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TRENTE-DEUXIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR LA POPULATION DE L'ANGLETERRE.

LE chevalier Petti a prouvé qu'il faut les circonftances les plus favorables, pour qu'une nation s'accroiffe d'un vingtième en cent années; et ce calcul fait voir le ridicule de ceux qui peuplent la terre à coups de plume, et qui couvrent le globe d'habitans en un fiècle ou deux. Le libellifte demande comment l'Angleterre a un tiers de plus de citoyens depuis la reine Elifabeth? On répondra à cet homme que c'eft précisément parce que l'Angleterre s'eft trouvée dans les circonftances les plus favorables; parce que des allemands, des flamands, des français font venus en foule s'établir dans ce pays; parce que foixante mille moines, dix mille religieuses, dix mille prêtres féculiers, de compte fait, ont été rendus à l'Etat et à la propagation; et parce que la population a été encouragée par l'aifance. Il eft arrivé à ce royaume le contraire de ce que nous voyons dans l'Etat du pape, et en Portugal. Gouvernez mal votre baffecour, vous manquerez de volaille; gouvernezla bien, vous en aurez une quantité prodigieufe. Oifons qui écrivez contre ces vérités

utiles, puiffe la baffe-cour où vous êtes engraiffés aux dépens de l'Etat, n'être plus remplie que de volatiles néceffaires!

TRENTE-TROISIEME SOTTISE DE NONOTTE, SUR L'AMIRAL DRACKE.

Vous faites le favant, Nonotte: vous dites, à propos de théologie, que l'amiral Dracke a découvert la terre d'Yeffo. Apprenez que Dracke n'alla jamais au Japon, encore moins à la terre d'Yeffo; apprenez qu'il mourut en 1596, en allant à Porto-bello. Apprenez que ce fut quarante-huit ans après la mort de Dracke que les Hollandais découvrirent les premiers cette terre d'Yeffo en r644. Apprenez jufqu'au nom du capitaine Martin Jéritfon, et de fon vaiffeau qui s'appelait le Caftrécom. Croyez-vous donner quelque crédit à votre théologie en fefant le marin? vous êtes également ignorant fur terre et fur mer; et vous vous applaudiffez de votre livre, parce que vos bévues font en deux volumes.

TRENTE QUATRIEME SOTTISE DE

NONOTTE, SUR LES CONFESSIONS

AURICULAIRES.

EN vérité, vous n'entendez pas mieux la théologie que l'hiftoire de la marine. L'auteur de l'Effai fur les mœurs a dit que, felon St Thomas d'Aquin, il était permis aux féculiers de confeffer dans les cas urgens, que ce n'est pas tout à-fait un facrement, mais que c'est comme un facrement. Il a cité l'édition et la page de la Somme de St Thomas; et là-deffus vous dites que tous les critiques conviennent que cette partie de la Somme de St Thomas n'eft pas de lui et moi je vous dis qu'aucun vrai critique n'a pu vous fournir cette défaite. Je vous défie de montrer une feule Somme de Thomas d'Aquin où ce monument ne fe trouve pas. La Somme était en telle vénération qu'on n'eût pas ofé y coudre l'ouvrage d'un autre. Elle fut un des premiers livres qui fortirent des preffes de Rome dès l'an 1474; elle fut imprimée à Venife en 1484. Ce n'eft que dans des éditions de Lyon qu'on commença à douter que la troifième partie de la Somme fut de lui; mais il eft aifé de reconnaître fa méthode et fon ftyle qui font abfolument les mêmes.

Au refte, Thomas ne fit que recueillir les opinions de fon temps, et nous avons bien d'autres

d'autres preuves que les laïques avaient le droit de s'entendre en confeffion les uns les autres; témoin le fameux paffage de Joinville, dans lequel il rapporte qu'il confeffa le connétable de Chypre. Un jéfuite du moins devrait favoir ce que le jéfuite Tolet a dit dans fon livre de l'inftruction facerdotale, livre I, chapitre XVI: Ni femme ni laïque ne peut abfoudre fans privilége. Nec fæmina nec laïcus abfolvere poffunt fine privilegio. Le pape peut donc permettre aux filles de confeffer les hommes.

Il faut inftruire ici Nonotte de cette ancienne coutume de fe confeffer mutuellement. Il fera bien étonné quand il apprendra qu'elle vient de la Syrie; il faura que les Juifs mêmes fe confeffaient les uns aux autres, dans les grandes occafions, et fe donnaient mutuellement trenteneuf coups de fouet fur le derrière en récitant ún verfet du pfaume 77.

Il ferait bon que Nonotte fe confefsât ainfi de toutes les petites calomnies dont il eft coupable.

On pourrait faire plus de cent remarques pareilles; mais il faut fe borner.

Si tu n'avais été qu'un ignorant, nous aurions eu de la charité pour toi; mais tu as été un fatirique infolent, nous t'avons puni.

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ADDITIONS

AUX OBSERVATIONS

Sur le libelle intitulé: Les Erreurs de M. de
Voltaire, par M. Damilaville.

L'AUTEU

'AUTEUR de l'Effai fur les mœurs a daigné réfuter les bévues du libelle concernant l'Effai fur les mœurs, et a négligé ce qui lui eft perfonnel. L'amitié et l'équité m'engagent à fuppléer à ce que M. de Voltaire a dédaigné de dire.

L'auteur de ce libelle, pages 20, 21 et 29 de fon difcours préliminaire, dénonce quatre contradictions, dans lefquelles, dit-il, M. de Voltaire a donné, fans compter une infinité d'autres qu'il ne défigne point.

Sans doute que celles qu'il a citées font les mieux conftatées, fans doute que l'illuftre folliculaire qui a tant applaudi à cette critique, s'eft affuré qu'elle était judicieufe; qu'il a verifié les paffages dans le texter, et qu'il a reconnu qu'en effet ils contenaient les contradictions indiquées par l'auteur dont il est l'apologifte. C'eft ce que nous allons voir.

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