéticiens; l'ame sensi ive, l'ame des fens, Pfyché dont Eros, fils d'Aphrodite, fut amoureux chez les Grecs; l'ame végétative, pneuma, fouffle, qui donne le mouvement à la machine; l'ame intelligente, nous, entendement; et chacune de ces parties eft cncore divifée en trois autres. Ainfi péripatétiquement parlant, cela composerait neuf ames, à bien compter.

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Long-temps avant lui, St Irénée, dans fon livre V, chap. VII, dit que l'ame n'eft incorporelle que par comparaifon avec le corps "mortel, et qu'elle conferve la figure de ,, l'homme, après la mort, afin qu'on la "reconnaisse. "

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