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au révérend évêque d'Oxfort, dit qu'il n'a jamais pu digérer l'hiftoire des hémorrhoïdes du peuple philiftin et des cinq anus d'or ; encore moins, dit-il, l'histoire de cinquante mille foixante et dix bethfamites morts de mort fubite pour avoir regardé l'arche. Il dit, dans fon pamphlet, qu'il avait autrefois, ainfi que fa grandeur l'évêque d'Oxfort, un furieux penchant pour le texte hébreu ; mais que fa grandeur et lui en font bien revenus. Ce pamphlet irlandais eft affez curieux; M. Kennicot se dit de l'académie des infcriptions de Paris, quoiqu'il n'en foit pas : il propose une souscription d'environ fix centsm ille livres fterling qu'il dit à moitié remplie, à Paris chez Saillant, à Rome chez Monaldini, à Venife chez Pafquali, et à Amsterdam chez Marc-Michel Rey. Ainfi, Meffieurs, s'il vous plaît de lire cet ouvrage, et fi vous demeurez en effet auprès d'Utrecht, adreffez-vous à Marc-Michel, vous aurez parfait contentement. Vous verrez le systême complet de M. Kennicot fur la manière dont les Philiftins furent affligés, in fecretiori parte natium, dans la plus fecrète partie des feffes. Vous y verrez pourquoi les feffes des Philiftins furent punies plutôt qu'une autre partie de leur corps pour avoir pris l'arche, et par quelle raifon cinquante mille foixante et dix ifraélites moururent d'apoplexie pour l'avoir

regardée lorfque deux vaches vinrent la rendre de leur plein grẻ.

Vous avez fans doute étudié l'anatomie ; vous jugerez de l'opinion de M. Kennicot fur l'art que les orfèvres philiftins employèrent pour fabriquer des anneaux d'or qui reffemblaffent parfaitement à la plus fecrète partie des feffes. Cela fera prefqu'auffi utile au genrehumain que tout ce que nous avons dit jufqu'ici.

X X V I I.

Si Ifraël fut tolérant.

NON, Monfieur, ou Meffieurs, mon ami n'a jamais prétendu que les Juifs aient été les plus tolérans, les plus humains de tous les hommes. Il a prétendu, il a prouvé que ce peuple fut tantôt indulgent et facile, tantôt barbare et impitoyable, qu'il a été très-inconféquent comme l'ont été tant d'autres peuples. Vous ne niez pas que les Juifs n'aient été auffi loups, auffi panthères que nous l'avons été dans notre Saint-Barthelemi, et dans les troubles du temps de Charles VI. Les frères Juifs maffacrèrent une fois de gaieté de cœur vingt-trois mille frères, et une autre fois vingt-quatre mille, et une autre fois, s'il

m'en fouvient, quatorze mille neuf cents cinquante dans la querelle d'Aaron avec Coré. Cela prouve affez que le peuple juif était prompt à la main. Vous m'accorderez auffi qu'il fut d'autres fois très - accommodant fur le culte. Il fut tolérant quand on adora Rium et Remphan dans le défert pendant quarante années, (malgré les affreux affaffinats de tant de frères égorgés par d'autres frères.) Il fut très-tolérant quand le fage Salomon fut idolâtre. Ifraël fut très-tolérant quand Jeroboam fit ériger deux veaux d'or, pour l'emporter fur Aaron qui n'en avait autrefois érigé qu'un. Jérémie, toujours infpiré de DIEU, ne fut-il pas le plus tolérant des hommes, quand il prêchait au nom de DIE U qu'il fallait reconnaître Nabuchodonofor pour bon ferviteur de DIEU; quand il criait que DIE U avait donné tous les royaumes de la terre à son serviteur, à fon oint, à fon meffie Nabuchodonofor, et qu'il fe mettait un joug, ou fi l'on veut un bât fur le cou pour le prouver ?

Ne foyez pas surpris de ces difparates, de ces contrariétés éternelles du pauvre peuple de DIEU; c'eft l'hiftoire du genre-humain. Les nations qui entouraient la petite horde juive s'appelaient toutes peuple de DIEU. Leurs villes s'appelaient ville de DIEU, et font encore nommées ainfi ; leurs habitans

étaient auffi inconftans, auffi fuperftitieux que les Juifs. Tutto il mondo e fatto come la famiglia noftra. Et vous-mêmes, Meffieurs, n'êtes-vous pas auffi inconftans que les anciens Ifraélites, quand dans une lettre vous faites des complimens à mon ami, et que dans une autre vous l'accablez d'injures et de calomnies ? Moi qui vous parle, je fuis auffi faible, auffi changeant que vous. Tantôt je prends férieusement vos citations, vos raisonnemens, votre malignité; tantôt j'en ris. Quel eft le résultat de toute difpute? c'eft que nous nous battons de la chappe à l'évêque.

Encore un mot, mes chers Juifs, fur la tolérance. Quoique vous foyez très-piqués contre le nouveau testament, je vous conjure de lire la parabole de l'hérétique famaritain qui fecourt et qui guérit le voyageur bleffé, tandis que le prêtre et le lévite l'abandonnent. Remarquez que JESUS très-tolérant prend l'exemple de la charité chez un incrédule, celui de la cruauté chez deux docteurs.

XX VII I.

Jufles plaintes et bons confeils.

Je viens de vous dire, Monfieur, ou Meffieurs, que je ris quelquefois des calomnies atroces que vous vous êtes permis de recueillir et de répéter contre mon ami; soyez perfuadé que je n'en ris pas toujours. Vous lui imputez je ne fais quelles brochures intitulées Dictionnaire philofophique, Questions de Zapata, Dîner du comte de Boulainvilliers, et vingt autres ouvrages un peu trop gais, à ce qu'on dit. Je fuis très-sûr et je vous atteste qu'ils ne font point de lui; ce font des plaifanteries faites autrefois par de jeunes gens. Il y a bien de la cruauté (je parle ici sérieufement) à vouloir charger un homme accablé de foins et d'années, un folitaire presqu'inconnu, un moribond, des facéties de quelques jeunes plaisans qui folâtraient il y a quarante ans. Vous prétendez le brouiller avec M. Pinto pour lequel il eft plein d'eftime; vous espérez lui faire intenter un procès criminel par des fanatiques vous perdez votre peine; il sera mort avant qu'il foit ajourné, et s'il eft en vie il confondra les calomniateurs.

Il eft vrai que vous paraiffez avoir beau jeu dans la guerre offenfive que vous faites ; vous

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