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avez pris pour des philofophes de miférables charlatans, difeurs de bonne et mauvaise aventure, des Zingari qui s'intitulaient Chaldéens. mathématiciens; nous avons dans le code la loi de mathematicis ex urbe expellendis. C'étaient des prophètes de fédition qui prédisaient la mort des empereurs ; c'étaient des forciers qui paffaient chez quelques méchans et quelques ignorans pour donner cette mort par les fecrets de l'art. Notre France fut infectée de ces genslà du temps de Charles IX et de Henri III. Les philofophes étaient Montagne, Charon, le chancelier de l'Hofpital, le président de Thou, le confeiller Dubourg. Les philofophes de nos jours font des hommes d'Etat éloignés également de la fuperftition et du fanatifme; des citoyens illuftres profondément inftruits, cultivant les fciences dans une retraite occupée et paifible; des magiftrats d'une probité inaltérable, fi fupérieurs à leurs emplois qu'ils favent les quitter avec autant de férénité que s'ils allaient avec leurs amis, venafranos in agros aut lacedemonium tarentum.

Ces philofophes font tolérans ; et vous êtes bien loin de l'être, vous qui employez toutes fortes d'armes contre un vieillard ifolé, mort au monde, en attendant une mort prochaine; contre un homme que vous n'avez jamais vu, qui ne vous a jamais pu offenfer. Pourquoi

faites-vous contre lui trois volumes? pourquoi' dans ces trois volumes toutes ces ironies continuelles, toutes ces accufations, toutes ces calomnies ramaffées dans la fange de la littérature, et dont certainement vous n'auriez point fait ufage fi vous aviez confulté votre cœur et votre raison. Otez ce fatras énorme d'outrages, il ne reftera pas vingt pages en tout; et de ces vingt pages ôtez les chofes dont aucun honnête homme ne fe foucie aujour d'hui, il ne reftera rien.

O quantum eft in rebus inane!

X X I I.

Formule de prière publique.

MON ami a remarqué hiftoriquement que, depuis la pâque célébrée dans le défert après la fabrication du tabernacle, il n'est parlé d'aucune autre pâque ; que la circoncifion ne fut point connue dans le défert pendant quarante ans, que nulle grande fête légale n'eft marquée, qu'on ne trouve dans l'ancien teftament aucune prière publique commune, femblable à notre oraifon dominicale, et que la Mifna nous apprend feulement qu'Efdras en inftitua une. Tout cela eft auffi vrai qu'indifférent. Pourquoi y trouvez-vous de la fauffeté

et de la mauvaise volonté ? Si mon ami a mal dit, rendez témoignage du mal. S'il a bien dit, pourquoi l'injuriez-vous ?

ΧΧΙΙΙ.

Defenfe de fculpter et de peindre.

Vous avancez formellement que la loi de DIEU ne défend pas abfolument de faire aucune image, aucun fimulacre, mais d'en faire pour les adorer. Je pense que vous vous trompez, Meffieurs. Je ne fais rien de fi pofitif que ces paroles de l'Exode: Vous ne ferez point ,, d'image taillée, ni aucune représentation de , ce qui eft fur le ciel en haut, ni fur la terre › en bas, ni de ce qui eft dans les eaux.››

Ce n'eft qu'après ces paroles qu'il eft dit : "Vous n'adorerez point cela; vous n'adorerez › ni le ciel, ni la terre, ni l'eau : car je suis ,, le Dieu fort, le Dieu jaloux. "'

Si après cet ordre fi précis, Moïse lui-même érigea un ferpent d'airain, il semble qu'il fe difpenfa de fa loi. Si le roi Ezéchias fit brûler ce serpent comme un monument d'idolâtrie, il paraît qu'il fut bien ingrat envers un animal qui avait guéri fes ancêtres mordus par de vrais ferpens dans le défert. Il faut demander ce qu'on en doit penser aux chanoines de Milan qui ont ce ferpent d'airain dans leur église.

XXIV.

X XIV.

De Jephté.

ou

Vous avez beau faire, Monfieur, Meffieurs, vous ne ferez jamais accroire à perfonne qu'on doive entendre en votre fens ces paroles de Jephté aux Ammonites : Ce que votre dieu Chamos vous a donné ne vous appartient-il pas de droit ? fouffrez donc que nous prenions ce que notre dieu s'eft acquis. Vous croyez qu'elles fignifient: Ce que vous prétendez qu'on vous a donné ne vous appartient-il pas? donc tout nous appartient.

Ne tordons point les textes, ne dénaturons point le fens des paroles: c'est un pot à deux anfes, dit un grave auteur, chacun tire à soi, le pot fe caffe, les difputans se jettent les morceaux à la tête.

X X V.

De la femme à Michas.

NON, vous ne ferez jamais accroire à perfonne que la femme à Michas (d) ait bien fait d'acheter des idoles, et de payer un chapelain d'idoles; que la tribu de Dan, n'ayant

(d) Voyez dans les Juges l'hiftoire de la femme à Michas. Mélanges hift. Tome II. * E

point affez pillé dans le pays, ait bien fait de voler les idoles et le chapelain de la femme à Michas; et que le chapelain ait bien fait de bénir cette tribu de voleurs, quand elle eut ravagé je ne fais quel village qu'on nommait, dit-on, Laïs; (beau nom chez les Grecs) qu'un petit-fils du divin Moïse, nommé Jonathan, ait bien fait d'être grand aumônier des idoles de ces voleurs. Un petit-fils de Moïfe! jufte Dieu ! premier chapelain d'une tribu idolâtre ! C'est bien pis que de foutenir dans un village auprès d'Utrecht, que les cinq propofitions ne font pas dans Janfénius; car en conscience je ne crois pas qu'il y ait le moindre mal à penser que certains mots font ou ne font pas dans Janfenius; mais je crois que le petit-fils de Moïse était un vaurien, et qu'on dégénère fouvent dans les grandes maisons.

X X V I.

Des cinquante mille foixante et dix juifs morts de mort fubite.

Vous ne ferez jamais accroire que le nombre cinquante mille foixante et dix ne faffe pas 50070. Je fais bien que le docteur irlandais Kennicot, dans fon pamphlet dédié, en 1768,

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