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X VI I.

Animaux immondes.

Nous ne ferons pas d'accord, Meffieurs les juifs, fur la notion du droit divin: nous appelons droit divin tout ce que DIEU a ordonné ainfi nos bénéficiers ont dit que leurs dixmes font de droit divin, parce que DIEU même vous avait ordonné de payer la dixme à vos lévites. Nous appelons les devoirs communs de la fociété le droit naturel.

Où avez-vous pris qu'il y ait un ton railleur à dire : DIEU défendit qu'on fe nourrît de poiffons fans écailles, de porcs, de lièvres, de hériffons, de hiboux ? Comment avez-vous trouvé un ton dans des paroles écrites ? où est la raillerie? Hélas! vous voulez railler; vous parlez de Zaïre et d'Olimpie, quand il est queftion des griffons & des ixions, animaux inconnus dans nos climats, dont il vous fut ordonné de vous abftenir dans le vôtre. Vous reprochez à mon ami d'avoir dit que les griffons et les ixions juifs doivent être mis au rang des monftres, et que ce font des ferpens ailés avec des ailes d'aigles; il n'a jamais dit cela, Monfieur, et il eft incapable d'avoir écrit qu'on eft ailé avec des ailes.

Je ne regarde pas votre méprise comme une de ces calomnies cruelles que vous avez eu le malheur de copier dans votre livre : vous avez vu apparemment cette phrase dans une des mille et une brochures qu'on a faites contre mon ami, et vous la répétez au hafard: je vous jure, Monfieur, qu'elle n'eft pas de lui.

X VII I.

Des cochons.

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Qui que vous foyez, où juif ou chrétien, ou amalécite ou récabite, ou habitant d'Utrecht ou docteur de la rue Saint-Jacques, vous êtes un favant homme, vous avez beaucoup lu vous faites ufage de vos lectures; il y aurait plaifir à s'inftruire avec vous ; nous ferions gloire d'être vos écoliers, mon ami et moi, fi vous aviez un peu plus d'indulgence.

Vous parlez très-bien de la bonne chère des juifs : il est vraisemblable que le petit falé aurait été mal fain dans les déferts de la baffe Sirie et de l'Arabie pétrée. Vous nous auriez encore donné de nouvelles inftructions fi vous nous aviez appris pourquoi les Egyptiens, fi antérieurs à la loi juive, ne mangeaient point de cochon. Vous nous rendriez un nouveau service fi vous nous difiez comment les juifs,

qui font tout le commerce de la Vestphalie, pays affez froid, où l'on ne fe nourrit que de porc, n'ont pu obtenir quelque dispense de

leurs rabbins.

Ne vous eft-il pas arrivé la même chofe qu'à nos minimes ? Le bon Martorillo (St François de Paule), leur ordonna de manger tout à l'huile en Calabre, où l'huile eft la nourriture des pauvres : ils fuivent par humilité cette loi en Allemagne où l'huile eft un mets recherché, et où un tonneau d'huile coûte plus de quatre tonneaux de vin. Vous nous auriez prouvé qu'il faut que tout moine obéiffe à fon fondateur. C'est ainfi que les musulmans, à qui Mahomet défendit le vin dans les climats brûlans de l'Arabie, n'en boivent point dans le climat froid de la Crimée.

A l'égard du lièvre dont il ne vous eft pas permis de manger, parce qu'il rumine et qu'il n'a pas le pied divifé, quoiqu'en effet il ait le pied très-divifé et qu'il ne rumine point, ce n'eft qu'une petite méprise. M. le pasteur du Bourg-Dieu a dit que ce n'eft pas là où gît le lièvre : fi ce n'eft pas Bourg-Dieu qui l'a dit, c'est un autre.

X I X.

Peuples difperfés.

Vous dites dans le même endroit que les Juifs font reftés les feuls des anciens peuples, &c. et qu'ils triomphent des fiècles; mais les Arabes, beaucoup plus anciens qu'eux, fubfiftent en corps de peuple, et habitent encore un vafte pays qu'ils ont toujours habité. Les Egyptiens font en Egypte fous le nom de Cophtes, et n'ont oublié que leur langue. Les Brachmanes, fubjugués par ceux qu'on appelle Maures, ont confervé leurs lois, leurs rites, et même la langue de leurs premiers pères. Les Parfis, dispersés comme les Juifs et autrefois dominateurs des Juifs, font auffi attachés qu'eux à leurs ufages antiques, et espèrent toujours, comme eux, une révolution. Les Chinois, tout fubjugués qu'ils font par les Tartares, ont foumis leurs vainqueurs à leurs lois : on ne peut plus dire aujourd'hui Græcia capta ferum victorem cepit, comme Horace le difait à Augufte; mais enfin il y a plus de cent mille grecs dans la feule ville de Stamboul; Athènes, Lacédémone,. Corinthe et l'Archipel font encore peuplés de grecs; et pour parler des petites nations, les Arméniens afservis font le

commerce, comme les Juifs, dans toute l'Afie, et ne s'allient communément qu'entre eux, ainfi que les Cophtes, les Brames, les Banians, les Parfis et les Juifs. Tous les peuples qui exiftent triomphent des fiècles.

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X X.

Ordres de tuer.

DANS votre lettre troifième, Monfieur, où vous faites un magnifique éloge de l'intolérance vous avez oublié de citer le fameux paffage du Deutéronome. S'il s'élève parmi vous un prophète qui ait vu et qui ait prédit un figne et un prodige, et fi fes prédictions font accomplies, et s'il vous dit: Allons, fuivons des dieux étrangers, &c....que ce prophète....foit maffacré... Si votre frère fils de votre mère, ou votre fils, ou votre fille, ou votre femme qui eft entre votre bras, ou votre ami que vous chériffez comme votre ame, vous dit Allons, fervons des dieux étrangers ignorés de vous et de vos parens, égorgez-le fur le champ, frappez le premier coup, et que le peuple frappe après vous.

Vous avez frémi, Monfieur, fi vous êtes chrétien, vous avez tremblé que vos Juifs, dont vous vous êtes fait fecrétaire, n'abufaffent contre les chrétiens de ce paffage terrible.

En

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